Lutte contre les déserts médicaux : 43 députés dont 7 d'Occitanie implorent Olivier Véran d'interdire les installations de médecins sur les zones surdotées

  • Les députés proposent des solutions d'urgence au ministre de la Santé pour freiner la problématique des déserts médicaux.
    Les députés proposent des solutions d'urgence au ministre de la Santé pour freiner la problématique des déserts médicaux. DDM - DDM
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l'essentiel La fièvre monte jusqu'à l'Assemblée Nationale sur la question des déserts médicaux où 43 députés dont 7 d'Occitanie, avec en tête la députée du Tarn Muriel Roques-Etienne, ont cosigné un courrier à l'adresse d'Olivier Véran. Leur constat est sévère et l'ordonnance qu'ils envoient en urgence au ministre de la Santé pour le moins drastique.

La question des déserts médicaux agite bien des campagnes françaises et touche désormais de plus en plus de villes moyennes. Le Tarn n'est pas à l'écart de cette inquiétude grandissante. On en veut pour preuve le récent échange qui a vu le maire de Murat-sur-Vèbre, Daniel Murat, débattre avec le Docteur Etienne Moulin, sur le sujet de la téléconsultation augmentée lors de la dernière session du conseil départemental. Le manque de médecins crée aussi pas mal de remous au sein de la patientèle graulhétoise qui enregistre de nombreux départs de professionnels non compensés. Mardi, c'est même le secrétaire général de la CGT81, Patrick Guiraud, qui se saisissait, du sujet, au matin de la manifestation nationale relayée dans les rues d'Albi et de Castres. Autant dire qu'il y a un sujet politique à côté duquel la députée de la première circonscription du Tarn, Muriel Roques-Etienne, ne voulait pas passer. Avec 42 de ses collègues de l'Assemblée Nationale, dont le député de la 3e circonscription du Tarn, Jean Terlier, et 5 autres députés d'Occitanie, elle a cosigné un courrier adressé ce mardi 5 septembre au ministre de la Santé, Olivier Véran. 

Un constat cinglant

Dans leur missive, les députés font un constat cinglant : "La désertification médicale dans les zones rurales et les villes moyennes ne cesse de  progresser. Nous sommes, dans nos circonscriptions, de façon quasi quotidienne interpellés par  les citoyens, les élus, les membres de la communauté médicale et paramédicale, sur les  difficultés que tous rencontrent à faire venir s’installer des médecins généralistes et spécialistes.  L’accès à la médecine de ville par les habitants de ces territoires défavorisés, qu’ils soient ruraux  ou en quartiers prioritaires de la ville (QPV), devient difficile, critique, voire impossible. La continuité des soins s’en trouve  altérée, tout comme la valeur symbolique du Serment d’Hippocrate prêté par les jeunes  médecins." 
Et de conclure sur la réalité du terrain : "Concrètement, dans nos départements, la patientèle de certains bassins de vie reporte  ses soins plus que de raison et se déporte vers d’autres bassins de vie voisins qui, petit à petit, se  retrouvent exsangues. C’est ainsi que, grain par grain, progresse le désert médical de notre pays."
Les députés insistent aussi sur l'urgence de cette problématique : "En matière d’attractivité médicale des zones rurales et des QPV, toutes les mesures incitatives ont été proposées aux médecins. Les mesures ambitieuses que  nous avons adoptées (réorganisation des études de santé, levée du numerus clausus, infirmerie  en pratique avancée…) n’auront, elles, des effets que dans 10 ans. Or l’urgence est de pouvoir  soigner les habitants de nos territoires non pas demain mais dès aujourd’hui." 

Pas de chiffon rouge, mais des interdictions

Selon eux, il existe pourtant une voie qui n'a pas été assez explorée par le ministre de la Santé pour tenter de résoudre une partie du problème : " L’obligation d’installation est un chiffon rouge que  tous refusent et nous ne pouvons être sourds face à cet avis tranché. En revanche, et nous avons  déjà pu sonder nombre de médecins sur cette proposition qui l’accueillent favorablement, la  définition par les délégations départementales des ARS de zones, à l’échelle des intercommunalités, surdotées avec interdiction de nouvelle installation dessus, comme cela  existe déjà chez les kinésithérapeutes ou infirmiers, leur apparaît bien plus acceptable et  semble être en mesure de permettre d’atteindre assez rapidement l’objectif de résorption des  déserts médicaux avérés ou en cours de constitution."
Les 43 députés ajoutent une autre proposition : "Une relative dose de coercition dans l’accueil de stagiaires par tous les médecins, notamment en milieu hospitalier mais aussi dans les  territoires en voie de désertification, doit aussi pouvoir être introduite afin de convaincre, par  l’expérience, nos futurs médecins de l’intérêt d’exercer dans ces zones." Et de conclure, implorant le ministre : "Sur ce sujet, nous vous conjurons de faire évoluer votre position en étudiant cette  nouvelle logique, en vous plaçant du point de vue des patients et de l’opinion publique qui nous semble être majoritaire et dans le vrai quant à cette proposition que certains de nos adversaires  politiques n’hésitent désormais plus à agiter pour déstabiliser les territoires concernés à la veille  d’une séquence politique dont nous dépendons tous." 

Les 7 députés d'Occitanie cosignataires du courrier sont : Muriel ROQUES ETIENNE, députée LREM du Tarn; Corinne VIGNON, députée LREM de Haute-Garonne;  Alain PEREA, député LREM de l’Aude; Elisabeth TOUTUT-PICARD, députée LREM de Haute-Garonne; Patrick VIGNAL, député LREM de l’Hérault; Jean TERLIER, député LREM du Tarn; Huguette TIEGNA, députée LREM du Lot.

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Les commentaires (41)
Albert31800 Il y a 2 années Le 07/10/2021 à 12:11

Comment veulent-ils justifier cette ''idée'' ? Il y a des hôpitaux qui ont des postes vacants, mais les autorités ne peuvent pas y affecter des médecins fonctionnaires de la fonction publique hospitalière. .. simplement parce que ces médecins ne veulent pas de ces postes. Alors comment/pourquoi on pourrait contraindre des médecins à s'installer obligatoirement dans des ''déserts'' simplement parce qu'ils sont des non-fonctionnaires?

Duck31 Il y a 2 années Le 07/10/2021 à 07:37

Interdire, l'obsession des impuissants. Victimiser les médecins, quelle idée stupide!
Au delà d'un certain plafond en secteur 1, dans un territoire donné , l'assurance maladie ne devrait plus conventionner avec des médecins en secteur 1. Dissuader plutôt que d'interdire, un peu de raison.
Pourquoi ne demandent ils pas des comptes aux sénateurs qui se prétendent les représentants des espaces ruraux en les abandonnant.

Mangecoustelles Il y a 2 années Le 06/10/2021 à 19:53

.Entièrement d'accord. N'oublions pas que c'est Nous, le Peuple de France qui payons les études de ces futurs mandarins qui vont par la suite ruiner la Sécu. Il serait donc absolument normal qu'à la fin de leur cursus, ces mêmes personnes soient obligées d'aller combler un poste de médecin vacant en province et dans les campagnes. C'est absolument intolérable de voir ce qu'est devenue la médecine en France.

nelbru Il y a 2 années Le 06/10/2021 à 22:17

Faut pas rêver.... ils n'en ont que faire......!!!!

Paulo01 Il y a 2 années Le 07/10/2021 à 07:03

Mangecoustelles ou la nostalgie de l'esclavagisme😄

Duck31 Il y a 2 années Le 07/10/2021 à 09:31

Il font pâle figure vos mandarins réduits aux téléconsultations sur une plate forme en Asie ou en Tunisie.

Virmelv Il y a 2 années Le 09/10/2021 à 23:04

Vous êtes drôle vous. Les études soit disant payées par vos impôts ils les remboursent pendant leur internat où ils accumulent des heures en étant payés une misère. Quand aux médecins qui ruinent la sécu c'est exactement ce que Mitterrand pensait, il a ainsi diminué drastiquement le numérus clausus qui fait qu'aujourd'hui il n'y a plus assez de médecins ! Le nombre de médecins formés actuellement est remonté et est quasi le même qu'avant Mitterrand mais avec une population bien plus importante...Sans compter que le métier se féminise et les femmes médecins décident elles d'avoir une vie de famille, est ce trop dur à comprendre ? Ils devraient être corvéables à merci c'est ça?
Vous devriez vous en prendre aux politiques pas aux médecins.