18 janvier 2022
Cours d'eau dans le Vercors
CR - Cerema
Le coût de l’inaction face au changement climatique est un élément du Plan Climat Air Energie Territorial initié par la loi pour la croissance verte de 2015. La méthode simplifiée d’évaluation, explicitée par le Cerema dans un rapport méthodologique, a fait l’objet d’une consultation auprès des différents acteurs.

Dans le cadre de la mise en œuvre du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET), les collectivités doivent définir une stratégie d’adaptation au changement climatique dans laquelle les conséquences socio-économiques du changement climatique, intégrant le coût de l’action et de l’inaction, doivent être évaluées [1].

 

Une vision prospective des vulnérabilités du territoire

Il s’agit donc d’une obligation réglementaire intégrée au code de l’environnement, mais qui est aussi une occasion pour le territoire de se doter d’un outil d’aide à la décision dans le cadre des politiques publiques, pour mieux intégrer les enjeux d’adaptation au changement climatique. 

La Direction générale de l'énergie et du climat (DGEC) a sollicité le Cerema pour proposer une méthodologie simple permettant aux collectivités d’évaluer le coût de l’absence d’action face au changement climatique. Le Cerema travaille avec les différents acteurs pour sélectionner les indicateurs pertinents, et a recueilli l’avis des collectivités lors d’un atelier dans le cadre des Assises de la transition énergétique (programme) pour mieux déterminer la faisabilité et la pertinence de l’approche. Cet atelier était organisé avec le Club STEP (Synergies pour la Transition Energétique par la Planification), animé par l’Ademe et dont le Cerema est membre. 

 

carte des risques liés au changement climatique de meteo france
Impacts en France déjà visibles et à venir d'ici 2050 (Source: Ministère de la transition écologique et soliaire (2018). Comprendre le Plan national d'adaptation au changement climatique)

 

La méthodologie développée par le Cerema vise à apporter une réponse aux besoins des collectivités de disposer d’éléments de méthode pour évaluer leur coût de l’inaction à l'horizon 2050 lors de l’élaboration de leur PCAET. L’objectif est d’évaluer à l’échelle du territoire les coûts entraînés par le laisser-faire, qui selon le rapport Stern sur l’économie du changement climatique paru en 2006 seraient bien plus élevés que le coût des actions pouvant être mises en place pour agir sur les impacts du changement climatique. Ce type de démarche permet également de prendre la mesure des impacts du changement climatique.

Les travaux des scientifiques et des assureurs montrent une augmentation des catastrophes naturelles et des coûts associés dans un contexte de changement climatique, dont les impacts peuvent être d’ordre matériel, environnemental, économique ou sanitaire.

Il est possible d’estimer l’impact du changement climatique sur la disponibilité de la ressource en eau, sur le rendement des cultures, sur les dommages assurés ou encore les conséquences sur la santé et l’environnement de la pollution de l’air.

Comment "calculer" cette inaction ? Les collectivités ont formulé un besoin d’explications, et le Cerema a été chargé de présenter une méthodologie simplifiée, à travers une approche qui tient compte du contexte de chaque territoire et par secteur d’activité impacté, afin de mettre en évidence les milieux pour lesquels les enjeux socio-économiques sont les plus importants.

 

Une méthode simplifiée construite avec les acteurs

sécheresse de la rivière Autise en Vendée, complètement à sec
Sécheresse de la rivière Autise en Vendée - Thierry Degen - TERRA

Au même titre que l’analyse de vulnérabilité, l’évaluation du coût de l’inaction prend en compte les impacts négatifs déjà observés ainsi que les impacts à venir du changement climatique à l'horizon 2050, dans l’hypothèse d’une poursuite de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel. 

Une série d’indicateurs, monétaires ou non, permettent d’évaluer un coût de l’inaction face au changement climatique pluriel, ou encore vu sous différents angles pour le le territoire. Certains permettent de calculer les couts actuels du changement climatiques, d’autres permettent de dessiner une vision sur le plus long terme.

 

La notion de "coût" est à entendre au sens large et revêt différents aspects qui sont ici analysés via la notion de vulnérabilité.

 

La méthode d’évaluation en 4 points :

  • S’appuyer sur l’analyse de la vulnérabilité présente et à venir du territoire aux effets du changement climatique (également prévue dans le PCAET), de manière à prioriser les enjeux et les actions à mener,
  • Réaliser une évaluation territorialisée et par secteur,
  • Ne pas chercher de chiffre unique mais s’appuyer sur un ensemble d’indicateurs. Ces indicateurs ont vocation à faire partie du système d’information dont se dote un territoire pour suivre et agir face aux impacts du changement climatique.
  • Associer les experts et les parties prenantes pour aboutir à un diagnostic partagé.

couverture du rapportPour chaque étape du processus, la méthode renvoie vers des ressources méthodologiques et pour approfondir les connaissances.

Les grands secteurs impactés par le changement climatique, permettant de développer une approche sectorielle du coût de l’inaction, ont été définis par le groupe de travail interministériel mis en place en 2007 et complétés par d’autres travaux :

  • Ressources en eau,
  • Risques naturels et assurances,
  • Biodiversité,
  • Santé
  • Emploi
  • Agriculture
  • Forêt
  • Energie
  • Tourisme
  • Tertiaire et secteur industriel
  • Infrastructures de transport
  • Bâtiments

[1] L’article R 229-51 du code de l’environnement relatif au Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) précise que "La stratégie territoriale identifie les priorités et les objectifs de la collectivité ou de l’établissement public, ainsi que les conséquences en matière socio-économique, prenant notamment en compte le coût de l’action et celui d’une éventuelle inaction".