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TRIBUNE. Xavier Bertrand : "La "Grande Sécu" d'Emmanuel Macron serait une folie"

Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, candidat à l'investiture LR pour la présidentielle, dénonce dans cette tribune le projet de "Grande Sécu" défendu par le gouvernement.

Xavier Bertrand
Le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand.
Le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand. © AFP

Voici sa tribune : "Nous sommes tous attachés au modèle social français. Ministre de la Santé et du Travail, j'ai toujours voulu préserver et moderniser notre système de protection sociale en conduisant à chaque fois que c'était nécessaire des réformes difficiles : la réforme des retraites ou le service minimum dans les transports sous les présidences de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. Tel est le prix de la préservation de notre modèle pour les générations futures.

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Or, aujourd'hui, notre système d'assurance maladie est en danger. Emmanuel Macron et son ministre de la Santé, Olivier Véran, travaillent en sous-main sur un projet qu'ils appellent "Grande Sécu", mais qui n'a de grand que le nom, ou les volumes de dette publique qu'il va laisser derrière lui. Il s'agirait de déplacer le rôle aujourd'hui tenu par les mutuelles et assurances complémentaires santé vers la Sécurité sociale, autrement dit transférer la prise en charge de 30 milliards de dépenses de soins des complémentaires santé à l'Assurance maladie.

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La "Grande Sécu" créerait une médecine à deux vitesses

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Ce serait une folie financière, à l'heure où la France est déjà le pays de l'OCDE qui taxe le plus. Le choc sur les finances publiques résultant de cette mesure serait inédit à l'échelle de la Ve République. Au motif de faire des économies sur les frais de gestion des mutuelles, qui sont au même niveau que ceux de la Sécurité sociale, le gouvernement actuel endetterait nos enfants sur plusieurs générations. Décidément, la campagne électorale que mène M. Macron en se servant du chéquier de la France continue…

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Ce serait la fin de la médecine libérale. Aujourd'hui les professionnels de santé libéraux ont plusieurs interlocuteurs et financeurs : Sécurité sociale, assureurs santé, patients. Si la Sécurité sociale devait tout payer, les médecins, par exemple, n'auraient face à eux qu'un seul interlocuteur qui pourrait imposer de nouvelles règles de prise en charge ; donc ils deviendraient, in fine, salariés. Rendre fonctionnaires les médecins et tous les professionnels de santé libéraux, ce n'est pas mon projet !

La "Grande Sécu" créerait une médecine à deux vitesses. Avec à la clef, des déremboursements en rafale qui toucheraient comme d'habitude et en priorité les classes moyennes et les catégories populaires de notre pays. Une partie de la population n'acceptant pas ce nouveau système se tournerait, soit en complément soit en substitution, vers un autre système en dehors de la Sécurité sociale. On recréerait alors ce que les pères fondateurs de la Sécurité sociale en 1945 ont combattu : un modèle à l'anglaise ou à l'américaine, dans lequel les plus riches et les plus démunis ont chacun leur système de santé. Pour moi, c'est inacceptable.

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Les Français ne veulent pas d'un projet centralisateur à l'excès qui les priverait de leur liberté de choix

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Ce serait enfin l'appauvrissement du dialogue social dans les entreprises. Syndicats et patronat savent que la santé est un thème fort de la négociation collective sur les remboursements des soins des salariés et de leurs familles, sur les services mis à leur disposition, sur les actions de prévention. Avec un remboursement unique par un système étatisé, comment s'adapter à la réalité de chaque entreprise ?

Les Français ne veulent pas d'un projet centralisateur à l'excès qui les priverait de leur liberté de choix. Ils sont profondément attachés à leur mutuelle qu'ils ont choisie eux-mêmes. Et quel serait l'avenir de tout le secteur des complémentaires santé, avec ses 100 000 emplois à la clef ?

Cela signifie-t-il qu'il ne faut rien changer ? Bien sûr que non ! Aux efforts financiers de nos concitoyens doivent répondre des efforts de clarté et surtout de modération des prix des mutuelles. Et plutôt que de nationaliser, il faut améliorer concrètement un système qui n'est pas assez centré sur la prévention, lutter contre les déserts médicaux, promouvoir les nouvelles technologies comme la télémédecine, donner aux soignants les moyens dont ils ont besoin, garantir l'accès aux complémentaires pour les plus jeunes et aider les retraités face aux coûts de leur complémentaire santé.

Pour ma part, je fais confiance aux acteurs de la santé. Je ne reprendrai jamais ce projet fou qui avait été porté par Jean-Luc Mélenchon en 2017. Je combattrai avec force un tel projet et, si les Français me font confiance, il ne verra jamais le jour."

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