Précurseur en smart city, Aix-en-Provence passe à l'échelle

Précurseur en smart city, Aix-en-Provence passe à l'échelle La ville, qui travaille sur l'IoT depuis 2016, est en phase d'industrialisation avec plus de 1 000 capteurs déployés. Une dizaine de projets lui permettent de renforcer ses services aux citoyens.

Avec l'arrivée de l'été, la ville d'Aix-en-Provence fait de l'économie d'eau son cheval de bataille. La direction des systèmes d'information (DSI) et la direction générale travaillent conjointement à la détection des fuites, mais aussi à un arrosage à la demande dans les parcs et serres connectées de la métropole. Une cinquantaine de sondes connectées vont être installées sur les compteurs d'eau pour analyser les consommations. "Nous avons estimé pouvoir réaliser 20% d'économies la première année d'utilisation", indique Jérôme Richard, directeur du département numérique et systèmes d'informations d'Aix-en-Provence.

Ce projet IoT n'est que l'un des nombreux menés par la commune, qui déploie avec Axians, la marque numérique de Vinci Energies, une dizaine d'autres usages : le premier d'entre eux concerne l'éclairage, les 500 armoires électriques de rue sont connectées. Un usage qui a rencontré un ROI immédiat avec le remplacement des ampoules par des Led et la détection des candélabres défaillants. S'en est suivie la gestion des déchets et la gestion des flux piétons dans les rues passantes, qui accueillent plus de 150 000 personnes chaque semaine. Pour la sécurité, l'IoT s'est traduit par la détection de bruits suspects par une douzaine de capteurs et la vidéosurveillance par caméras connectées. Autre domaine en expansion : la mesure de la qualité de l'air. Des capteurs sont installés dans les écoles et réfectoires, mais aussi en ville pour indiquer aux citoyens les pollens les plus importants. La collectivité collabore par ailleurs depuis 2021 avec l'éditeur Advizeo pour suivre en temps réel les consommations énergétiques de 240 bâtiments publics.

Aix-en-Provence passe à l'échelle en 2022. © Aix-en-Provence

En 2022, Aix-en-Provence passe à la phase d'industrialisation. Plus de 1 000 capteurs sont déployés au total et 500 autres compléteront les dispositifs à la fin de l'année. À titre d'exemple, après avoir connecté 127 places de parkings, 200 supplémentaires vont l'être, en particulier les places PMR destinées aux personnes à mobilité réduite. De nouvelles possibilités sont par ailleurs à l'étude : Jérôme Richard prévoit d'indiquer sur l'application de la commune les places libres destinées aux véhicules électriques et de relancer les "laboratoires citoyens", proposant des moments d'échanges, qui pourraient se tenir dans les mairies de quartier, pour développer avec les habitants de nouveaux usages répondants à leurs besoins et renforcer la politique participative.

Les touristes ne sont pas en reste : la ville étudie la possibilité de développer avec l'éditeur PTC un parcours en réalité augmentée montrant des places publiques et des bâtiments, comme le Palais de justice, à trois époques historiques. Un parcours avec pour thème le peintre Cézanne, sur ses lieux de travail et les paysages peints, est par ailleurs en réflexion et en attente de financements. "C'est un réel moyen pour rendre les musées plus attractifs pour les jeunes générations", souligne Sonia Ben Naceur, customer success management specialist chez PTC.

"Avancer petit à petit avec les métiers est l'une des clés de réussite"

Pour en arriver là, Jérôme Richard met en avant le rôle de l'hyperviseur, celui de la métropole étant Thingworx distribué par la société PTC et synchronisé avec le SIG de la commune. "Les données sont accessibles en open data", précise le DSI, qui gère une équipe de deux autres personnes dédiées à la smart city. Autre point clé : la participation des métiers. Une trentaine d'employés municipaux issus d'une dizaine de services utilisent l'hyperviseur. "Avancer petit à petit avec les métiers est l'une des clés de réussite", assure Stéphan Guidarini, business unit manager chez Axians Consulting. Jérôme Richard identifie également comme clé de succès l'équipe tricéphale mise en place pour ses projets IoT, composée de sa DSI, d'experts d'Axians et de PTC. "Si l'on n'a pas de partenaires solides, on ne peut pas arriver à faire décoller les projets", remarque-t-il.

Il faut dire aussi qu'Aix-en-Provence s'appuie sur une expérience de longue date. La ville a commencé sa démarche de smart city en 2016 et a mené des POC jusqu'en 2018. "Nous avons débuté avec un projet de Wi-Fi public, pour lequel nous pensions déployer du Lifi. Après avoir échangé avec Cisco et Vinci Energie, on a voulu aller plus loin et avons listé nos actions sur le plan numérique, qui avaient pour dénominateur commun notre application mobile Aix ma ville", raconte Jérôme Richard. Un réseau LoRaWAN privé a été déployé par Axians sur les 18 600 hectares de la ville, grâce à une quinzaine d'antennes. Les projets ont requis un budget de 300 000 par an sur quatre ans, de 2016 à 2021. "Les projets d'Aix-en-Provence sont précurseurs, ils suscitent l'intérêt d'autres collectivités comme Toulon", constate Sonia Ben Naceur. Un moyen pour Aix-en-Provence de rayonner au-delà de son territoire.