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Inégalités sociales en Nouvelle-Calédonie : « Il y a vraiment deux mondes. Et la situation s’aggrave »

Alors que le troisième et ultime référendum pour l’indépendance du Caillou a lieu dimanche, près d’un Calédonien sur cinq, soit environt 50 000 personnes, vit sous le seul de pauvreté.

Par  (Nouméa, correspondante)

Publié le 08 décembre 2021 à 08h00, modifié le 09 décembre 2021 à 13h33

Temps de Lecture 7 min.

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Caroline Kainda et Juliette Mamou, habitante de la cité HLM de Magenta, à Nouméa, le 22 novembre.

« Laisse tomber les politiques ! Ils aiment bien parler et c’est tout. » Boucles auburn et bouche fuchsia, Juliette Mamou n’est pas femme à s’en laisser conter. Dimanche 12 décembre, cette quinquagénaire native d’Ouvéa ira voter malgré la consigne des dirigeants indépendantistes de ne pas participer au référendum. « J’irai par respect pour la mémoire des 19 qui sont tombés en 1988 », lâche-t-elle, en référence aux 19 militants kanak morts lors de l’assaut sanglant de la grotte d’Ouvéa, le 5 mai 1988. Elle n’est « pas sûre de voter oui », par peur, « sans la France », de perdre son allocation pour handicapé de 52 000 francs CFP (433 euros) par mois.

Touchée par la polio dans son enfance, Juliette Mamou habite à Nouméa avec son compagnon, qui cherche un emploi, et leurs deux jeunes enfants de 10 et 8 ans, au rez-de-chaussée d’une des quinze tours de la cité HLM de Magenta : un ensemble urbain construit dans les années 1970, aux cages d’escalier couvertes de graffitis, aux ascenseurs que de jeunes malotrus confondent avec des urinoirs et aux nuits tapageuses. Une fois reçues les allocations familiales et payés le loyer et l’électricité, Mme Mamou, qui porte de lourdes chaussures orthopédiques, a moins de 70 000 francs CFP (580 euros) en poche pour faire vivre sa famille.

Un vrai casse-tête sur le Caillou, où les prix sont globalement 33 % plus élevés qu’en métropole, avec un différentiel qui grimpe à 73 % pour l’alimentaire. « Je prends du riz, des sardines, de l’huile, du café et il y a les bons alimentaires du centre communal d’action sociale (CCAS). Mais je n’achète jamais de viande et, si je veux du poisson frais, j’envoie par l’avion des cigarettes à mon frère qui vit à Ouvéa et, en échange, il m’envoie des mulets ou des perroquets », raconte la mère de famille, qui n’a pas mis les pieds à Ouvéa depuis douze ans et n’entre jamais dans un restaurant.

Trente ans de rééquilibrage

A ses côtés, Caroline Kainda, une voisine avec qui elle est venue partager quelques litchis autour d’un café, décrit les mêmes acrobaties pour boucler les fins de mois. Femme de ménage, elle a peu travaillé au cours des derniers mois à cause des confinements imposés par la crise sanitaire. Rémunérée 1 100 francs CFP de l’heure (9 euros), cette Kanak originaire d’une tribu de Thio, village minier de la côte est, a la chance de rentrer régulièrement sur ses terres avec sa petite sœur, qui a une voiture. « Je reviens avec des bananes, du poisson, des mangues. On n’est pas malheureux ! », lance-t-elle en tressant des paniers en lianes.

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