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Le littoral français face au changement climatique : ce que l'on sait et comment on s'adapte

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LE CHANGEMENT CLIMATIQUE EN FRANCE (4/5). Face à l'urgence, un mot d’ordre : s’adapter. Zoom sur des initiatives autour du littoral français.

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D’abord, il y a la réalité du thermomètre : la France métropolitaine, comme le reste du monde, se réchauffe. "La température moyenne a augmenté chez nous de 1,7 °C depuis 1900, indique Robert Bellini, de l’Agence de la transition écologique (Ademe). Soit davantage que la moyenne mondiale [environ 1,1 °C]." Résultat, des phénomènes extrêmes plus fréquents, telles les canicules, moins de jours de gel, le niveau de la mer qui monte, les saisons qui brouillent les pistes, des forêts qui meurent… Et les climatologues sont clairs : inertie du climat oblige, quoi que nous fassions, les tendances actuelles se poursuivront jusqu’en 2050. Alors, depuis quelques années, on entend un nouveau mot d’ordre : il faut s’adapter à cette nouvelle donne. Scientifiques, institutions, collectivités s’y attellent. Zoom sur des initiatives autour du littoral français.

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EN IMAGES
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Ce que l'on constate

Un niveau de la mer qui s’élève localement de 1,5 mètre, des vagues qui inondent des portions de littoral, quarante-sept morts sur la côte Atlantique : la tempête Xynthia, en 2010, quoique sans lien direct avec le changement climatique, a servi de répétition générale à ce qui nous attend. Le réchauffement a d’ores et déjà provoqué une montée du niveau de la mer au niveau mondial, évaluée par le GIEC à vingt centimètres depuis 1900, avec un rythme presque trois fois plus rapide ces quinze dernières années. De quarante centimètres à un mètre de plus sont prévus d’ici à la fin du siècle.

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En Europe, l’élévation sera proche voire supérieure à la moyenne, selon l’organisation, qui projette aussi une hausse des « précipitations extrêmes », sauf autour de la Méditerranée. À la clé, des côtes de plus en plus submergées et érodées. En France, certaines sont même particulièrement exposées. Ainsi, pour la submersion, « les 700 000 hectares de zones côtières, l’équivalent d’un département, qui se trouvent à basse altitude, note Patrick Bazin, directeur de la gestion patrimoniale au Conservatoire du Littoral. Par exemple la Camargue, les grands estuaires, la plaine maritime flamande, les marais littoraux… » L’érosion, elle, grignote déjà 20 % du littoral français, selon le Cerema, l’établissement public qui gère les risques littoraux.

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En certains points des côtes sableuses de l’Hérault, des Bouches-du-Rhône, de la Gironde, de la Charente-Maritime, ou encore du Pas-de-Calais, très exposées, le recul moyen atteint deux à trois mètres par an ! Pour de nombreux habitants, se posera même la question du déménagement. « Si on ne fait rien, le recul du trait de côte pourrait entraîner la destruction de plusieurs dizaines de milliers d’habitations d’ici à 2 100 », indique Pascal Berteaud, directeur général du Cerema. Cela, alors même que l’Insee anticipe une augmentation de la part de la population vivant sur le littoral dans les prochaines décennies.

Comment on s’adapte

Sur la rive est de la baie de Lancieux, entre Saint-Malo et Saint-Brieuc, dans les Côtes d’Armor, la mer reprend ses droits. En 2015, le Conservatoire du Littoral a lancé ici un projet de « dépoldérisation ». L’idée : laisser à nouveau l’eau s’étaler sur 60 hectares de champs qui avaient été gagnés sur la mer au fil des siècles grâce à des digues successives, aujourd’hui en mauvais état par endroits. Dans l’une d’elles, une brèche s’est ouverte en 2020, qui ne sera plus colmatée. « La mer entre désormais dans le polder dès que le coefficient de marée atteint 70, c’est-à-dire très régulièrement », indique Anne Martinet, coordinatrice du projet. La zone, qui deviendra un pré-salé, va se sédimenter et s’élever, formant une sorte d’amortisseur qui contribuera à protéger des assauts de l’océan les activités humaines situées en retrait.

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La baie de Lancieux est l’un des dix sites pilotes du projet Adapto, à travers lequel le Conservatoire du littoral expérimente ce qu’il appelle la « gestion souple du trait du côte ». « Il s’agit d’assurer l’existence d’une zone-tampon entre la terre et la mer, plus large qu’une simple digue », explique Patrick Bazin. Aux Vieux Salins d’Hyères, le même concept a été appliqué aux dunes : leurs enrochements artificiels ont été retirés, pour qu’elles puissent s’ajuster librement aux mouvements des flots.

Cette stratégie pourrait demain s’imposer dans des aires plus grandes. Car les défenses en dur, telles que les digues, ont des défauts : elles sont chères et perturbent les déplacements de sédiments. Des limites aussi. « Globalement, les défenses actuelles sont conçues pour une élévation ponctuelle égale à celle de Xynthia, plus vingt centimètres », souligne Patrick Bazin. Cela règle la question pour une génération, mais risque ensuite d’être insuffisant. En attendant, une autre option pourrait s’imposer : le repli de certaines activités humaines vers des zones moins exposées. En 2012, l’État a lancé une étude de scénarios de relocalisation de plusieurs quartiers côtiers en France, situés sur les communes de Lacanau en Gironde, Ault dans la Somme, ou encore Vias dans l’Hérault. Pour l’instant, aucun ne s’est concrétisé, tant la question est sensible et complexe.

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"Les calottes sont cuites", c'est le podcast du magazine GEO avec Météo-France pour tout comprendre au changement climatique. En six épisodes ludiques et même pas tristes, on tente de démêler le comment du pourquoi ça se détraque à ce point-là. Alpinistes, scientifiques… On tend notre micro à celles et ceux qui ont le chic pour rendre tout ça plus clair. A écouter ci-dessous et sur toutes les plateformes.

➤ Article paru dans le magazine GEO de novembre 2021 (n° 513, Japon).

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