« Les prochaines générations de stars NBA seront africaines. Mais pour y parvenir, il faut détecter, accompagner et faire progresser les meilleurs talents, et surtout rendre la pratique du basket accessible à tous sur le continent. » Ces mots de Najib Chajiddine disent tout de l'ambition du jeune arbitre international, pressenti pour officier lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Meilleur sifflet de Pro B en 2022 et ancien joueur de haut niveau, il transporte depuis plusieurs années son énergie communicative des parquets de l'Hexagone jusque dans les quartiers populaires de Casablanca et les marchés de Dakar. Son objectif : mettre le ballon orange dans les mains de gamins traditionnellement éloignés des playgrounds.
Le basket, un levier d'éducation et d'insertion
« Le continent africain regorge de talents, mais les clubs tels que nous les connaissons en France et en Europe restent souvent hors de portée pour les enfants des classes populaires. Les limites financières, sociales et culturelles freinent considérablement l'accès au sport à des pans entiers de la population, et notamment aux femmes. Nous avons donc décidé de faire du basket un levier d'éducation, d'insertion et d'émancipation. »
En l'espace de quelques années, la structure créée par Najib Chajiddine est devenue un « social business », United Africa, riche d'une académie, d'une école d'arbitrage et d'une équipe d'animateurs qui rénovent les terrains urbains et animent des ateliers basket au sein des quartiers. Quelque 3000 jeunes ont ainsi bénéficié des efforts de la jeune pousse, dont le développement doit beaucoup à l'incubateur créé par l'AFD et Paris 2024 dans le cadre du projet Impact 2024. Cette structure originale vise à accompagner des sportives et sportifs de haut niveau à préparer leur reconversion dans l'entrepreneuriat social. Comme Najib, 83 athlètes ont ainsi pu bénéficier durant un an d'un accompagnement dédié par des spécialistes pour poser les bases durables de leurs projets professionnels.
Des champions, à la salle comme au bureau
« La question de l'héritage est au coeur de la démarche des Jeux Olympiques, indique Vincent Pasquini, responsable de la coopération internationale à Paris 2024 et très impliqué dans le partenariat avec l'AFD. Mais l'héritage, pour un athlète, c'est sa reconversion, ses projets au terme de sa carrière. Tout l'enjeu de l'incubateur, c'est de capitaliser sur les qualités uniques que ces sportifs ont su développer et de les mettre au service d'une aventure entrepreneuriale pérenne et engagée. »
3 promotions, 70 entreprises créées
Trois promotions, constituées à parité d'athlètes français et africains ont ainsi été « incubées » depuis 2021, et ont donné naissance à des projets à fort impact social et environnemental. Création d'un centre aquatique au Togo, naissance d'une entreprise dédiée à la fabrication de tables de ping-pong 100% « made in Africa » ou encore académie de karaté pour les jeunes filles au Bénin, autant de projets qui allient savamment développement économique et action sociale de proximité. « On a tendance à l'oublier, mais la pratique sportive permet aussi de bouleverser les codes, sourit Najib Chajiddine. Pour un jeune, prendre le sifflet et s'imposer face à une équipe, c'est plus qu'un jeu : c'est une véritable étape dans sa construction en tant qu'individu. »