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Vendée : une usine pour recycler les eaux usées en eau potable, une première en Europe

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C'est une petite révolution en France qui figure parmi les mauvais élèves en réutilisation des eaux usées. La première pierre de la future usine de recyclage des eaux usées a été posée, ce mercredi aux Sables d'Olonne. D'ici la fin 2023, elle permettra de transformer les eaux usées en eau potable.

La future unité d'affinage du Programme Jourdain doit entrer en fonctionnement d'ici la fin de l'année prochaine, aux Sables d'Olonne en Vendée. La future unité d'affinage du Programme Jourdain doit entrer en fonctionnement d'ici la fin de l'année prochaine, aux Sables d'Olonne en Vendée.
La future unité d'affinage du Programme Jourdain doit entrer en fonctionnement d'ici la fin de l'année prochaine, aux Sables d'Olonne en Vendée. © Radio France - Florian Cazzola

"Notre station va bientôt devenir plus célèbre que la plage des Sables d'Olonne", sourit Yannick Moreau, le président de l'agglomération sablaise. Initié en 2011, le projet de construction d'une usine de recyclage des eaux usées à des fins domestique a franchi une nouvelle étape, ce mercredi, avec la pose de la première pierre de la future unité d'affinage. Ce projet, baptisé "Programme Jourdain" du nom d'un fleuve du Moyen Orient, est unique en Europe. Il doit permettre de rejeter les eaux traitées dans la retenue du Jaunay afin qu'elles soient à nouveau collectées par l'usine de production d'eau potable et distribuées dans le réseau domestique. Un circuit fermé qui pourrait s'avérer "crucial pour l'avenir du département", n'hésite pas à affirmer le président de Vendée Eau. 

Cinq phases de traitement pour avoir une eau de "très grande qualité"

Les dalles de béton sont déjà coulées et bientôt se dresseront les cuves et les bâtiments de cette unité de purification de l'eau. Connectée à la station d'épuration voisine de 200 mètres, l'eau nettoyée sera traitée en cinq étapes. "La première phase est l'ultrafiltration, il y aura ensuite l'osmose inverse avant l'étape des ultraviolets puis la chloration à l'eau de javel avant une reminéralisation", énumère Mélina Gilbert, directrice de la société des eaux pour Véolia en Vendée. De quoi éliminer pesticides, composés pharmaceutiques et autres micropolluants, et ainsi permettre de fournir une eau de "très haute qualité" au département.

L'eau est de plus en plus rare, de plus en plus précieuse et elle risque de manquer dans le futur.

L'eau qui sera de "très grande qualité" assurent les porteurs du projet sera ensuite acheminée quelque 27 kilomètres plus loin dans le Jaunay. "C'est à cause de la réglementation actuelle qui ne ne permet pas la réutilisation de l'eau dès la sortie de l'affinage", explique Pierre Ribaute, directeur général Eau France de Véolia. L'eau est ainsi rejetée dans une zone végétalisée où elle se mélangera à la rivière et transitera vers l'usine d'eau potable desservant l'ouest de la Vendée, soit 100.000 foyers et deux à trois fois plus l'été. Une boucle sans fin. 

Cette usine d'affinage doit répondre à un quart des besoins supplémentaires en eau des Vendéens à l'horizon 2030.
Cette usine d'affinage doit répondre à un quart des besoins supplémentaires en eau des Vendéens à l'horizon 2030. © Radio France - Florian Cazzola

Une usine qui fournira la consommation en eau de 200.000 Vendéens

"L'eau est de plus en plus rare, de plus en plus précieuse et elle risque de manquer dans le futur, pointe Yannick Moreau. Notre station d'épuration rejette chaque année dans la mer cinq milliards de litres. La solution première que l'on a trouvé est de démontrer que l'on peut fabriquer de l'eau potable à partir de celle usée." Dans ce domaine, la France fait figure de mauvais élève avec moins d'un pourcent de ses eaux usées réutilisées. À titre d'exemple, l'Espagne en recycle 15% à des fins industrielles et agricoles. Le taux dépasse les 90% en Israël. Par besoin face au manque d'eau. Comme la Vendée, de plus en plus confrontée à la sécheresse, et qui dépend à 90% des eaux superficielles et qui gagne chaque année entre 5 et 6.000 nouveaux habitants. 

On doit aussi trouver de nouveaux captages afin d'avoir un bouquet de solutions pour sécuriser l'alimentation en eau de demain.

"Un abonné vendéen consomme en moyenne 100 mètres cubes par an, énonce Jacky Dallet, président de Vendée Eau. La capacité future d'affinage de cette usine sera de deux millions de mètres cubes par an, de quoi alimenter 200.000 personnes." La concrétisation d'un projet à 22 millions d'euros, financé par des aides publiques. En fonctionnement à partir de la fin d'année 2023, cette unité a pour objectif de voir sa capacité augmenter à l'issue de sa phase expérimentale, qui s'achèvera en 2027. En parallèle, le département étudie aussi d'autres solutions.  "Il y a par exemple la réutilisation d'anciennes carrières pour passer d'un stockage annuel à interannuel, révèle Jérôme Bortoli, directeur général des services de Vendée Eau. On doit aussi trouver de nouveaux captages afin d'avoir un bouquet de solutions pour sécuriser l'alimentation en eau de demain." Une urgence pour un département et un pays confrontés à la chute du débit de ses cours d'eau estimé entre 20 à 40% d'ici 20 ans.

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