L'électrification des véhicules : quels enjeux pour le secteur automobile ?

Le développement des véhicules électriques implique pour les constructeurs de prendre en compte le recyclage des batteries ou de maitriser les coûts liés aux matières premières liées à celles-ci.

Avec l’interdiction de la vente de moteur à combustion en 2035, l'électrification des voitures deviendra une obligation pour les constructeurs automobiles. De nombreux enjeux inhérents au recyclage des batteries vont donc apparaître : face à l’arrivée d’un grand nombre de véhicules électriques et hybrides sur le marché européen (65% des ventes attendues en 2030 contre 14% en 2022), il est urgent de doter les filières de recyclage de moyens efficaces afin de répondre aux enjeux écologiques et stratégiques.

L’électrification des véhicules pour répondre aux enjeux climatiques

 La question de la fabrication de véhicules électriques n'est pas une nouveauté chez les constructeurs : Renault s'est penché sur la question à la suite du choc pétrolier de 1970. Mais la poussée des préoccupations environnementales chez les usagers est venue donner un nouveau souffle au développement de ce segment de marché. L’engouement des clients pour l’électrifié se traduit par une croissance importante des ventes en France : entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2020, le nombre de véhicules en circulation a été multiplié par trois, passant de 109 557 à 312 794 unités. De plus, le 100% électrique a atteint 11,7% des immatriculations au quatrième trimestre 2022 ; il s’agit de la motorisation ayant le plus progressé l’an dernier. 

Face à cet engouement croissant, les constructeurs automobiles adaptent leurs offres : le groupe Stellantis prévoit d’injecter 30 milliards d’euros dans l’électrification de ses gammes d’ici 2025 ; Volvo va plus loin en s’engageant à produire exclusivement des véhicules 100% électrique à partir de 2030.

Cette réorganisation de l’offre n’est pas seulement une réponse aux demandes des clients, mais bien une obligation pour répondre aux ambitions écologiques de l’Union européenne. En effet, dans le cadre du Plan vert pour l’Europe (objectif de neutralité climatique en 2050), le Parlement européen a voté en juin 2022 l'interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur essence ou diesel à partir de 2035.

Les enjeux inhérents aux constructeurs automobiles

Différents enjeux inhérents au développement de l’électrification des voitures apparaissent chez les constructeurs.

  1.  La question du traitement des batteries

L’augmentation des ventes sur ce segment impose une gestion des déchets liés aux batteries. La directive du Parlement européen 2006/66/CE oblige les constructeurs automobiles depuis 2006 à recycler au moins 50% des matériaux contenus dans les batteries et accumulateurs usagés.

Pour répondre à cette directive, les producteurs se doivent de collecter leurs batteries en fin de vie, procéder au recyclage de celles-ci et valoriser ce qui peut l’être en incorporant des matières premières issues du recyclage dans de nouvelles batteries. L’ensemble de ce processus peut être effectué par les constructeurs automobiles eux-mêmes ou par des acteurs de la filière de recyclage des batteries.

Conscients de leurs responsabilités et des coûts que cela implique, les principaux constructeurs automobiles (Toyota, Stellantis, Volkswagen, Audi, BMW...) travaillent désormais avec des partenaires spécialisés sur le recyclage et la valorisation des batteries, comme les français SNAM Groupe (respectivement leader européen de recyclage de batteries de véhicules électriques) ou Phenix Batteries (fabricant de batteries recyclées).

Le développement de la filière via l’affectation de moyens supplémentaires est donc une priorité pour rendre le processus de recyclage plus compétitif ; en particulier celui des batteries lithium-ion, plus difficiles à recycler. Constructeurs et acteurs de la filière de recyclage agissent de concert pour rendre la gestion de la fin de vie des batteries la plus vertueuse possible.

2. Le spectre de ressources limitées et d’une augmentation des coûts 

La fabrication d’une voiture électrique nécessite six fois plus de minéraux qu’une voiture à moteur à combustion, en raison de la composition des batteries en métaux et terres rares : lithium, cobalt, cérium, néodyme… Leur disponibilité est limitée et, au vu des besoins exponentiels de la filière automobile pour ces métaux, les niveaux de production ne semblent pour l’heure pas suffisants pour satisfaire la demande future.

De nouvelles réserves sont découvertes assez régulièrement, mais leur mise en exploitation prend plusieurs années (en moyenne 16 ans), ce qui ne peut venir combler l’augmentation des besoins sur le court terme. De plus, la majorité des métaux et terres rares sont produits en Chine ou dans des mines sous capitaux chinois, alors que ce pays n’arrive plus à satisfaire sa demande intérieure ; ce qui risque de nous exposer à des ruptures d’approvisionnements sur un moyen terme.  Or, comme l’a rappelé Carlos Tavares, directeur général du groupe Stellantis, "le prix des véhicules électriques est fortement exposé au prix des matières premières, or ce prix est une part importante de la structure de coût des batteries (…)".