Le point sur la chaleur renouvelable en France métropolitaine

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Chaleur au bois

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Les énergies renouvelables ont fourni 22,8% de la chaleur finale consommée en France métropolitaine en 2020 selon les dernières estimations du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération(1), publié le 13 octobre. Nous vous restituons ci-après quelques chiffres clés de cette publication.

La part de la chaleur renouvelable en France métropolitaine

La consommation de chaleur en France compte pour « près de 50% de notre consommation énergétique et reste aujourd’hui très majoritairement produite par des énergies fossiles et importées, émettrices de carbone », rappelle le Syndicat des énergies renouvelables (SER) en préambule de la 5e édition du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération (qu'il réalise avec la Fedene(2), le CIBE(3) et Uniclima).

En 2020, la production de chaleur renouvelable s’est élevée à près de 152,7 TWh en France métropolitaine. Cette production renouvelable a permis l'an dernier de satisfaire 22,8% de la consommation finale brute de chaleur dans l'hexagone, soit « une progression de 2 points » par rapport à 2019. Le développement de la chaleur renouvelable reste toutefois très inférieur à celui escompté dans le Plan National d'Action (PNA) en faveur des énergies renouvelables (4), qui « prévoyait que 33% de nos besoins de chaleur soient couverts par des sources renouvelables en 2020 », rappelle le SER.

La loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 fixe quant à elle pour objectif de porter la part de la chaleur renouvelable à 38% de nos consommations de chaleur à l’horizon 2030. À plus court terme, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit une production de chaleur renouvelable en France métropolitaine atteignant 196 TWh en 2023 (soit une hausse de près de 28% par rapport à 2020) et entre 219 TWh (objectif bas) et 247 TWh (objectif haut) en 2028.

Évolution de la part de chaleur renouvelable en France métropolitaine

Une production de chaleur renouvelable reposant essentiellement sur le bois

En 2020, près de 65% de la production de chaleur renouvelable en France métropolitaine provenait du bois, en incluant le chauffage au bois domestique d’une part et les chaufferies bois-énergie d’autre part (qui alimentent pour une partie d’entre elles des réseaux de chaleur).

Le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération évalue à plus de 6,7 millions le nombre d’appareils de chauffage au bois domestique(5) en France métropolitaine à fin 2020. Ceux-ci, qui utilisent différents types de combustibles (bûches, granulés ou « pellets », etc.), auraient permis de produire 75,7 TWh de chaleur renouvelable en 2020, soit près de 11,3% de l’ensemble de la consommation finale de chaleur en France métropolitaine.

Le CIBE (Comité interprofessionnel du bois-énergie) fait par ailleurs état de 7 145 chaufferies bois-énergie (habitat collectif, industrie, tertiaire) de puissance supérieure ou égale à 50 kW en France métropolitaine à fin 2020(6). Celles-ci ont produit près de 24 TWh de chaleur renouvelable en 2020, soit environ 3,6% de l’ensemble de la consommation finale de chaleur en France métropolitaine.

Il est rappelé que la France métropolitaine dispose de la 4e surface forestière en Europe (avec presque 17 millions d’hectares, recouvrant près de 31% du territoire national), derrière la Suède, la Finlande et l’Espagne. Le potentiel forestier est « très important et répond aux besoins actuels, mais reste sous exploité(7) », souligne le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération.

Les autres filières de chaleur renouvelable

Outre le bois, les pompes à chaleur aérothermiques(5) (8,5 millions d’équipements à fin 2020 - chauffe-eau thermodynamique, pompe à chaleur air-air ou air-eau) constituent l’autre grande filière produisant de la chaleur renouvelable en France métropolitaine : elles auraient permis de produire 33,6 TWh de chaleur en 2020 et de couvrir ainsi 5% des besoins annuels de chaleur en France métropolitaine.

Suivent ensuite :

  • les installations de valorisation énergétique des déchets (92 installations de valorisation thermique sur les 118 incinérateurs en France métropolitaine à fin 2020) ont produit près de 12,7 TWh de chaleur renouvelable et de récupération en 2020, soit l’équivalent de 1,9 % de la consommation finale de chaleur. Précisons que la chaleur « de récupération désigne la chaleur fatale (ou perdue). Il s’agit de la chaleur générée par un procédé mais qui n’en constitue pas la finalité première, et qui n’est pas récupérée. Elle peut être issue de sites industriels, raffineries, sites de production d’électricité, stations d’épuration des eaux usées (STEP), unités de valorisation énergétique, data centers, hôpitaux, sites tertiaires, etc. »
     
  • les installations de géothermie (équipements de surface ou géothermie profonde) ont produit près de 7,3 TWh de chaleur renouvelable en 2020, soit près de 1,1% de l’ensemble de la consommation annuelle de chaleur en France métropolitaine ;
     
  • les gaz renouvelables (1 085 installations en France à fin 2020) ont produit environ 4,5 TWh de chaleur renouvelable en 2020, soit 0,7% de la consommation annuelle de chaleur en France métropolitaine ;
     
  • les panneaux solaires thermiques ont produit plus de 1,2 TWh en France métropolitaine en 2020 (et quasiment autant dans les départements et régions d’outre-mer), soit 0,2% de la consommation finale de chaleur dans l’hexagone.

Répartition de la production de chaleur renouvelable en France métropolitaine en 2020

Le Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération rappelle, en fin de publication, le cadre économique dans lequel s’inscrit le développement de la production de chaleur renouvelable. Le Fonds chaleur, mis en place en 2009, a en particulier « permis d’aider à la production de 3,95 TWh EnR&R avec un budget s’élevant à 317 millions d’euros pour les opérations d’investissement dans les énergies renouvelables et de récupération »(9).

Précisons que, bien que cela ne soit pas mentionné, toutes les données du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération concernent uniquement les quantités d’énergie renouvelable directement utilisées par les consommateurs finaux et celles servant à la production de chaleur commercialisée (principalement à travers des réseaux de chaleur) mais excluent les productions d'électricité d'origine renouvelable servant en partie à produire de la chaleur ultérieurement.

Sources / Notes

  1. Édition 2021 du Panorama de la chaleur renouvelable et de récupération, réalisé par le CIBE, la FEDENE, le SER, UNICLIMA avec la participation de l’ADEME, octobre 2021.
  2. Site de la Fedene (Fédération des Services Energie Environnement).
  3. Site du CIBE (Comité Interprofessionnel du Bois-Énergie).
  4. Plan d'action national en faveur des énergies renouvelables Période 2009-2020, Ministère en charge de l'énergie.
  5. Les appareils à foyers ouverts ne comptent plus que pour 11% de ces appareils et leur nombre recule chaque année (leur part a diminué de 37% en 8 ans).
  6. Les chaufferies de puissances supérieures ou égales à 10 MW représentent un peu plus de 2% des installations mais 49% de la puissance totale installée.
  7. Selon les données de l’IGN, « en moyenne sur la période 2010-2018, l’accroissement naturel de bois sur pied s’élève en France métropolitaine à 89,7 millions de m3 /an » tandis que « le volume de prélèvement de bois d’œuvre, bois d’industrie et bois-énergie s’élève en moyenne à 49 millions de m3 /an ». Enfin, « 19,8 millions de m3 de bois supplémentaires pourraient être mobilisés annuellement à l’horizon 2035, tout en assurant la durabilité de la forêt française ».
  8. Une pompe à chaleur aérothermique « puise l’énergie de l’air pour produire de la chaleur dans le bâtiment (sur vecteur air ou un réseau hydraulique) grâce à un cycle thermodynamique qui, pour fonctionner, utilise de l’électricité, ou plus rarement, du gaz ».
  9. Le SER juge « crucial [...] de renforcer et d’élargir le dispositif de soutien à la chaleur bas carbone à toutes les filières de production et aux réseaux de chaleur et de froid ». Dans cette optique, une « forte différenciation de la fiscalité » devrait permettre de renforcer la compétitivité des énergies renouvelables et de récupération par rapport aux énergies fossiles.

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