Mortalité, natalité, patrimoine des ménages : premiers enseignements de la crise du Covid-19

Hugo Soutra
Mortalité, natalité, patrimoine des ménages : premiers enseignements de la crise du Covid-19

Population, démographie

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L’édition 2021 de « France, portrait social » publiée par l'Insee le 25 novembre propose six éclairages inédits sur « la société française après plus d’un an de crise sanitaire », mettant en lumière les effets territoriaux contrastés de la crise sanitaire et économique. Les indicateurs traditionnels de l’Insee (population, éducation et inégalités de destin, marché du travail, santé, qualité de vie) et un zoom sur les ménages multipropriétaires viennent compléter cette étude. Ce qu'il faut en retenir.

Le nouveau « Portrait social » dressé par l’Insee revient longuement sur l’impact de la crise sanitaire et des différents confinements de la population française. Il éclaire d’un jour nouveau plusieurs de ses conséquences démographiques et sociales tout au long de l’année 2020 ainsi que sur le premier semestre 2021 : mortalité, naissances, santé, revenus, marché du travail, situation des jeunes, etc. Ce document est le fruit des travaux de plusieurs services de l’Institut national des statistiques, ainsi que des services statistiques de différents ministères.

Une mortalité en hausse, inégalement répartie 

Alors que l’augmentation et le vieillissement de la population française entraîne une augmentation régulière de la mortalité d’une année sur l’autre, une hausse du nombre de décès était mécaniquement attendue en 2020. C’est davantage son ampleur, « inédite » du fait de l’épidémie de Covid-19, qu’a souhaité relever l’Insee dans cet éclairage intitulé « Pas tous égaux face à la pandémie ». La mortalité toutes causes confondues a ainsi cru de 9,1% en 2020 et 7,6% sur le premier semestre 2021 par rapport aux chiffres de 2019, soit un tiers de plus que les prévisions.

Lire aussi : En 2020, une hausse des décès historique qui a coupé la France en deux

A noter que les risques, à un âge élevé, de décéder ont également considérablement augmenté sur la période… et varient selon les origines. Les hommes résidant en France mais nés en Afrique (+60%) ont vu leurs risques de mourir croître plus vite que ceux nés au Maghreb (+29%) ou dans l’Hexagone (+6%). Autre élément saillant de cette étude : le recul de l’espérance de vie à la naissance dans toute une partie Nord-Est de la France – d’Auvergne-Rhône-Alpes (-1,3 an) au Grand Est (-1,1 an) en passant par les Hauts-de-France (-1,1 an) ou l’Île-de-France (-1,8 an).

Recul des naissances dans les départements en crise 

Ce n’est pas la seule conséquence que ces régions particulièrement concernées par la propagation du virus ont à déplorer. L’Insee évoque une baisse de 9% des naissances de décembre 2020 à février 2021, par rapport aux trois hivers précédents. La légère hausse remarquée au printemps 2021 ne comblera pas ce recul, sauf dans quelques rares départements.

Mais, là encore, les travaux des statisticiens prennent tout leur sens lorsqu’ils commencent à sortir leur loupe territoriale : la diminution est bien plus marquée dans les départements où se sont cumulés crise sanitaire et économique. L’Aisne, qui a subi de plein fouet l’épidémie sitôt suivi d’un ralentissement de l’économie locale, enregistre ainsi -18% de naissances, -15% pour la Seine-Saint-Denis. A une échelle encore plus fine, l’Insee observe que les naissances diminuent davantage dans les communes les plus touchées par la pauvreté (de -14% à -4% selon la proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté), mais aussi dans les communes les plus denses : -10% dans les zones urbaines contre -6% dans le monde rural.

Pouvoir d’achat stable, épargne en hausse 

Après un rapide point sur le système de soins ou l’adoption variable des gestes-barrières et du port du masque, l’Insee consacre ses deux éclairages suivants aux conséquences économiques de la crise. La baisse du nombre d’heures travaillées lors des différents confinements ainsi que la diminution des revenus des ménages s’en suivant n’ont pas provoqué de baisse du pouvoir d’achat moyen des ménages. L’augmentation des aides et prestations sociales, la mise en place du dispositif de chômage partiel et de diverses indemnisations pour les travailleurs indépendants, la diminution des prélèvements sur les revenus mais aussi et surtout des niveaux de consommation – qui restaient stables lors des précédentes récessions – ont, au contraire, concouru à la croissance à la hausse du niveau d’épargne sur la période.

Ce qui ne veut pas dire qu’il a pu y avoir de mauvaises nouvelles, toujours hors situation sanitaire. Plusieurs jeux de données font ainsi dire à l’Insee que les jeunes adultes – étudiants ou travailleurs – ont été les premiers à subir les contrecoups économiques et sociaux de l’épidémie, avec une baisse de la socialité étudiante, des conditions d’apprentissage plus difficiles et des difficultés d’insertion professionnelle accrues.

Le cœur des métropoles aux mains des ménages multipropriétaires

L’Insee a joint aux différents éclairages de ce « Portrait social » deux dossiers thématiques, dont l’un portant sur le patrimoine immobilier des ménages multipropriétaires. Pour le concocter, Mathias André a exploré une nouvelle base rapprochant différentes sources administratives – portant tantôt sur l’immobilier, tantôt sur les revenus. On y apprend que la majorité des ménages propriétaires d’appartements ou de maisons (en nom propre ou via une SCI) ne possèdent qu’un logement : leur résidence principale, une résidence secondaire ou un bien en location.

A lire : Le doux mirage d’une vague de résidences secondaires

Un peu plus de sept millions de citoyens, soit un quart des ménages (24%), sont propriétaires d’au moins deux logements. Ils possèdent deux tiers du parc de logements détenus par des ménages. Les propriétaires de trois logements ou plus (11% des ménages) ont, eux, fait main basse sur près de la moitié des logements (46%), tandis que les détenteurs de 20 logements ou plus contrôlent près de 2,5% du parc immobilier. A noter que plus les multipropriétaires possèdent de logements différents, plus il y a de chances qu’ils soient mis en location et/ou laissés vacants.

Le dossier comporte une approche géographique fine (par Iris), faisant apparaître une concentration élevée de logements appartenant à des ménages multipropriétaires cinq biens ou plus) dans le centre ancien et dense des grandes agglomérations comme Lille, Lyon, Paris ou Toulouse. « C’est le fait saillant de notre étude, mais notre base exhaustive nous permettra aussi de faire des prolongements sur le monde rural » assure Mathias André.

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