Peterfactors - stock.adobe.com

Dans la Meuse, l'IA au service de la détection des départs de feu

L’histoire est originale. Un pompier volontaire du SDIS de la Meuse a proposé d’expérimenter la technologie d’intelligence artificielle de XXII, jeune entreprise dont il est salarié, pour détecter les départs de feu le plus tôt possible.

Les départs de feu, dans les parkings souterrains par exemple, constituent une information importante pour les pompiers : comment va-t-il se propager ? Y’a-t-il un danger particulier dans ses environs ? Dégage-t-il beaucoup de fumée ? Quelle est la température environnante ? Autant de données auxquelles n’ont pas accès immédiatement les services de secours.

Dans le cadre d’une expérimentation, le Service Départemental d'Incendie et de Secours (SDIS) de la Meuse s’est associée avec XXII, spécialisée dans l’analyse d’image couplée à l’intelligence artificielle. Évidemment, cette analyse exige la présence de caméras : « l’idée est d’exploiter les images prises par les caméras de vidéosurveillance, que l’on trouve désormais à peu près partout dans les parkings souterrains ou dans les rues des villes », explique Damien Mulhem, Chief Data Officer et cofondateur de XXII.

Entraîner l’IA grâce à de vrais départs de feux

Pour les incendies, le SDIS de la Meuse teste deux applications. La première vise à effectivement détecter le départ d’un feu dans un parking, avec l’accord de l’opérateur des caméras de vidéosurveillance. « Mais si les pompiers, ou leurs véhicules d’intervention sont équipés d’une caméra, il est possible, lorsqu’ils sont sur site, de les avertir, en fonction du départ de feu, qu’il y a un risque d’explosion et donc de les inviter à reculer », indique le Lieutenant-Colonel David Hantzo du SDIS de la Meuse.

Pour l’anecdote, ce partenariat est né grâce à un collaborateur de XXII, jeune entreprise parisienne, également pompier volontaire dans la Meuse. Le rôle du SDIS est de fournir l’IA en images pour alimenter un premier outil qu’élabore XXII pour les parkings souterrains. « Par rapport aux sondes thermiques, les caméras pourront, grâce à l’intelligence artificielle, repérer un feu à ses prémices et déclencher aussitôt l’appel aux secours », explique le Lieutenant-Colonel.

Les pompiers s’entraînent régulièrement sur les feux automobiles. XXII profite alors de ces exercices pour alimenter son intelligence artificielle. Par exemple, l’application repère la couleur des flammes, ce qui permet de connaître l’origine de l’incendie (essence, gaz, bois, etc.).

Exploiter les caméras de vidéosurveillance pour d’autres usages

Pour Damien Mulhem, « l’objectif n’est pas d’installer des caméras, mais d’inventer d’autres applications que la surveillance pour les caméras déjà installées ». Reste que certains systèmes de vidéosurveillance commencent à dater : « pour les caméras très anciennes, qui fonctionnent sur des systèmes divers, analogiques et non numériques, l'analyse est différente. Mais elle est toujours possible ; la seule différence est le nombre de pixels. Quand on prépare nos modèles pour l’inférence, c’est-à-dire le travail d'apprentissage des modèles avant leur exécution depuis les caméras, on leur enseigne des systèmes de détection différents. Pour les mêmes images en full HD, nous entraîneront nos modèles sur une résolution divisée par 2, puis par 4, puis par 8… Évidemment, on atteint une limite si une personne n’est représentée que par trois pixels », relève Damien Mulhem.

La vision par ordinateur implique de l’apprentissage profond, ou deep learning, mais pas uniquement. Il existe d’autres méthodes de calcul qui ne nécessitent pas autant de données.

XXII travaille aussi avec des entreprises privées, notamment dans le secteur du recyclage et de la déchèterie. Dans ce domaine – le premier dans lequel XXII s’est impliquée –, la société a commercialisé 80 licences de son application pour les départs de feu dans les déchèteries, très fréquents. La détection du dépôt sauvage de détritus est aussi un domaine où XXII peut apporter son aide. Autre application envisagée : la détection des noyades, que ce soit dans les piscines ou sur certaines plages.

Pour approfondir sur Intelligence Artificielle et Data Science

Close