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Quotidien

Vélo : l’engouement des Français douché par des routes inadaptées

Vélos, illustration.

La Fédération des usagers de la bicyclette a publié son nouveau « baromètre des villes cyclables ». L’enquête montre un engouement des Français pour le vélo, mais des difficultés à en faire de manière sécurisée et confortable.

C’est une étude qui révèle une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne : il y a de plus en plus de Français intéressés par la pratique du vélo. La mauvaise : les routes du pays ne sont pas adaptées.

La Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) a publié, jeudi 10 février, les résultats de son baromètre des villes cyclables. Pour cette troisième édition, plus de 277 000 contributions ont été recensées – elles n’étaient « que » 113 000 en 2017 et 175 000 en 2019.

Alors que seulement 300 villes avaient été classées par le baromètre en 2017, puis 750 en 2019, ce sont cette fois plus de 1 600 villes qui ont été notées. Le but : juger leur niveau de sécurité et de confort à vélo.

« Ça veut dire que de plus en plus de gens s’intéressent à la mobilité à vélo, se réjouit Olivier Schneider, le président de la FUB contacté par Reporterre. Et pas seulement au cœur des métropoles, où il y a déjà des accès aux transports en commun, et où tout peut se faire à pied. » Les petites et moyennes communes ont été particulièrement représentées dans les résultats du baromètre, notamment en zone rurale.

De plus en plus de cyclistes non « militants »

Autre évolution depuis 2019 : le profil des répondants. Davantage de femmes ont contribué à l’enquête : 46 %, contre 42 % précédemment. « Parmi les répondants, de plus en plus de gens ne se décrivent pas comme experts du vélo, ajoute Olivier Schneider. Ce sont des personnes moins "militantes", donc plus exigeantes : elles ne veulent faire du vélo que si c’est possible dans de bonnes conditions. »

C’est là que le bât blesse. À l’échelle nationale, 64 % des répondants estiment que « les conditions pour l’usage du vélo sont mauvaises ». En cause : la proximité avec le trafic motorisé, le manque d’aménagements cyclables, de stationnements sécurisés… Des obstacles qui peuvent rebuter de potentiels futurs cyclistes à passer le cap.

La FUB souligne tout de même « des progrès dans toutes les villes, mais de manière très inégale ». Les municipalités qui avaient déjà travaillé sur ce sujet, et qui avaient élaboré un plan vélo avant les élections municipales de juin 2020 s’en sortent bien : elles ont eu le temps de livrer des améliorations concrètes dans l’espace public. « Dans les villes où il y a eu une nouvelle majorité politique, dans le regard de nos concitoyens, rien n’a encore changé, dit Olivier Schneider. Mais cela ne veut pas dire que rien n’est préparé. »

Grenoble en tête, Paris à la traîne

Dans la catégorie « grandes villes » (plus de 100 000 habitants), Grenoble (Isère) garde encore et toujours la première place. Elle est suivie de Strasbourg (Bas-Rhin) et de Rennes (Ille-et-Vilaine), deux villes déjà bien placées lors de la précédente édition. La chute est rude, en revanche, pour Paris : la capitale n’est que 12e sur 38.

« Dans un contexte de hausse inédite des déplacements à vélo dans la capitale (+ 67 % en 2020), permis notamment par le déploiement de cinquante kilomètres de "coronapistes" suite à la crise sanitaire, l’analyse des réponses du baromètre montre que les usagers du vélo réclament une politique vélo plus ambitieuse, en commençant par un réseau cyclable complet et sans coupure », a réagi l’association Paris en selle dans un communiqué.

Baromètre des villes cyclables.

Les villes de Saint-Aubin-de-Médoc (Gironde), Le Teich (Gironde) et Séné (Morbihan) sont sur le podium de la catégorie « Communes de banlieues » (plus de 3 000 habitants, appartenant à une métropole ou une communauté d’agglomération). Pour les villes moyennes (entre 15 000 et 100 000 habitants), La Rochelle (Charente-Maritime) arrive en tête, suivie de Bourg-en-Bresse (Ain) et Chambéry (Savoie).

Dans la catégorie « petites villes » (entre 5 000 et 15 000 habitants), Saint-Jean-de-Monts (Vendée) tire son épingle du lot et devance Val-de-Reuil (Eure) et Marseillan (Hérault). Pour les bourgs et villages (moins de 5 000 habitants), La-Tranche-sur-Mer (Vendée) est le leader, devant Vieux-Boucau-les-Bains (Landes) et Brétignolles-sur-Mer (Vendée).

La vélo-école de Montreuil (Seine-Saint-Denis), la plus ancienne de France. © Mathieu Génon/Reporterre

« Il ne faut pas se limiter aux villes, il faut créer des liaisons intercommunales »

« Donner l’accès au vélo, ce n’est pas juste rajouter une piste cyclable à Paris, poursuit Olivier Schneider. Il ne faut pas se limiter aux villes, il faut créer des liaisons intercommunales, changer l’organisation du territoire qui part du principe que tout le monde doit se déplacer en voiture. » Avec des mesures comme l’aménagement de vraies pistes en zones rurales – « pas juste un coup de peinture » –, d’intersections plus sécurisées, et l’abaissement de la vitesse.

La FUB propose également des mesures plus globales, à l’échelle locale comme nationale : multiplier par dix le financement du fonds vélo, mettre en place un système fiscal plus avantageux pour les cyclistes, l’obligation du forfait mobilité durable, le stationnement sécurisé dans les gares, ou encore l’apprentissage systématique de la bicyclette à l’école.

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