Les responsables politiques exhortés à diversifier les profils dans les exercices de participation citoyenne

Les exercices de budget participatif peuvent aider les citoyens à mieux comprendre les décisions politiques, selon les experts. [Shutterstock/Bangkok Click Studio]

Des experts et des militants de l’UE ont appelé à une participation plus diversifiée des citoyens aux outils de codécision, en soulignant le rôle clé des campagnes d’information dans la sensibilisation et le renforcement des compétences des citoyens.

Le budget participatif, qui consiste en une décision partagée entre le gouvernement et les citoyens sur la manière de dépenser une partie du budget local, est utilisé dans un nombre croissant de villes à travers l’Union européenne.

« Le budget participatif peut être un moyen efficace d’aligner les dépenses publiques sur les besoins réels de la communauté», a déclaré Marlène Siméon, directrice des opérations au Conseil des Communes et Régions d’Europe (CCRE), lors d’un événement mercredi (13 juillet).

Elle estime que la co-décision sur l’allocation des fonds pourrait également être « un moyen de naviguer entre les pressions conflictuelles de ressources financières en constante diminution et les demandes toujours plus nombreuses et complexes imposées aux collectivités locales et régionales ».

Les mécanismes de codécision sont de plus en plus courants au niveau de l’UE également. La Commission a récemment annoncé que les citoyens pourront peser sur la sélection des investissements de cohésion destinés à leur région.

Parallèlement, les militants appellent également à l’adoption d’une approche participative du budget de l’UE, en laissant les Européens décider directement de la manière de dépenser une partie des ressources de l’Union.

Le chemin tumultueux vers une participation citoyenne efficace

Consulter les citoyens sur les décisions qui les concernent, comme décider comment dépenser l’argent qui provient le plus souvent de leurs portefeuilles, est considéré comme un moyen d’accroître la confiance et la responsabilité à tous les niveaux du gouvernement.

Toutefois, des inquiétudes subsistent quant à la diversité des participants, car les jeunes, les personnes issues de l’immigration et les citoyens à faibles revenus ont tendance à ne pas prendre part à ces initiatives.

Aller au-delà des profils traditionels

L’un des ingrédients clés d’un budget participatif réussi est d’atteindre ceux qui ont moins l’habitude de participer, selon Mme Siméon.

« Il y a des citoyens qui sont déjà très actifs dans leur environnement local, dans leur municipalité », a-t-elle déclaré, exhortant les décideurs politiques à aller au-delà des profils traditionels et à essayer d’atteindre un plus grand nombre de participants.

« Il s’agit de proposer même des langues différentes, du contenu en braille, par exemple, des traducteurs en langue des signes, et il s’agit aussi de rendre les lieux de réunion accessibles, de prévoir des garderies pour que tous puissent participer. »

En outre, l’implication de ces communautés « nécessite également un certain renforcement des capacités pour ceux qui n’ont pas l’habitude de participer », a-t-elle ajouté.

Les compétences des citoyens

Toutefois, selon Elisa Lironi, directrice de programme au Service d’action citoyenne européenne, « les compétences des citoyens passent par la pratique ».

« Il existe un potentiel pour que ce type d’activités améliore les compétences des gens et leur compréhension du fonctionnement de l’élaboration des politiques. »

Par ailleurs, Mme Lironi a déclaré que le budget participatif aide les citoyens à comprendre comment les décideurs politiques décident d’allouer des fonds et quelles sont les responsabilités associées à ces décisions.

Parallèlement, les experts et les responsables politiques s’accordent à dire que l’information est essentielle pour mobiliser les citoyens moins actifs et les impliquer dans les décisions locales.

« La chose la plus importante lorsque nous mettons en œuvre ce type d’activité est vraiment de disposer de suffisamment de ressources à consacrer à la communication et au marketing », a déclaré Mme Lironi.

Investir dans le processus

András Farkas, directeur stratégique du groupe PONT, a souligné que toutes les ressources consacrées au budget participatif ne peuvent pas être utilisées pour mettre en œuvre les projets que les gens souhaitent.

« Il est très important de souligner que si vous disposez de 1 000 € pour établir un budget participatif, ces 1 000 € ne serviront pas en totalité à soutenir les projets votés au cours du processus », a déclaré M. Farkas, qui participe à un processus de budget participatif pour les jeunes à Cluj-Napoca, en Roumanie.

Il estime que pour que le budget participatif fonctionne, il est également important « de savoir comment le présenter, comment sensibiliser, comment informer les gens à ce sujet, comment les consulter dans le processus », a-t-il déclaré, ajoutant que « l’investissement est également nécessaire dans cette partie du processus. »

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