Emmanuel Macron a présenté, mardi 2 novembre, le contrat engagement jeune, une aide pour les 16-25 ans qui sont sans formation ou sans emploi. « Il s’agit d’une mesure simple : de l’engagement, de l’assiduité, de la motivation et un Etat qui vous accompagne » a-t-il déclaré sur le réseau social Facebook.
« Concrètement, dès le 1er mars, tous les jeunes de moins de 25 ans qui, sans formation ni emploi depuis plusieurs mois, s’inscriront pourront bénéficier de quinze à vingt heures d’accompagnement par semaine pour découvrir un métier, se former, trouver un apprentissage ou un emploi. Une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois pourra être versée sous condition de revenus, d’assiduité et d’acceptation des offres d’activité faites », a-t-il détaillé.
Son objectif est d’assurer, sur une durée de six à douze mois, un « accompagnement intensif et personnalisé avec un référent unique » pour les jeunes qui peinent à s’insérer dans le monde du travail, a fait savoir le premier ministre, Jean Castex, en déplacement dans une mission locale de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), mardi. Ce suivi sera en partie dispensé dans 900 agences de Pôle emploi et 1 400 missions locales, a-t-il précisé. La mesure refond et « harmonise » des dispositifs existants, notamment la garantie jeunes, gérée par les missions locales et qui peut durer de neuf à dix-huit mois, et l’accompagnement intensif des jeunes (AIJ) piloté par Pôle emploi, qui s’étend sur six mois maximum.
« Le contrat engagement jeune ne sera pas un dispositif de plus. Il remplace les nombreux dispositifs existant au sein d’un nouveau cadre commun à tous les opérateurs, fondés sur les mêmes règles, dotés de moyens renforcés, a expliqué le chef du gouvernement. Ces dispositifs existants ont tous une part d’efficacité, mais ils ont tous une part de limite. Ils ne misent pas assez sur la mise en activité des jeunes et sont trop cloisonnés. »
Contreparties
Ce dispositif devrait concerner « au moins 400 000 jeunes [entre 16 et 25 ans] en 2022 », a fait savoir M. Castex, à Vitry-sur-Seine. L’objectif étant d’atteindre entre 500 000 et 600 000 jeunes les années suivantes. Loin du million, voire plus, envisagé cet été, lorsque était évoquée la possibilité d’y inclure aussi des travailleurs précaires et la totalité des jeunes sans emploi ni formation. Son étendue a fait l’objet d’âpres négociations entre le ministère du travail, qui militait pour l’extension la plus large possible, et Bercy, qui cherchait à en limiter le coût.
S’inspirant de la garantie jeunes, un parcours intensif d’accompagnement individuel et collectif au succès reconnu, le projet d’un « contrat d’engagement » avait été annoncé le 12 juillet par M. Macron, d’abord sous la forme d’un « revenu d’engagement ». Le changement de terminologie (« contrat » au lieu de « revenu ») avait été décidé afin d’insister sur le conditionnement du versement de cette aide à l’accomplissement de devoirs par son bénéficiaire. Il se distingue en cela du revenu de solidarité active (RSA) pour les jeunes, réclamé depuis des années par de nombreuses associations, dont le versement aurait été dénué de toute contrepartie.
« Opération de communication »
Du côté de l’opposition, on critique notamment une « opération de communication » à six mois de l’élection présidentielle de la part de M. Macron. « La mesure est valable uniquement en 2022, a ainsi regretté Xavier Bertrand, candidat à l’investiture des Républicains (droite). On a un président qui ne se soucie pas du long terme, il fait campagne avec le chéquier de la France tous les jours, et ça c’est insupportable. » Le candidat de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a, lui, moqué sur son compte Twitter « le comble d’une farce cruelle pour les jeunes : peut-être 500 euros si vingt heures d’engagement. Cinq euros l’heure. (…) La Macronie est un paradis artificiel tout en com. » Pour le porte-parole des députés socialistes Boris Vallaud, « une fois de plus, le président semble faire mais fait semblant » et « beaucoup de jeunes resteront sans solution et dans la difficulté ».
Pour les associations et les syndicats, le compte n’y est pas non plus. « On est très loin des annonces du 12 juillet (…) et de l’ambition de garantie universelle portée par Elisabeth Borne lors de la remise du rapport du conseil d’orientation des politiques de jeunesse en janvier », a regretté Antoine Dulin, le président de la commission insertion jeunes de ce conseil. « Un million de jeunes », ça couvrait déjà « à peine les jeunes qui sont NEET [ni en emploi, ni en formation, ni en études]. Dès le départ, les ambitions étaient bien trop basses. Concernant les étudiants, rien n’est fait, rien n’est annoncé », a critiqué la présidente de l’UNEF, Mélanie Luce, sur RTL.
Contribuer
Réutiliser ce contenu