"Grande Sécu", un projet pour réformer l’assurance maladie : de quoi s’agit-il ?

Photo d’une carte vitale délivrée par l’assurance maladie prise le 4 janvier 2015. ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
Photo d’une carte vitale délivrée par l’assurance maladie prise le 4 janvier 2015. ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
Photo d’une carte vitale délivrée par l’assurance maladie prise le 4 janvier 2015. ©AFP - PHILIPPE HUGUEN
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Le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie a été chargé à l'été 2021, par le gouvernement, de mener une réflexion sur la couverture de l’assurance maladie et la mise en oeuvre dune "Grande Sécu". Il devrait livrer ses pistes fin novembre 2021. De quoi s'agit-il ?

Avec
  • Florence Jusot Économiste de la santé, professeure à l’université Paris-Dauphine, spécialiste de l’accès aux soins.

Etendre la sécurité sociale oui mais comment et à quel prix ? C’est la réflexion que mène actuellement le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie. Réflexion dont les conclusions devraient être soumises prochainement (fin novembre 2021) au gouvernement. L’idée est de faire évoluer le système de santé actuel et la prise en charge médicale, peut-être même de modifier la part de couverture assumée par les mutuelles. En quoi peut consister ce projet de réforme appelé "Grande Sécu" ? Quels en sont les enjeux ? 

Guillaume Erner reçoit Florence Jusot, économiste de la santé, professeure à l’université Paris-Dauphine, chercheure associée à l’IRDES, Institut de Recherche et Documentation en Economie de la Santé, spécialiste de l’accès aux soins. 

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Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

Origine et but du projet

Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie a donc été chargé par le gouvernement d'une réflexion sur la couverture de l'Assurance maladie, et devrait donner ses conclusions fin novembre. Pourquoi se lancer dans un tel chantier ?

Lors de la campagne électorale, il y avait déjà eu des débats sur ce genre de sujets. Pourquoi ? Parce que l'accès à des soins de qualité est une préoccupation importante des Français. Et avec la crise sanitaire, on s'est rendu compte que pour être actifs, agiles, pour rendre disponible des nouveaux soins pour tous, c'était plus facile d'avoir un seul payeur.

Et donc aujourd'hui, on se dit qu'il nous faut une "Grande sécu", mais qu'est-ce que cela veut dire, que la Sécu deviendrait "grande" ?

L'idée, ce serait d'avoir la Sécurité sociale, qui au lieu de prendre en charge (comme c'est le cas en moyenne) 80% des soins, prendrait en charge la totalité des soins au tarif de la Sécurité sociale, et donc il n'y aurait plus de ticket modérateur. Par ailleurs, elle pourrait également prendre en charge les soins optiques, dentaires et d'audioprothèse qui sont aussi aujourd'hui dans le package 100% Santé. Seuls ne seraient pas pris en charge par la Sécurité sociale : les dépassements honoraires, les soins plus honoraires que le 100% Santé...

L'aspect budgétaire

Quelles seraient les conséquences budgétaires d'une telle réforme ?

Aujourd'hui, les mutuelles et autres assurances paient 13% des soins, les ménages 7% et la Sécu 80%. L'idée serait d'augmenter le niveau de prise en charge par la Sécu pour diminuer le reste à charge des ménages, en particulier ceux qui n'ont pas de mutuelle, et de diminuer aussi la part financée par des complémentaires puisqu'une partie des gens qui aujourd'hui n'utilisent pas de soins avec dépassements d'honoraires n'auraient peut-être plus de complémentaire. Pour avoir cette "Grande Sécu", évidemment, cela implique d'augmenter les contributions et les taxes pour financer la Sécurité sociale grâce à la diminution de ce que paieraient les ménages sur leur reste à charge et leur assurance.

Vers plus de solidarité

C'est un système qui serait plus solidaire, moins inégalitaire ?

C'est certain. Cela permettrait à tout le monde d'avoir une complémentaire, alors qu'aujourd'hui, il y a 5% de la population qui n'en ont pas. Ensuite, cela permet d'être plus solidaire entre malades et bien-portants, entre générations, et puis aussi, de supprimer certaines inégalités. Cela permettrait aussi de couvrir des trous dans la raquette : beaucoup de gens ont encore des maladies qui ne sont pas prises en charge et qui se retrouvent avec de gros restes à charge.

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