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L’énergie osmotique : une idée ancienne qui a de l’avenir

Encore peu connue, l’énergie osmotique, mariage électrique entre eau salée et douce, présente bien des avantages. La société bretonne Sweetch Energy s’attelle à la développer.

Le 22/06/2022 par Lorine Toumia
L'énergie osmotique se libère naturellement à la rencontre entre eau douce et eau salée. Ici dans le Delta du Rhône.Crédit : CNR
L'énergie osmotique se libère naturellement à la rencontre entre eau douce et eau salée. Ici dans le Delta du Rhône.Crédit : CNR

Résultat électrique de la rencontre entre eau douce et eau salée, l’énergie osmotique, reste encore peu connue du grand public. A l’heure actuelle, elle représente seulement 0.1 % du mix énergétique mondial (énergies renouvelables, fossiles et nucléaire combinées). Son potentiel énergétique est pourtant énorme et très intéressant, car entièrement naturel et renouvelable. L’énergie osmotique se trouve en effet massivement dans tous les deltas, estuaires, ou embouchures de fleuve de la planète.

En France, l’énergie osmotique, qui a été découverte il y a plus de 60 ans aux États-unis, commence pourtant à peine à émerger au sein de la famille des énergies renouvelables . Notamment grâce à la société Sweetch Energy, une start-up bretonne porteuse d’une « technologie de rupture » en la matière. Créée en 2015 et basée à Rennes, la société a mis au point une technologie baptisée « Inod« . Son innovation combine les avancées des domaines de la nanofluidique (étude des écoulements au contact des objets, le tout à une taille équivalente à celle des molécules) et des matériaux écologiques à faible coût.

L'énergie osmotique est générée naturellement, ici par le Delta du Mississippi. Photo : European Space Agency
L’énergie osmotique est générée naturellement, ici par le Delta du Mississippi. Photo : European Space Agency

Eau douce et eau salée : une rencontre qui fait des étincelles

Cette technologie optimise le phénomène naturel de libération de l’énergie créée quand l’eau salée rencontre l’eau douce. Il s’agit de la séparation de deux solutions aqueuses de concentrations différentes, qui, lors de la recherche d’un équilibre entre les deux, entraîne un échange d’ions à travers la membrane, générateur d’électricité. Les technologies membranaires de transformation d’origine étaient en effet jusqu’à présent chères et inefficientes.

Une énergie durable produite en continu et 100 % propre

Pour déployer sa nouvelle technologie, la start-up collabore actuellement avec la Compagnie nationale du Rhône (CNR). « Un acteur majeur des énergies renouvelables, avec un tropisme fort pour l’innovation et qui exploite le fleuve le plus puissant de France« , explique le Nicolas Heuzé, directeur général et co-fondateur de Sweetch Energy dans une interview à France-Bleu.

Le premier site pilote utilisant cette innovation bretonne verra d’ailleurs le jour en 2023, dans le delta du Rhône. « À terme, c’est plus de 4 millions de MWh qui pourraient être produits, soit deux fois la consommation annuelle des habitants de la ville de Marseille“, ont annoncé la start-up et son partenaire la CNR.

Sweetch Energy a mis au point une technologie baptisée « Inod » afin d’optimiser la production d’énergie osmotique. Photo : © Sweetch Energy

Vers un déploiement à grande échelle de la filière

Les principaux atouts de cette énergie ? En plus d’être une énergie 100 % propre, elle peut fournir de l’électricité en continu. L’osmotique répond aussi aux besoins de base du réseau électrique au même titre que l’hydroélectricité. « Chaque année, environ 30 000 TWh d’énergie osmotique sont générés par les deltas et les estuaires du monde entier; soit une capacité supérieure à la demande mondiale d’électricité« , affirme Sweetch Energy.

Récemment, la société Une Rivière Un Territoire Financement, filiale du groupe EDF, a attribué un financement de 2 millions d’euros à l’entreprise bretonne. Le but ? Contribuer au déploiement à grande échelle de l’énergie osmotique en France et à l’international. Une somme qui lui permettra très certainement de poursuivre le déploiement de sa filière industrielle.

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