SOS Médecins : 5 minutes pour comprendre les raisons de la grève

Les 63 associations sont en arrêt total de leurs activités depuis 8 heures ce lundi, pendant 24 heures. Elles réclament une augmentation du tarif des visites à domicile.

Un accord conclu au cours de l’été et dont SOS Médecins a été exclu a mis le feu aux poudres. AFP/Fred Tanneau
Un accord conclu au cours de l’été et dont SOS Médecins a été exclu a mis le feu aux poudres. AFP/Fred Tanneau

    Impossible de joindre SOS Médecins ce lundi. « En cas d’urgence, contactez le 15 », prévient un message vocal automatique à l’autre bout du téléphone. Les 1300 professionnels de la fédération d’associations de médecins libéraux sont en effet en grève depuis ce 27 septembre 8 heures, et ce pendant 24 heures. Leur objectif : « alerter les Français sur la disparition programmée de la visite à domicile » et obtenir une augmentation du tarif des visites à domicile. On vous explique pourquoi.

    Pour quelles raisons font-ils grève ?

    La demande n’est pas nouvelle. « Ça fait des années qu’on réclame une revalorisation de notre tarif de visites, qu’on montre que le service est pertinent », explique au Parisien Pierre-Henry Juan, président de SOS Médecins Lyon et ancien président de la fédération nationale, qui compte 63 associations réparties sur le territoire. L’indemnité de déplacement de 10 euros pour les visites de jour n’a pas évolué depuis « plus de quinze ans ». « Les moyens alloués à la visite à domicile sont insuffisants au regard des besoins des Français et du vieillissement de la population », assène-t-il.

    Un accord conclu au cours de l’été a mis le feu aux poudres. Signé le 30 juillet entre trois associations de médecins -MG France, Avenir Spé-le Bloc et la CSMF- et l’Assurance maladie, l’avenant 9 à la convention médicale de 2016 prévoit notamment la revalorisation des visites à domicile pour les patients de plus de 80 ans en affection longue durée, soit les personnes âgées en situation de dépendance atteintes de maladies chroniques. Les médecins traitants pourront ainsi percevoir 70 euros, contre 35 euros aujourd’hui, quatre fois par an. Problème, estime SOS Médecins : la fédération a été exclue de l’accord.

    « La visite à domicile est pourtant notre cœur de métier ! » souligne le Dr Pierre-Henry Juan, qui « ne comprend pas du tout » cette mise à l’écart. « Tout le monde est concerné, sauf les spécialistes du secteur… C’est comme si, à l’Education nationale, on revalorisait les salaires des fonctionnaires qui travaillent dans les académies ou les rectorats, mais pas ceux des professeurs sur le terrain », compare le président de SOS Médecins Lyon.

    « Est-ce une attaque délibérée contre SOS Médecins ? Est-ce une ignorance de notre pratique ? Est-ce parce que nous n’avons pas de représentation syndicale spécifique ? » a interrogé début août l’organisation dans un courrier adressé à Emmanuel Macron, et dans lequel elle assure que le ministre de la Santé Olivier Véran avait « donn (é) le gage », en juin, d’inclure la revalorisation de la visite.

    Quelles sont leurs inquiétudes ?

    Face à une société vieillissante, les professionnels de SOS Médecins sont désormais en « flux tendu ». « On effectue de plus en plus de visites, notre activité a augmenté de 60 % en dix ans alors que la démographie médicale est en chute libre et que celle de la population augmente », constate Pierre-Henry Juan. Ce paradoxe risque, « si rien n’est fait », d’être « vecteur de désengagement » auprès des médecins. « On aura plus difficultés à recruter », prévient-il.

    Selon l’organisation, une réduction des effectifs aurait pour conséquences d’accroître l’engorgement des urgences hospitalières. « Dans 90 % des cas, nos visites permettent un maintien à domicile du malade », affirme Pierre-Henry Juan.

    Et le médecin de rappeler que le coût moyen d’un transfert en ambulance s’élève à 115 euros, quand le tarif de base du déplacement d’un professionnel de SOS Médecins coûte 35 euros. « Sans notre service, conventionné secteur 1 (pas de dépassement d’honoraire), on va se retrouver avec une médecine à deux vitesses, où seuls les plus aisés pourront se permettre une visite à domicile », alerte-t-il.

    Que demande SOS Médecins ?

    Les 63 associations demandent à porter la valeur de la visite urgente en journée à 57,60 euros, « comme cela avait été mis en place à une période de la crise sanitaire », précisent-elles. « Une visite à domicile nous prend en moyenne trois quarts d’heure. Dans le même temps, un médecin généraliste reçoit trois à quatre patients », justifie Pierre-Henry Juan.

    La fédération réclame également « l’alignement de l’indemnité de déplacement à 10 euros quel que soit l’horaire » et l’intégration des médecins à toutes les revendications de la profession.

    Et après ?

    La suite du mouvement, censé prendre fin mardi 28 septembre à 8 heures, « dépendra des discussions à venir » avec les autorités sanitaires, indique président de SOS Médecins Lyon. Une chose est sûre, « tant que les choses ne changeront pas, on restera sur nos positions », affirme-t-il. Contacté ce lundi, le ministère de la Santé n’avait pas encore donné suite à nos sollicitations.