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Doit-on préférer l'eau en bouteille ou l'eau du robinet pour notre santé ? Si cette question est plutôt tranchée d'un point vue environnemental, la conclusion est bien plus ardue lorsque l'on s'intéresse aux nombreux contaminants de l'eau : nitrates, pesticides, médicaments, métaux lourds, microplastiques qui souillent maintenant tous les écosystèmes.

Environ 50 fois plus chère que l'eau du robinet[1], à l'origine de 150 000 tonnes de déchets plastiques par an en France, l'eau embouteillée ne serait pas franchement justifiée. Et pourtant, de nombreux composants chimiques polluent l'eau du robinet : chlore, substances médicamenteuses, pesticides, microplastiques, hydrocarbures, nanoparticules... "Aujourd'hui, cet effet « mélange de molécules » mobilise des programmes de recherches spécifiques se déroulant dans le monde entier." précise le Centre d'Informations sur l'Eau (CIEAU). Or, ces nouveaux polluants ne sont pas mesurés ou non divulgués par les analyses publiques du contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation humaine, alors qu'il est conseillé de boire environ 1,5 litre d'eau par jour.

D'après le baromètre IFOP du 22/11/2021 pour le compte de Sénéo, 2e syndicat producteur et distributeur d'eau potable de France, 81 % des clients interrogés consomment de l'eau du robinet et 64 % de l'eau en bouteille. Par ailleurs, 94 % estiment que l'eau du robinet est contrôlée et 87 % ont confiance en elle.

L'eau du robinet contient des pesticides et des nitrates

Les pesticides dans l'eau du robinet

Plus de 90 % des cours d'eau en France sont contaminés par des pesticides, pesticides que l'on retrouve ensuite dans l'eau du robinet, comme en témoigne une analyse urinaire de détection du glyphosate effectuée en 2019 chez une personne qui ne mange que des produits bio mais boit de l'eau du robinet. Ses résultats ont montré une contamination assez élevée en glyphosate.

Un rapport publié mi-juin 2020 par Générations Futures montre la difficulté et les limites dans la détection de pesticides dans l'eau du robinet en France. Par exemple, dans l'Aisne, une dizaine de pesticides sont recherchés, alors que dans les Bouches-du-Rhône, ce sont plus de 550 pesticides différents qui ont été recherchés dans chaque prélèvement ciblant les pesticides, ce qui fausse grandement les résultats.

Tous les 3 ans environ, l'ANSES fait des campagnes pour détecter d'autres substances chimiques non contrôlées régulièrement. L'enquête 2023 a révélé des pesticides problématiques interdits et même des explosifs et du solvant...

Cela dit, sur les pesticides recherchés, le travail d'analyse des données de Générations Futures montre que 35 % des analyses réalisées en France détectent des pesticides. Ce sont majoritairement des perturbateurs endocriniens suspectés : 56,8 % des quantifications de résidus de pesticides. Les pesticides ayant des propriétés Cancérogène, Mutagène, Reprotoxique (CMR) sont aussi très présents : 38,5% des quantifications de résidus de pesticides.
Au total, plus des 3/4 des pesticides retrouvés dans l'eau du robinet sont de type CMR ou PE.

« Etant donné le potentiel d'action à faible dose sur le long terme des perturbateurs endocriniens, Générations Futures considère ces données comme inquiétantes car elles attestent d'une exposition continue à des faibles doses de ces PE par l'eau de consommation », explique François Veillerette – Porte parole de l'association.

Hypominéralisation des Molaires et Incisives chez les enfants

L'exposition chronique aux pesticides, notamment via l'eau du robinet multiplie les cas d'Hypominéralisation des Molaires et Incisives (MIH). "Sa description clinique ne date que de 2001. Elle est caractérisée par la présence de tâches opaques irréversibles de l’émail des molaires et incisives définitives" (Réseau Santé Environnement).
Près de La Rochelle, où des taux records de contamination aux pesticides ont été enregistrés en 2021, plusieurs dentistes constatent une forte occurrence de ce phénomène chez les enfants, qui pourrait être lié à la consommation d'eau du robinet.

Enfin, les métabolites, nombreux sous-produits toxiques issus des pesticides, ne sont pas pas recherchés, tout simplement par incapacité technique.

Et dans l'eau en bouteille ?

D'après les réponses que nous avons reçues des professionnels des eaux en bouteille et selon une étude de 2015, l'eau en bouteille ne contiendrait pas ou très peu de pesticides : sur 40 marques d'eaux minérales naturelles et d'eaux de source, les 13 000 analyses réalisées montrent que 78 % des échantillons testés ne présentent aucune nano-trace de pesticides et que ceux qui en contiennent ont des teneurs 2 fois inférieures au seuil réglementaire et en moyenne dix fois inférieures à celles observées en moyenne dans l'eau du robinet.
"Pour saisir l'échelle infinitésimale de ces traces, on estime qu'elles représentent des teneurs 200 fois inférieures au seuil maximum admis pour les pesticides dans les produits alimentaires, y compris les produits bio", précise la Fédération Nationale des Eaux Conditionnées et Embouteillées.

Les nitrates dans l'eau potable

En 2015, 61,8 % de la population française disposait d'une eau de distribution avec une concentration maximale en nitrates[1] inférieure à 25 mg/L (Ministère de la Santé, 2016). Autrement dit, 38 % des Français pouvaient boire une eau du robinet avec des valeurs en nitrates comprises entre 25 et 50 mg/l, là où la plupart des eaux en bouteille (eaux minérales naturelles et eaux de source) restent en dessous de 5 mg/l.

Les nitrates proviennent des activités agricoles. Le nitrate en lui-même n'est pas toxique. C'est la transformation des nitrates en nitrites qui peut, potentiellement, avoir un impact négatif sur la santé. L'exposition aux nitrites inhibe la capacité du corps à absorber l'oxygène et peut conduire au dangereux syndrome du bébé bleu (méthémoglobinémie). Le nitrate dans l'eau potable est également soupçonné de causer d'autres maladies chroniques, y compris le cancer de l'intestin.

En outre, plus il y a de nitrate dans l'eau potable des mères, moins les bébés qui naissent sont bien portants et grands. C'est ce que montre une étude publiée en mars 2021 qui se base sur les registres de plus de 850 000 naissances au Danemark. Ainsi, les bébés nés de mères dont l'eau de boisson contient entre 25 et 50 milligrammes de nitrates par litre - soit de la moitié de la valeur seuil actuelle pour l'UE - pèsent en moyenne 10 g de moins et sont légèrement plus petits, mais la taille de leur tête n'est pas affectée par la quantité de nitrate.
"La différence de longueur corporelle et de poids ne semble pas énorme à la naissance car elle ne représente en moyenne que dix gammes, mais ce n'est pas négligeable si le nouveau-né souffre d'une insuffisance pondérale pour d'autres raisons. Le poids à la naissance est généralement reconnu comme ayant un impact sur la santé et le développement d'une personne tout au long de sa vie", précise Torben Sigsgaard, qui a dirigé cette recherche.

Des médicaments dans l'eau du robinet

Selon la publication Pharmaceutical Residues in Freshwater: Hazards and Policy Responses de l'OCDE, les risques environnementaux liés à la grande majorité des quelque 2 000 principes actifs employés actuellement dans les produits pharmaceutiques à usage humain ou vétérinaire n'ont jamais été évalués. Et plusieurs douzaines de nouveaux principes actifs sont en général homologués chaque année...

Les plus préoccupants sont les hormones, les antidouleurs, les antidépresseurs et les antibiotiques.
Après avoir ingéré un médicament, les humains ou les animaux excrètent entre 30 et 90 % de ses composants sous forme de substances actives qui se répandent dans les réseaux d'assainissement ou dans l'environnement. Or, les stations d'épuration classiques ne sont pas conçues pour supprimer les produits pharmaceutiques et la présence de résidus dans les ressources en eau n'est pas systématiquement contrôlée.

Etant donné que les produits pharmaceutiques sont conçus pour interagir avec les organismes vivants à petite dose, même de faibles concentrations peuvent nuire aux écosystèmes d'eau douce et à la santé des humains.

Les eaux en bouteille ne présentent aucune trace de médicament ou d'hormone, selon l'étude de 2015.

Les antibiotiques

Avec l'administration massive d'antibiotiques chez les humains et les animaux d'élevage, les eaux de surface présentent des concentrations très importantes en antibiotiques. D'après une étude de l'Université de York, 65 % des échantillons prélevés dans 72 pays à travers le monde présentent des traces d'antibiotiques avec des niveaux qui peuvent atteindre jusqu'à 300 fois les valeurs considérées comme "sûres" (cas du Bangladesh) !

En France, une étude publiée en 2016 par des chercheurs de l'ANSES et de l'Université de Fribourg a mis en évidence la présence de gènes de résistance de la bactérie Escherichia coli dans de l'eau potable.

Or, ces substances chimiques - à l'origine de l'apparition de bactéries résistantes que la médecine ne peut pas traiter - ne sont pas encore réglementées et encore moins éliminées de l'eau du robinet, tout comme un nombre toujours plus important de médicaments qui finissent dans le réseau d'eau potable.

Quid de l'aluminium dans l'eau du robinet ?

Autre sujet d'inquiétude : l'aluminium, un métal présent naturellement sur Terre que l'on retrouve partout : dans les organismes vivants, le sol, l'eau... Sa concentration dans l'eau du robinet, non renseignée dans les analyses, a fait l'objet de suspicions quant à son lien avec la maladie d'Alzheimer qui touche maintenant 900 000 personnes en France. En fait, dans l'état actuel des études sur la question : "il ne peut être envisagé d'association causale entre l'exposition à l'aluminium via l'eau du robinet et maladie d'Alzheimer", a réaffirmé l'ARS en 2014.

De l'arsenic dans l'eau du robinet ?

Selon une étude menée par un groupe de chercheurs de l'Environmental Working Group (EWG) effectuée en Californie de 2010 à 2017, la consommation d'eau du robinet aux Etats-Unis pourrait être à l'origine de centaines de milliers de cancers.
En cause : la présence d'arsenic mais aussi de produits désinfectants dans l'eau du robinet, pourtant censée être surveillée.

Mais les puits privés (14 % des américains en utilisent pour boire) ne sont pas réglementés et pourraient présenter des niveaux plus élevés en arsenic. Selon la plus grande étude épidémiologique sur l'arsenic et les naissances aux Etats-Unis, à ce jour (juin 2022), des chercheurs de l'Université de l'Illinois à Chicago ont estimé que des concentrations d'arsenic dans les puits privés dépassant 10 microgrammes par litre - la norme suivie par le gouvernement fédéral - seraient associés à une réduction de 2,8 g du poids des bébés à la naissance, par rapport à la moyenne.

"L'arsenic est connu pour sa forte toxicité générant des troubles digestifs graves pouvant entraîner la mort. L'arsenic a été d'ailleurs longtemps utilisé comme poison mortel avec une dose létale comprise entre 70 et 180 mg. D'autres toxicités ont été découvertes, notamment le risque vasculaire et le risque sur l'athérosclérose carotidienne découverte en 2002. L'arsenic est surtout un cancérogène entraînant des cancers de la peau et des cancers internes." (La qualité de l'eau et assainissement en France, 2003)

En France aussi, l'arsenic est retrouvé dans l'eau du robinet en quantités variables suivant la géographie des stations de pompage. Si l'arsenic est suivi très régulièrement pour les grandes villes, ce n'est pas le cas pour les plus petites villes où la population peut donc être exposée en fonction de sa localisation. En effet, l'arsenic provient du sol et se retrouve principalement dans les roches anciennes, granitiques (Vosges, Bretagne, Corse...) ou les roches volcaniques (Massif Central) mais aussi des carrières, y compris les plus anciennes.

A ce titre, les eaux minérales ne sont pas exemptées d'arsenic et ce sont les eaux bicarbonatées gazeuses qui en contiennent le plus (Anses, 2008).

L'eau du robinet altérée par l'état des canalisations

En 2016, l'association Que Choisir publiait une enquête alarmante sur la qualité réelle de l'eau du robinet en ajoutant un critère important : l'état des canalisations qui délivrent l'eau courante et la présence de composants toxiques comme le plomb, le cuivre, le nickel et le chlorure de vinyle. Si l'initiative est louable, elle manque cruellement de points de contrôle comme le souligne Que Choisir : "pour la recherche du plomb, du cuivre, du nickel, du chlorure de vinyle et de l'épichlorhydrine, le prélèvement de l'eau se fait fréquemment au robinet des consommateurs. Par conséquent, leur présence dans une analyse ne signifie en aucun cas que cette pollution affecte l'ensemble du réseau ou de la ville, car elle peut ne concerner par exemple que certains branchements du réseau, certains immeubles ou logements." Ce qui signifie que la qualité de l'eau du robinet dépend principalement de l'état des canalisations en aval, dans notre logement.

De l'eau du robinet radioactive ?

L'Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest (ACRO) a jeté un pavé dans la mare en montrant que plus de 268 communes en France délivrent une eau du robinet qui contient du tritium (un hydrogène radioactif rejeté par les installations nucléaires) et que pas moins de 6,4 millions de personnes sont alimentées par une eau contaminée au tritium.

Carte à l'appui, de nombreuses communes d'Ile-de-France et des Pays de la Loire sont concernées (Paris, Colombes, Les Ulis, Noisy-le-Grand, Corbeil-Essonnes, Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes...).

En cause : les installations et centrales nucléaires installées le long de la Seine et de la Loire qui rejettent des éléments radioactifs dans l'eau.

Heureusement, aucune valeur mesurée ne dépasse le critère de qualité fixé à 100 Bq/L instauré par les autorités sanitaires, sauf à Saumur où des doses de 310 Bq/L ont été mesurées : l'Institut de Radioprotection et de Sureté Nucléaire (IRSN) s'est emparée du sujet mais ne parvient pas à expliquer cette concentration qui ne serait pas à imputer aux centrales nucléaires...

Dans tous les cas, la présence de tritium dans l'eau potable ne chiffonne pas Jean-Michel Bonnet, le directeur de la santé de l'IRSN : "en consommant deux litres d'eau par jour pendant un an contenant 10 000 Bq/l de tritrium, la dose de radiation à laquelle on s'expose équivaut à celle reçue au cours d'un vol Paris-Tokyo. Cette exposition est dix fois plus faible que la dose reçue par le corps humain lorsqu'il est soumis à un examen médical par scanner."

Pour l'ACRO, il ne s'agit pas d'apeurer la population qui boirait une eau dangereuse pour la santé mais de sensibiliser nos décideurs sur les conséquences d'un accident nucléaire majeur en France : "en cas d'accident grave sur une des centrales nucléaires sur la Seine, la Vienne ou la Loire, il n'y aura pas que le tritium rejeté et ce sont des millions de personnes qui risquent d'être privées d'eau potable. Comment les autorités vont-elles faire pour assurer les besoins vitaux de ces personnes ? Aucun plan n'est disponible pour le moment."

Les parasites dans l'eau du robinet

L'eau du robinet peut également contenir des parasites comme ces cas de "cryptosporidiose" identifiés depuis début octobre 2019 dans l'ouest des Alpes-Maritimes.

"La Cryptosporidiose est une infection du tube digestif due à un parasite appelé le « cryptosporidium ». Ce parasite est présent naturellement dans l'environnement (les taux d'infection varient de 0,6 à 2 % dans les pays industrialisés). La contamination de l'homme se fait soit par contact direct avec un animal ou un humain porteur du parasite présent dans les selles, soit de façon indirecte par consommation d'eau ou d'aliments contaminés.", précise l'ARS PACA

Si les symptômes de cette maladie (diarrhée, avec parfois vomissements, fortes douleurs abdominales, fatigue et légère fièvre) ne sont guère agréables, cette maladie reste généralement bénigne.

Les précipitations intenses peuvent conduire à la contamination des rivières où est puisé l'eau potable.

L'eau du robinet, tout comme les eaux embouteillées sont contrôlés par les producteurs, les distributeurs et les autorités sanitaires.

Et si le chlore était le principal polluant de l'eau du robinet ?

Il est légitime de s'interroger sur l'impact singulier et multiple du chlore, traitement le plus utilisé pour la potabilité de l'eau – car le moins coûteux – et dont on ne parle curieusement presque jamais. Le chlore est-il vraiment si efficace que cela ? Pourrait-on le remplacer voire s'en passer ? Notre article sur le chlore fait le point.

De l'oxyde de graphène dans l'eau ?

Suite à la crise liée à la pandémie de COVID-19 et à l'imposition de "vaccins" aussi inefficaces que dangereux, des expériences "maison" - avec une électrolyse et un aimant - ont été réalisées sur les eaux en bouteille et du robinet pour tenter de prouver la présence d'oxyde de graphène, un composant caché dans les "vaccins".

Ces expériences montrent simplement que les électrodes s'érodent, attaqués par le courant électrique et forment donc un dépôt. "Les dépôts de couleur qui se forment dans les eaux sont en fait l'électrode en acier ou en fer qui se dissout sous l'action du champ électrique", précise Hervé Gallard, professeur à l'Institut de chimie des milieux et des matériaux de l'université de Poitiers sur France Info.

En outre, la toxicité prétendue des nanoparticules d'oxyde de graphène n'est pas encore claire d'autant plus qu'elles sont rapidement éliminées par l'organisme (Réinfocovid, 09/2021)

Les bouteilles d'eau peuvent-elles libérer de la dioxine ?

Selon une rumeur, les bouteilles d'eau exposées à une chaleur excessive, par exemple dans une voiture, libéreraient de la dioxine.

La Chambre Syndicale des Eaux Minérales rappelle qu'il n'y a pas de dioxine dans le plastique des bouteilles d'eau (PET) composées exclusivement de polyéthylène téréphtalate, un matériau chimiquement inerte homologué pour le contact alimentaire.

En effet, la dioxine se forme à partir d'atomes de chlore à la chaleur. Or, il n'y a pas de chlore dans les bouteilles d'eau en PET. De plus, la dioxine n'est pas soluble dans l'eau. En aucun cas, il ne peut y avoir présence de dioxine dans l'emballage ou dans l'eau des bouteilles.

Par contre, comme beaucoup d'autres produits alimentaires, les bouteilles d'eau doivent être conservées à l'abri de la chaleur, ce qui est rappelé sur les emballages, et ceci uniquement pour éviter la pénétration des odeurs extérieures. Une bouteille exposée à la chaleur ne présente donc aucun danger pour la santé.

Comment vérifier la qualité de son eau du robinet ?

Le site web dédié du Ministère de la Santé, donne un aperçu de la qualité de l'eau du robinet.

La qualité est plutôt bonne en général mais souffre d'analyses non homogènes au niveau national (pour les pesticides - cf. Rapport de Générations Futures).

80 % de l'eau du robinet contient du plastique

Depuis 1950, année où le plastique fait son apparition dans notre vie quotidienne, nous avons produit et consommé à l'échelle mondiale 8,4 milliards de tonnes de plastique (plus de 1 million de fois le poids de la tour Eiffel). Une étude publiée en 2017 dans Science Advances montre que 6,3 milliards de tonnes de ces déchets sont des plastiques très peu biodégradables, qui s'accumulent dans les milieux et sont transportés vers l'océan par les cours d'eau.

Aujourd'hui, on trouve des morceaux de plastique, mais aussi des fibres textiles partout, jusqu'aux plus hauts sommets et dans tous les milieux : air, sol, eau comme en témoignent les fameux "continents de déchets" présents dans les gyres océaniques.
Résultat : toute la chaine alimentaire est contaminée, du minuscule zooplancton aux thons en passant par les oiseaux et l'Homme...

C'est donc en toute logique que l'on retrouve des microplastiques dans notre eau du robinet ! C'est l'objet d'une enquête intitulée "Invisibles" menée par le média Orb et un chercheur de l'école de santé publique de l'Université du Minnesota (Etats-Unis) sur les 5 continents du globe.

Le constat est édifiant : à l'échelle mondiale, 83 % des eaux du robinet sont polluées par des microplastiques et donc quasiment toute notre alimentation puisque l'eau entre dans la préparation de nombreux plats...

Zone géographique % d'eau du robinet contaminée
Etats-Unis 94 %
Beyrouth (Liban) 94 %
New Delhi (Inde) 82 %
Kampala (Ouganda) 81 %
Jakarta (Indonésie) 76 %
Quito (Equateur) 75 %
Europe 72 %
Contamination de l'eau du robinet dans le monde
Crédit : Orb

Notons qu'en avril 2017, une équipe de chercheurs malaisiens de l'université Putra Malaysia a analysé différents sels vendus dans le commerce à travers le monde et là aussi, presque tous contenaient des microplastiques : 40 % de polypropylène (PP) et 33,3 % de Polyéthylène (PE).

D'où proviennent ces microplastiques ?

On a longtemps considéré qu'ils provenaient principalement de la dégradation des macro-déchets de plastique abandonnés dans la nature (sacs, bouteilles, emballages divers...) mais ils sont également constitués de fibres issues de l'abrasion quotidienne des vêtements, de leur lavage en machine, des tapis, de l'usure des pneus, des peintures, des microbilles utilisées en cosmétique... Une étude menée à Paris en 2015 avait montré que 3 à 10 tonnes de microplastiques se déposent chaque année sur le sol de la capitale française, précise l'enquête d'Orb.

Microplastiques : doit-on préférer l'eau en bouteille ?

Pas si sûr, à en croire les résultats d'une analyse publiée en mars 2018 par Orb. L'eau de 259 bouteilles différentes provenant de 9 pays (Chine, USA, Inde, Indonésie, Mexique, Brésil...) a été analysé et 93 % d'entre elles étaient contaminées par des microplastiques !
En moyenne, ce sont plus de 10 particules de microplastiques de plus de 100 µm par litre d'eau en bouteille qui ont été trouvées, c'est deux fois plus que dans l'eau du robinet.

En France, un rapport d'analyse publié en juillet 2022 confirme la présence de microplastiques dans les eaux embouteillées les plus vendues : Badoit, Carrefour, Cristaline, Evian (50 cl et 1 litre), Perrier, Vittel (33 cl et 1 litre), Volvic.
Sur 9 eaux analysées, 7 contiennent des microplastiques dans des quantités toutefois modestes : 3,5 microplastiques en moyenne par litre, sauf pour la Vittel Kids (destinée aux enfants) qui en contient 121 !

Au total, le laboratoire mandaté pour cette étude a mis en évidence quatre types de plastiques différents. Au vu de leur nature, il semble que l'essentiel de ces microplastiques proviennent de la bouteille, du bouchon et du processus d'embouteillage. Soumises à de fortes chaleurs et à la lumière, ces bouteilles d'eau pourraient relarguer des quantités de microplastiques encore plus importantes.

Les particules retrouvées dans l'eau en bouteille sont différentes : alors que les fibres constituent 97 % des microplastiques retrouvés dans l'eau du robinet, ils ne composent que 13 % des particules contenues dans l'eau embouteillée, le reste étant des fragments de plastique et principalement du polypropylène qui entre dans la composition des bouteilles elles-même.
Ceci signifie que la source principale des particules de microplastiques peut provenir du processus industriel de mise en bouteille de l'eau, voire même de la simple ouverture de la bouteille par le consommateur.

Les bouteilles en plastique (PET), 100% recyclables, ne contiennent pas de phtalates mais probablement des additifs visant à conférer certaines caractéristiques au plastique (couleur, souplesse) mais qui sont inconnus car soumis au secret commercial.

En outre, n'oublions pas de contribuer au recyclage des déchets plastique : une seule bouteille en plastique de 1 litre jetée dans la nature peut se morceler en microplastiques qui, alignés, forme une ligne de 1,6 km de long !

Et malheureusement, ces microplastiques, invisibles à l'oeil nu, ne se dégradent pas et ne peuvent être récupérés ni détruits... Ils perdureront pendant des siècles sous forme microscopique voire nanoscopique, affectant tous les milieux et tout le vivant de notre planète avec des conséquences que l'on ne mesure pas encore.

Microplastiques dans l'eau potable : un risque pour la santé ?

En théorie oui, car les microplastiques contiennent ou favorisent l'adsorption de composés chimiques persistants et toxiques, qui vont ensuite s'accumuler dans nos tissus et favoriser l'apparition de cancers et maladies, indique l'étude. Mais les premières recherches concernant les effets sur la santé des microplastiques ne font que commencer et l'on ne sait pas encore si les législateurs iront jusqu'à établir une valeur limite de concentration en microplastiques dans notre eau. Ne parlons même pas des études sur notre exposition aux nanoplastiques, qui appartiennent encore au futur.

Chaque semaine, nous ingérons 5 grammes de plastique, soit l'équivalent d'une carte de crédit, via l'eau que nous buvons et des aliments comme les produits de la mer, le sel, la bière…

Si les microplastiques ont été détectés partout : eau de mer, eaux usées, eau douce, nourriture, eau embouteillée et eau du robinet, un rapport de l'OMS publiée en août 2019 se veut rassurant à la lumière des études actuelles, pourtant encore très lacunaires et pas toujours très fiables, dixit le rapport.
Ainsi, les quantités actuelles de microplastiques dans l'eau ne sont actuellement pas une source de préoccupation pour la santé.

"La surveillance des microplastiques dans l'eau de boisson n'est pas recommandée pour le moment, car rien n'indique qu'il y ait un risque pour la santé humaine (...) Cependant, pour les chercheurs, il serait approprié de mener des études d'investigation ciblées, bien conçues et contrôlées par la qualité afin de mieux comprendre les sources et la présence de microplastiques dans les eaux douces et les eaux de boisson (...) En outre, une meilleure compréhension de l'absorption et du devenir des microplastiques et des nanoplastiques après leur ingestion est nécessaire. Enfin, étant donné que les êtres humains peuvent être exposés aux microplastiques par le biais d'une variété de milieux environnementaux, y compris les aliments et l'air, une meilleure compréhension de l'exposition globale aux microplastiques provenant plus largement de l'environnement est nécessaire." résume le rapport.

Le recyclage des bouteilles d'eau

La fabrication d'une bouteille d'eau est très énergivore et nécessite des combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz) mais aussi de l'eau. C'est pourquoi, sa recyclabilité est essentielle. Or, en 2019, le taux de collecte des bouteilles d'eau était de seulement 57 % en France (ADEME), ce qui signifie que 43% des bouteilles finissent incinérées, enfouies ou dans la nature.

Depuis 2021, les bouteilles d'eau VITTEL, HEPAR et CONTREX (groupe Nestlé Waters France) sont fabriquées à partir de plastique recyclé. Les bouteilles VITTEL sont même maintenant 100 % fabriquées à partir de plastique recyclé.

Notes

  1. En 2022, le prix moyen de l'eau du robinet en France est d'environ 0,00414 euro le litre, contre environ 0,20 euro le litre pour de l'eau en bouteille. L'eau en bouteille est donc environ 50 fois plus chère que l'eau du robinet.

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Questions / réactions (23)


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domme dommeIl y a 1 an

donc.... il faudrait ...  prendre de l'eau minérale ou de source en bouteille... et  la filtrer sur des cartouches de céramique remplie de charbon et de fibre de coco...

ou de l'eau de pluie s'il pleut...

ou trouver une ''vraie source'' accessible et non pollué par ex de l'eau de station thermale....  

...  un bon verre d'eau ! merci ! 

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labor omnia vincit improbus labor omnia vincit improbusIl y a 2 ans

Bonsoir.

Qu'en est-il de l'eau de pluie captée sur les toits et  stockée dans une  citerne en béton  enterrée et obscure ?

Passage dans des filtres et destruction de tout organisme microscopique ou  autre après circulation  dans un filtre à UV.

Je veux aussi ajouter à cet article fort documenté qu'il est toujours tentant  de ne pas chercher   ce qui pourrait faire désordre ou tâche sur les belles casquettes à feuilles de chêne...

Facile de ne pas détecter les molécules toujours plus nombreuses... Il suffit de ne pas chercher.

L'eau ainsi  sera  saine, même celle des marigots.

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+1
Gilles Berdugo Gilles BerdugoIl y a 3 ans

Article très intéressant. Consommant de l’eau courante du robinet depuis toujours, je ne m’étais jamais posé cette question. Il est parfois difficile de savoir exactement quelle est la réelle nocivité de l’eau courante (si ces informations ne sont pas véhiculées par des lobbyistes de producteurs de bouteilles en plastique). Bien que l’eau courante contiennent de nombreuses substances peu bénéfiques pour la santé, je pencherais quand même au final pour l’eau courante plutôt que pour la bouteille en plastique. La production de déchets en plastique est ce qui contribue justement en partie à la contamination de l’eau en micro-plastique etc.

 Il y a un autre point que j’aimerais soulever ; c’est la présence de perturbateurs endocriniens bien plus élevées dans les bouteilles en plastiques que dans l’eau courante. Sachant que l’eau est en contact continu avec l’emballage plastique, cela semble logique. Le problème est que l’on sous-estime l’effet à long terme de cette consommation. Ces micros-molécule se transmettent in-utero, (tout comme les pesticides), et se partagent donc de génération en génération. 

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BahiIl y a 3 ans
l.eau potable doit etre livree danx des sacs specials.(sans plastiques...).a mon avis c.est la seule solution a cause de l.eclatement demographique...
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Clement Bertin Clement BertinIl y a 4 ans

C'est ici, sur le site Notre Planète Info :

Brève
22 juin ▼ Plusieurs associations déposent plainte contre Nestlé Waters qui exploite illégalement 9 forages d'eau à Vittel et Contrexéville (Vosges, France) alors que les nappes phréatiques souffrent toujours d'un déficit chronique (FNE).

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