L’année 2021 a fait son entrée dans le top 5 des années les plus chaudes jamais enregistrées, révèle Copernicus, le service européen d’observation de la Terre, dans un rapport publié lundi 10 janvier.
Par ailleurs, les sept années entre 2015 à 2021 ont été de façon « nette » les plus chaudes jamais recensées, confirmant l’avancée du réchauffement climatique avec des concentrations jamais atteintes de gaz à effet de serre, note Copernicus.
Si 2021 n’a pas détrôné 2020 et 2016, qui restent ex aequo à la première place des années les plus chaudes, elle a toutefois subi les effets dévastateurs du changement climatique : canicules exceptionnelles et meurtrières en Amérique du Nord et dans le sud de l’Europe, incendies ravageurs au Canada ou en Sibérie, vague de froid spectaculaire dans le centre des Etats-Unis ou précipitations extrêmes en Chine et en Europe de l’Ouest.
Malgré un niveau tiré à la baisse par le phénomène météorologique La Niña, 2021 a tout de même enregistré, selon Copernicus, une température moyenne supérieure de 1,1 °C à 1,2 °C par rapport à l’ère préindustrielle (1850-1900), comparaison de référence pour mesurer le réchauffement causé par les émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine.
En moyenne annuelle, 2021 se classe très légèrement devant 2015 et 2018, qui complète le top 5.
Des concentrations jamais atteintes de gaz à effet de serre
L’objectif de l’accord de Paris de 2015 – contenir le réchauffement « nettement » en dessous de 2 °C, et si possible limiter l’augmentation à 1,5 °C – est donc toujours aussi dangereusement proche.
« Il s’agit d’un rappel brutal de la nécessité pour nous de changer, de prendre des mesures efficaces et décisives pour aller vers une société durable et de travailler à réduire les émissions de carbone, » a souligné Carlo Buontempo, directeur du service changement climatique de Copernicus.
Car l’agence a mesuré pour 2021 de nouvelles concentrations record dans l’atmosphère de gaz à effet de serre produits par l’activité humaine et responsables du réchauffement.
Le CO2, de très loin premier responsable du réchauffement et qui provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, a atteint le niveau record de 414,3 parties par million (ppm), selon les données « préliminaires » de Copernicus.
« Clou dans le cercueil planétaire »
Pour 2020, malgré le ralentissement de l’activité dû à la pandémie de Covid-19, l’Organisation météorologique mondiale (OMM, agence spécialisée des Nations unies) avait mesuré cette concentration à 413,2 ppm, c’’est-à-dire 149 % supérieure au niveau préindustriel.
Copernicus traque également les rejets de méthane, gaz à effet de serre encore plus puissant que le CO2, mais qui subsiste moins longtemps dans l’atmosphère, dont environ 60 % sont d’origine humaine (élevage de ruminants, riziculture, décharges, le reste provenant de sources naturelles, comme les tourbières).
Elles aussi ont « continué à augmenter en 2021 (…), atteignant une moyenne maximale sans précédent », selon l’agence européenne, qui souligne toutefois que l’origine de cette augmentation n’est « pas totalement comprise ».
Lors de la 26e Conférence des parties (COP26), en novembre à Glasgow (Ecosse), une centaine de pays avaient rejoint une « initiative » visant à réduire de 30 % les émissions de méthane. Objectif qui pourrait, s’il était tenu, rendre plus réaliste le slogan répété à Glasgow de « maintenir en vie [l’objectif de] 1,5 degré ».
Les engagements de réduction d’émissions pris par les pays, en comptant ceux annoncés à l’occasion de la COP26, laissent en effet le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,7 °C, niveau qualifié de « catastrophique » par les Nations unies.
A l’occasion de cette conférence sur les changements climatiques, l’OMM avait déjà annoncé que les sept années depuis 2015 seraient probablement les plus chaudes jamais enregistrées, avertissant que le climat mondial entrait de ce fait en « terrain inconnu ».
« C’est un nouvel avertissement sur ce que nous faisons à notre planète [et] nous avons désespérément besoin d’actions véritables pour faire baisser les émissions », a commenté lundi Sir Brian Hoskins, directeur de l’Institut Grantham sur le changement climatique de l’Imperial College de Londres. En soulignant qu’il « devient difficile de dire quelque chose de neuf chaque fois que nous voyons un nouveau clou planté dans le cercueil planétaire ».
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