Le rapport sur l'amélioration et la prise en compte de la polyexposition est publié dans le cadre du 3e Plan Santé au travail 2016-2020. Menée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), Santé publique France et la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), l'étude analyse les données de l’enquête sur la Surveillance médicale des expositions des salariés aux risques professionnels (2016-2017).
Le rapport classe les risques en cinq catégories :
- chimiques (substances potentiellement dangereuses) ;
- biologiques (bactéries, virus ou moisissures) ;
- physiques (nuisances sonores, contraintes posturales ou thermiques, exposition aux rayonnements) ;
- organisationnelles (horaires de travail, manque de moyens matériels et/ou humains, intensité et rythme de travail, faible autonomie...) ;
- relationnelles (forte pression, faible reconnaissance au travail, hostilité des collègues ou de la hiérarchie, tensions...).
En identifiant les risques et les profils exposés, les travaux doivent permettre de renforcer la prévention du risque sanitaire au travail et une meilleure prise en charge (plus globale) des travailleurs.
Les contraintes organisationnelles en tête des risques
Le rapport a permis d'identifier douze profils de travailleurs polyexposés, c'est-à-dire concernés par au moins deux contraintes en matière organisationnelle, relationnelle, biologique, physique et chimique.
Tous mettent en avant les contraintes liées à l'organisation (95%) telles que le changement de poste, une restructuration... et les difficultés relationnelles (89%) comme la non-reconnaissance, ou les comportements méprisants. Suivent les contraintes physiques (45%) et les nuisances chimiques (28%).
Globalement, le cumul des contraintes varie notamment selon les CSP et les secteurs d'activité.
Par exemple, le profil B correspond plutôt à une femme, de CSP élevée, travaillant dans un bureau, qui connait un stress intense avec un manque de moyens et de reconnaissance.
En revanche, le travailleur du profil C "Bruit, risques chimiques et contraintes posturales" est un homme (ouvriers du BTP, par exemple), exposé au bruit et aux contraintes chimiques et posturales.
Les professionnels de santé particulièrement exposés
Si pratiquement l'ensemble des professions connait plusieurs contraintes, le rapport souligne que les salariés du secteur de la santé sont les seuls à cumuler une exposition aux cinq catégories de risques (profil J). Les infirmiers, sages-femmes, aides-soignants, professions paramédicales, médecins et assimilés sont "potentiellement exposés à des agents biologiques d'origine humaine, souvent associés à une exposition à des substances chimiques via les médicaments notamment." (66% de l’effectif exposé à au moins un agent chimique)
Tension avec le public, travail de nuit, manque de moyens humains et matériels et postures physiques difficiles s'ajoutent aux facteurs de risques dans des postes occupés, très majoritairement, par des femmes.