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Friches : l'Etat lance la chasse au moindre foncier disponible

Après avoir consacré dans le plan de relance une enveloppe de 650 millions d'euros en 2021-2022 pour la réhabilitation des friches, l'Etat a annoncé mercredi 8 septembre la pérennisation de ce fonds. 607 sites très divers ont été identifiés en mai, une nouvelle salve sera retenue en novembre. Les zones d'activités obsolètes sont dans le viseur.

Avec ses deux appels à projets du fonds friches, l'Etat espère traiter quelque 2.500 hectares de ces terrains à l'abandon.
Avec ses deux appels à projets du fonds friches, l'Etat espère traiter quelque 2.500 hectares de ces terrains à l'abandon. (Shutterstock)

Par Marion Kindermans

Publié le 10 sept. 2021 à 13:25

Ex-sites industriels plombés par le coût de dépollution, terrains ou casernes désertés par les militaires, zones d'activités à moitié vides, anciennes zones commerciales… A l'heure de l'objectif « zéro artificialisation nette » et de la rareté du foncier, le recyclage de ces terrains à l'abandon, véritables verrues dans les villes ou à leur périphérie, est devenu une priorité. L'Etat en a fait un axe du plan de relance post-Covid avec le fonds friches annoncé en septembre 2020, passé à 650 millions d'euros sur 2021-2022 après un doublement du montant avant l'été. Emmanuel Macron a enfoncé le clou en annonçant mercredi 8 septembre sa « pérennisation », avec un prolongement du programme sans doute jusqu'en 2026.

Certes, les friches industrielles représentent une grosse partie des dossiers. Mais pas uniquement. Désormais, la quête se fait sur le moindre bout de terrain. « Il faut aller chercher partout les gisements fonciers qui existent » martèle-t-on au ministère de la Transition écologique.

Territoires en déprise

Car les ex-sites les plus gros et les plus facilement valorisables l'ont déjà été. « Aller reconvertir autour de Lyon, Nantes ou Lille, c'est plus facile, mais ça l'est moins dans des territoires en déprise », souligne ainsi Laurent Chateau, chargé de mission friches à l'Ademe. Il s'agit maintenant de revitaliser les terrains qui végètent, pour des raisons de coût d'aménagement trop élevé ou parce que les élus ne s'y sont pas intéressés.

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Sur les 607 lauréats du premier appel à projets qui s'est clos en mai dernier (sur 1.200 candidatures), la diversité est réelle : ancienne manufacture de tabac à Tonneins (Lot-et-Garonne), crassier de Vitrolles (Bouches-du-Rhône), parcelle du centre-ville de Dury (Somme), ex-usine sidérurgique Usinor à Escaudaun (Nord), ou caserne de Verdun (Meuse). Ce sont au total quelque 1.500 hectares qui, après dépollution et réhabilitation, devraient permettre de faire émerger 4 millions de mètres carrés de logements et 2,5 millions de mètres carrés de bureaux, commerces ou usines.

Sur certains sites, les travaux de réhabilitation viennent de commencer. Car la plupart étaient déjà dans les tuyaux des collectivités locales, des établissements publics ou des promoteurs et aménageurs privés, attendant juste un coup de pouce financier. «Pour être éligibles au fonds, les porteurs de projet doivent démontrer que le bilan économique du recyclage de la friche est déficitaire, après prise en compte des autres financements publics» explique-t-on au ministère. Le montant des aides peut aller de « quelques dizaines de milliers d'euros à 5 millions en moyenne ».

150.000 hectares de friches

Le deuxième appel à projet, lancé mi-juillet, est en cours. Les lauréats seront annoncés courant novembre. L'Etat espère via ces deux salves faire revivre quelque 2.500 hectares de friches. Mais cela reste une goutte d'eau face à l'enjeu. La surface des terrains laissés vacants est estimée dans toute la France entre 90.000 à 150.000, soit quinze fois la superficie de Paris. La difficulté reste de les identifier et de les recenser. Le site Cartofriches, opérationnel depuis un an et géré par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema), vise à en améliorer la visibilité. On y trouve pour l'heure 3.600 terrains. C'est peu.

Si la première édition du fonds friches mettait l'accent sur les territoires en déprise, qui intéressaient peu les aménageurs, la deuxième salve vise aussi les zones tendues en métropoles où les besoins en logements sont forts. Autre gisement : les zones d'activité qui se sont multipliées dans les années 1980-1990 mais dont une partie est aujourd'hui obsolète. La loi Climat et Résilience, votée en juillet, donne aux collectivités l'obligation de faire l'inventaire de ces zones, d'en préciser les taux de vacance et l'occupation. « Sur les 30.000 environ présentes dans l'Hexagone, soit 450.000 hectares, beaucoup sont en besoin de requalification », alerte le ministère.

Marion Kindermans

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