Grande Sécu : les trois présidents des fédérations unis contre le projet (Reavie 2021)
A l'occasion de la tribune des présidents organisée à Reavie, Florence Lustman (FFA), Eric Chenut (Mutualité Française) et Denis Laplane (CTip) ont unanimement exprimé leur scepticisme face au projet de réforme du système de santé en France issu des travaux du HCAAM.
NICOLAS THOUET
\ 13h17
NICOLAS THOUET
C’est l’un des sujets majeurs abordés à l’occasion de la 31ème édition de Reavie. Et un sujet auquel les présidents des fédérations de l’assurance n’ont pas échappé à l’occasion de la tribune qui leur était consacrée ce 8 octobre 2021, à Cannes. A savoir : les travaux en cours du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (Hcaam) pour réformer le système de santé en France, dans lesquels l’assurance santé pourrait voir son rôle réduit à la prise en charge des dépassements.
« Depuis plusieurs années, avec l’ANI, avec la position du gouvernement sur la protection sociale des fonctionnaires, il me semble qu’il y avait en France une tendance à étendre le champ à la complémentaire santé à des populations qui jusque-là n’y avaient pas accès. J’avais donc tendance à en déduire que c’était positif d’avoir une complémentaire santé », a rappelé en préambule la présidente de la FFA, Florence Lustman. « Je ne comprends donc pas comment dans le même temps, au sein du même gouvernement, un ministre s’exprime très clairement sur un scénario de nationalisation du système de santé en France », a-t-elle ensuite ajouté.
« Des lendemains difficiles »
En l’occurrence, ce projet de réforme, généralement désigné sous le terme de Grande Sécu, le nouveau président de la Mutualité française, Eric Chenut, ne l’approuve pas. « Je pense qu’aujourd’hui il n’est pas souhaitable de laisser le citoyen seul face à l’Etat, et laisser l’Etat décider seul de notre protection sociale », a-t-il souligné. Avant d’alerter : « Si on construit une solution qui ne convient ni aux assurés sociaux, ni aux professionnels de santé, je prédis des lendemains difficiles ».
Denis Laplane, le président du CTip s’est, pour sa part, étonné de l’évolution des propositions du Haut conseil pour l’assurance maladie. « Dans son premier rapport, le HCAAM soulignait la valeur du système actuel qui allie l’assurance maladie obligatoire et l’assurance complémentaire. Seulement les dernières propositions ne capitalisent plus du tout sur les atouts de ce système mixte », a-t-il rappelé. Avant de monter, lui aussi, au créneau : « Ce qui ne va pas dans ce qui nous ait présenté, c’est qu’il y a un encadrement supplémentaire des contrats santé. Or, du côté du CTip comme des institutions de prévoyance, nous sommes très attachés à un dialogue social et à la liberté contractuelle », a indiqué Denis Laplane.
Un cinquième scenario proposé
Autant dire que parmi les quatre scenarios de réforme que le Hcaam compte présenter, aucun ne semble à ce jour retenir l’attention des présidents des trois fédérations de l’assurance. « Pour nous, le vrai sujet serait celui d’un scenario 5 axé sur une vraie logique de mutualisation et dans lequel seraient ancrés la prévention et le care. Nous réfléchirions ainsi de manière durable aux protections sociales nécessaires pour répondre aux enjeux du pays », a proposé Eric Chenut, président de la Mutualité française.
Une position partagée par Florence Lustman : « Aujourd’hui, la santé des Français mérite un débat bien au-delà des questions de savoir comment se répartissent les charges entre l’assurance maladie obligatoire et l’assurance maladie dite complémentaire. Il faut que collectivement - avec les pouvoirs publics, les assureurs santé et le reste du secteur privé - nous mettions à disposition nos savoir-faire pour augmenter ou de maintenir le capital santé des Français », a conclu la présidente de la FFA.
Base des organismes d'assurance
AbonnésRetrouvez les informations complètes, les risques couverts et les dirigeants de plus de 850 organismes d’assurance
Je consulte la base