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La Namibie vient vendre son soleil en Europe pour se dessiner un avenir industriel

Le pays veut devenir autosuffisant en énergie solaire et même exportateur d’ici à 2030, tout en aidant l’Europe à se décarboner via la production d’hydrogène et d’ammoniac.

Le Monde avec AFP

Publié le 19 mai 2022 à 09h49, modifié le 19 mai 2022 à 09h49

Temps de Lecture 3 min.

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La station de recherche de Gobabeb, dans le désert du Namib, en juin 2008.

La Namibie, pays africain désertique parmi les plus touchés par le réchauffement climatique, affiche son ambition de devenir un pays industriel autosuffisant en énergie solaire et même exportateur d’ici à 2030, tout en aidant l’Europe à se décarboner via la production d’hydrogène et d’ammoniac.

La Namibie a « l’ambition de devenir incubateur d’une industrie du fuel de synthèse » en commençant par produire de l’énergie solaire, puis de l’hydrogène vert et de l’ammoniac décarboné, a expliqué à l’AFP James Mnyupe, conseiller économique de la présidence de Namibie qui a présenté mercredi 18 mai à Paris la stratégie du pays.

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Les responsables namibiens sont venus en Europe « proposer leur soleil si extraordinaire », a ajouté M. Mnyupe au cours d’un entretien à Rotterdam le 9 mai lors du salon World Hydrogen où le gouvernement namibien était également présent.

Le pays du sud de l’Afrique se cale sur les objectifs énergétiques présentés mercredi par l’Union européenne (UE) pour s’affranchir du gaz de la Russie. Si l’UE compte produire 10 millions de tonnes d’hydrogène d’origine renouvelable d’ici à 2030, elle compte aussi sur 10 millions de tonnes d’importation pour remplacer charbon, pétrole et gaz dans certains secteurs de l’industrie et des transports.

5 000 mégawatts à partir de 2026

« L’UE comprend qu’elle ne peut pas produire 20 millions de tonnes d’hydrogène en Europe. C’est impossible, nous n’avons pas assez de soleil et pas assez de vent, raison pour laquelle notre premier partenaire est l’Afrique », a souligné Jorgo Chatzimarkakis, secrétaire général de l’association professionnelle européenne Hydrogen Europe depuis Rotterdam.

L’UE compte sur « le partenariat UE-Afrique en matière d’hydrogène » pour réduire son utilisation de gaz et décarboner ses activités industrielles, à commencer par les grands ports où se concentrent des activités consommatrices de gaz naturel (sidérurgie, chimie…).

De son côté, la Namibie a lancé les opérations, en sélectionnant en novembre 2021 les opérateurs de sa future première unité de production d’électricité solaire : le consortium Hyphen composé d’un fonds d’investissement international (Nicholas Holdings) et du groupe énergétique allemand Enertrag, qui devrait produire quelque 5 000 mégawatts à partir de 2026 à Tsau Khaeb.

L’équation sur laquelle se fonde le pays est simple : l’électricité solaire produite sur place servira, via un électrolyseur, à casser des molécules d’eau (dont le symbole est H20) de mer désalinisée pour produire de l’hydrogène (H) dit vert, car issu d’électricité renouvelable.

« Emancipation économique »

Cet hydrogène sera ensuite mélangé à l’azote (N) contenue à l’état naturel dans l’air pour produire de l’ammoniac (NH3), qui peut aussi bien servir de carburant pour certains gros bateaux en cours de développement qu’à fabriquer des engrais agricoles, ou simplement pour faciliter le transport d’hydrogène « vers Rotterdam, l’Allemagne ou l’Afrique du Sud », selon M. Mnyupe. A condition d’avoir suffisamment d’investissements – d’entreprises européennes notamment – pour y parvenir.

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Avec une autosuffisance en électricité, « il se pourrait » que la Namibie devienne « un exportateur net » d’électricité, veut croire M. Mnyupe. « Or, actuellement 60 à 70 % de notre électricité est importée, essentiellement d’Afrique du Sud. » Ce serait « le premier pas de l’émancipation économique ».

Il rejette les critiques sur le « néocolonialisme » que pourrait recouvrir un tel partenariat euroméditerranéen. « Cela peut vous paraître être du néocolonialisme, mais il s’agit d’une opportunité de changement. C’est significatif d’une émancipation économique pour l’Afrique entière », estime-t-il.

« Ce que nous essayons de faire en Namibie est de présenter un environnement incitatif pour le secteur privé afin qu’il prenne des risques appropriés pour construire des projets rentables », ajoute le responsable namibien.

Dans le cadre de son futur développement industriel, la Namibie prévoit une « première » annonce d’investissement sur « un projet pilote » pendant le sommet de Davos du 22 au 26 mai, a indiqué M. Mnyupe.

Face aux risques environnementaux d’un tel développement, le responsable namibien rappelle que son pays est l’un des « plus touchés par le réchauffement climatique ». Il souligne que tous les produits seront issus « d’énergies renouvelables » et que les activités « n’émettront pas de CO». « Nous avons des incendies et les sécheresses nous tuent sur le plan de l’électricité, car nous dépendons de l’hydroélectricité », a-t-il ajouté.

Les entreprises chinoises sont « en train de taper à nos portes et veulent être incluses » précise-t-il, en ajoutant que son pays travaillerait « avec tous ceux qui sont alignés sur notre vision d’industrialiser la Namibie ».

Le Monde avec AFP

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