Par Thomas Dusseau
  • Écouter
  • Réagir
  • Voir sur la carte
  • Partager
En partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle, la Ville mène un processus unique, visant à impliquer les habitants dans la construction de la politique d’éclairage public et à réduire les consommations

Réduire de 10 % les consommations électriques de la Ville de Libourne. Tel était l’un des engagements pris par le maire Philippe Buisson et son équipe pendant la campagne électorale de 2020. Plus de deux ans après l’élection, la promesse est toujours d’actualité. Et sa réalisation repose en grande partie sur l’optimisation de l’éclairage public, lequel représente, selon l’Agence de l’environnement de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 41 % de l’énergie consommée par les collectivités et 37...

Réduire de 10 % les consommations électriques de la Ville de Libourne. Tel était l’un des engagements pris par le maire Philippe Buisson et son équipe pendant la campagne électorale de 2020. Plus de deux ans après l’élection, la promesse est toujours d’actualité. Et sa réalisation repose en grande partie sur l’optimisation de l’éclairage public, lequel représente, selon l’Agence de l’environnement de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 41 % de l’énergie consommée par les collectivités et 37 % de leur facture d’électricité. À Libourne, cela passera notamment par le renouvellement de matériel et le passage à 100 % en lampes à LED.

Sur le même sujet

Les élus libournais se sont fixés des objectifs plus ambitieux, et souhaitent, pour pouvoir les atteindre, disposer de davantage de souplesse que les communes ayant choisi l’extinction nocturne de leur éclairage public, principalement pour des raisons techniques. Une souplesse d’autant plus importante que la mise en œuvre de cette mesure, bénéfique pour l’environnement, la biodiversité et la santé – c’est prouvé – provoque des sentiments de peur ou d’insécurité. Pas toujours fondés d’ailleurs, puisque les statistiques démontrent par exemple que les cambriolages se produisent majoritairement en journée.

« Ludique et intuitif »

Il n’empêche, toutes les expériences méritent d’être prises en compte. C’est là tout l’intérêt de Spot, acronyme de Sciences participatives obscurité et territoire, un programme de sciences participatives mené par la Ville de Libourne, en partenariat avec Mosaic, une unité de service du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN). Avec Melesse, en Ille-et-Vilaine (35), Libourne est même la seule ville française à avoir été sollicitée pour le mettre en place. « Une chance unique de pouvoir apporter une réflexion de qualité sur l’éclairage public », mesure la mairie, qui incite les habitants, via les panneaux d’information installés dans la ville, à participer à une expérience « participative, ludique et scientifique » sur une plateforme numérique dédiée (1).

Les futurs équipements de la ville de Libourne seront connectés et permettront un pilotage précis au point lumineux de façon à pouvoir moduler l’éclairage.
Les futurs équipements de la ville de Libourne seront connectés et permettront un pilotage précis au point lumineux de façon à pouvoir moduler l’éclairage.
Archives Stéphane Klein/ « Sud Ouest »

Jusqu’au 30 juin, les Libournaises et Libournais sont ainsi invités à s’y inscrire et à suivre les étapes du protocole scientifique mis en place : « partager un souvenir d’enfance lié à l’obscurité, par exemple, ou encore répertorier ses expériences et émotions face à la nuit, selon les conditions (seul, avec un animal, par temps couvert, un soir de pleine lune, etc.) dans le but d’interroger les sentiments qui s’expriment face à la nuit ». Les participants peuvent également poser des questions, interagir entre eux et émettre des recommandations. « C’est très ludique et très intuitif. Ça permet d’aborder de manière totalement nouvelle notre rapport à la nuit et l’obscurité », explique Agnès Séjournet, l’adjointe au maire déléguée au défi climatique, à la transition écologique, aux mobilités et à la nature en ville, qui soulève « l’influence délétère » de l’éclairage artificiel sur la faune et la flore.

Trames noires

« Grâce à cette approche participative fondée sur l’expérimentation et le retour fait par les citoyens, nous améliorerons et adapterons notre projet pour mieux apprivoiser la nuit et nos ressentis sur l’obscurité », poursuit l’élue, évoquant les « trames noires », généralement définies comme des « corridors écologiques caractérisés par une certaine obscurité ». En fonction des résultats de l’expérience participative, la Ville déterminera des lieux pour mener des expérimentations. « Il ne s’agira pas d’éteindre tout et partout. Il y aura de la participation et de la concertation », assure Agnès Séjournet.

(1) www.spot-libourne.org

Un éclairage intelligent

Le partenariat public-privé qui la lie à Aximum arrivant à son terme en 2023, la mairie vient de lancer un marché global de performance dans le cadre sa politique publique d’éclairage de la ville. Parmi les objectifs fixés, « le passage en LED pour toutes les lampes sur l’année 2023, une économie d’énergie de 60 % et un pilotage au point lumineux », explique Denis Sirdey, l’adjoint délégué aux finances, à l’évaluation et aux modes de gestion des services publics locaux. Autrement dit, la Ville pourra « piloter et moduler (intensifier, atténuer, éteindre, NDLR) l’éclairage avec précision », explique l’élu. La Ville demande également aux candidats de lui faire des propositions d’équipements connectés (éclairage « intelligent ») qui permettront par exemple « de mesurer la qualité de l’air, de déployer de la vidéosurveillance, d’améliorer le déploiement du wifi ou de mesurer le trafic routier ». Le marché sera attribué au mois de novembre.
A lire aussi
Éboulement de falaise en Gironde : 11 maisons évacuées en urgence
Une voiture fait un écart pour frôler des cyclistes : « C’est de plus en plus fréquent », s’agace le président du Cyclo Sport Casteljaloux