Publicité

Budget : la richesse nationale sera inférieure de 20 % à la normale pendant le confinement

Le Haut Conseil pour les finances publiques juge que les prévisions de Bercy impliquent une « dégradation marquée de l'activité » du fait du confinement, avec un niveau de PIB inférieur de 20 % en novembre et décembre par rapport à fin 2019. Les sages budgétaires s'inquiètent des conséquences de la baisse de la croissance potentielle.

Pierre Moscovici, le président du Haut Conseil, a rappelé « la difficulté de l'exercice de prévision dans le contexte épidémique lié au Covid-19 ».
Pierre Moscovici, le président du Haut Conseil, a rappelé « la difficulté de l'exercice de prévision dans le contexte épidémique lié au Covid-19 ». (ERIC PIERMONT/AFP)

Par Renaud Honoré

Publié le 4 nov. 2020 à 11:48Mis à jour le 5 nov. 2020 à 08:27

Même allégé, le nouveau confinement décidé par Emmanuel Macron face à la recrudescence épidémique devrait malgré tout secouer l'économie française. C'est le message délivré par le Haut Conseil des finances publiques ce mercredi, à l'occasion de la présentation du nouveau projet de loi de Finances rectificative (PLFR) pour 2020.

« Le Haut Conseil estime que la prévision d'un recul de 11 % du déficit retenue par le gouvernement pour le quatrième PLFR pour 2020 par rapport à 2019 suppose une dégradation marquée de l'activité au quatrième trimestre et le maintien de mesures de confinement au-delà du seul mois de novembre », est-il écrit dans cet avis. Au final, le niveau du PIB devrait être « près de 20 % en dessous de la normale en moyenne sur les seuls mois de novembre et décembre ».

Bien entendu, les sages budgétaires font preuve de prudence au vu des « incertitudes » - le mot revient à trois reprises dans la page de synthèse de l'avis - provoquées par la situation sanitaire . « C'est le sixième scénario macroéconomique pour 2020 que présente le gouvernement, après le PLF pour 2020, les trois collectifs budgétaires du printemps et le PLF pour 2021. Cette succession rapide de textes financiers est le reflet de la difficulté de l'exercice de prévision dans le contexte épidémique », a rappelé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et président du Haut Conseil, lors d'une audition devant la Commission des finances de l'Assemblée.

Publicité

Prévision « cohérente »

Les sages budgétaires estiment néanmoins que ce nouveau confinement de novembre devrait entraîner « un recul de l'activité par rapport à son niveau de 2019 intermédiaire entre celui enregistré au troisième trimestre (environ 4 % en moyenne) et celui d'avril (de l'ordre de 30 %) ». Bercy table officiellement sur une récession de -11 % cette année, une prévision jugée « cohérente » par Pierre Moscovici au vu des informations disponibles.

Le Haut Conseil a du coup sorti ses calculettes : une telle chute de l'activité implique au quatrième trimestre « un PIB inférieur de l'ordre de 15 % à son niveau de la fin 2019 » - par comparaison, l'écart était de 19 % au deuxième trimestre lors du premier confinement - et donc, pour les seuls mois de novembre et décembre, un niveau de richesse nationale à 20 % en-dessous de la normale.

Ouverture des vannes budgétaires

Face à cette situation, le gouvernement s'est résolu à ouvrir les vannes budgétaires (avec 20,1 milliards d'euros de dépenses nouvelles), avant toute chose pour des aides aux entreprises. « L'augmentation des dépenses publiques (hors crédits d'impôts) affichée dans le quatrième PLFR pour 2020, de 7,8 % en valeur, est ainsi revue de plus de 1 point en hausse par rapport à celle présentée dans le PLF pour 2021 (6,5 %) », est-il écrit dans l'avis. Pour contenir le déficit, le gouvernement dit pouvoir compter sur des recettes fiscales meilleures qu'attendu grâce au fort - et éphémère - rebond économique du troisième trimestre, ce qui est jugé « plausible » par le Haut Conseil.

Au final, la crise de Covid-19 laissera quoi qu'il arrive les finances publiques dans une situation particulièrement dégradée qui inquiète les sages budgétaires. La dette devrait ainsi être portée fin 2020 au niveau de 119,8 % du PIB, soit « plus de 20 points de plus par rapport à la loi de finances initiale pour 2020 », rappelle le document. Cette « augmentation massive » intervient « dans un contexte où la croissance potentielle s'est vraisemblablement affaiblie à la suite de la crise sanitaire, ce qui risque de rendre plus difficile la réduction du déficit », s'est inquiété Pierre Moscovici devant les députés. Celui-ci a appelé à « la plus grande vigilance collective sur la soutenabilité à moyen terme des finances publiques ».

Renaud Honoré

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité