Perte d’un enfant : le Medef favorable à l’allongement du congé, Schiappa en désaccord avec Pénicaud

Jeudi, les députés de la majorité ont retoqué la proposition de faire passer de 5 à 12 jours le congé en cas de mort d’un enfant. La ministre Muriel Pénicaud avait estimé que cela risquait de peser sur les entreprises et défendait plutôt l’idée du don de RTT.

 Selon le rapporteur du texte, chaque année en France, 4 500 enfants meurent avant d’avoir atteint la majorité.
Selon le rapporteur du texte, chaque année en France, 4 500 enfants meurent avant d’avoir atteint la majorité. LE PARISIEN/OLIVIER BOITET

    Seules deux voix avaient permis de rejeter ce texte, jeudi, dans l'hémicycle. Après avoir été adoptée en commission la semaine dernière, la proposition du groupe centriste UDI-Agir qui visait à allonger de cinq à douze jours le congé en cas de décès d'un enfant a été retoquée d'extrême justesse après un long et animé débat. Un résultat qui a scandalisé une partie de l'opposition, alors que la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, estimait que cette mesure pourrait peser sur les entreprises et donc que la majorité préférait rendre possible le don de RTT pour le collègue endeuillé plutôt qu'un congé de douze jours.

    Mais visiblement, le résultat ne satisfait pas non plus le Medef, syndicat des patrons, qui a demandé ce vendredi un nouveau vote à l'Assemblée. Autrement dit, le syndicat fait savoir que le veto de la majorité n'est pas de son fait et que les entreprises seraient ouvertes à participer, par solidarité, au financement de ce congé.

    « C'est une évidence et c'est lancé », a répondu Geoffroy Roux de Bézieux, président de l'organisation patronale, dans un tweet adressé à Laurence Parisot. L'ancienne patronne du syndicat avait estimé un peu plus tôt que « le Medef s'honorerait à demander un nouveau vote de cette proposition ».

    Schiappa en désaccord avec Pénicaud

    Dans la soirée, la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa s'est également exprimée sur le sujet et a ouvertement dit son opposition, sur ce point, à la ministre Muriel Pénicaud. Sur BFM TV, la fondatrice du réseau d'entraide Maman travaille a été très claire : « Je souhaite que le gouvernement reconsidère sa position, qu'il y ait un nouveau vote, qui soit plus digne. Je crois que la seule réponse entendable c'est de dire à une personne qui vient de perdre son enfant Prenez le temps dont vous avez besoin. Le Medef et les syndicats se sont exprimés en faveur de cet allongement. »

    La secrétaire d'Etat a précisé qu'elle avait « une grande admiration pour Muriel Pénicaud, pour sa trajectoire et ce qu'elle fait en tant que ministre du Travail […] mais là j'ai une divergence, je ne partage pas son avis ». Selon elle, allonger le congé de deuil est « quelque chose de faisable et d'entendable ».

    Un appel à « l'humanité » des députés

    Le rapporteur de la proposition de loi, Guy Bricout (UDI-Agir) avait jugé que cinq jours n'étaient « pas à la hauteur » pour « reprendre pied suite à la mort d'un enfant », en appelant à l'« humanité » de ses collègues. Il a rappelé que chaque année en France, 4 500 enfants meurent avant d'avoir atteint la majorité.

    En réponse, Sereine Mauborgne (LREM) avait défendu la « possibilité pour l'employeur de créer un compte de don », la ministre du Travail Muriel Pénicaud mettant aussi en avant un « élan de solidarité » avec le don de RTT pour un collègue endeuillé. « Honte sur eux », s'est emporté le député François Ruffin à la tribune.

    La proposition centriste, examinée dans le cadre d'une journée dédiée à ses propositions (« niche parlementaire »), avait déjà été vidée de sa mesure phare la semaine dernière. Un amendement de la députée Michèle de Vaucouleurs (MoDem) avait ainsi remplacé l'extension des congés liés au deuil par la possibilité de donner des RTT à un collègue en cas de décès d'un de ses enfants. Cette dernière proposition de loi a finalement été adoptée en première lecture par 46 voix et 37 abstentions.