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Coronavirus : la Banque de France prévoit deux ans de purgatoire pour l'économie française

La Banque de France anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10 % cette année suivi d'un rebond de 7 % en 2021. Ce n'est qu'à la mi-2022 que l'économie française retrouvera son niveau de fin 2019. 

La Banque de France anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10 % cette année.
La Banque de France anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10 % cette année. (Romuald Meigneux/Sipa)

Par Guillaume de Calignon

Publié le 9 juin 2020 à 10:08Mis à jour le 10 juin 2020 à 15:29

Ce sont des prévisions assez proches de celles du gouvernement. La Banque de France anticipe un recul du PIB de l'ordre de 10 % cette année en raison du confinement dû à la pandémie de Covid-19, alors que Bercy table sur une baisse de 11 % . Pour les économistes de la banque centrale, cette année noire sera suivie d'un rebond de 6,9 % en 2021. Celui-ci ne sera toutefois pas suffisant pour que le PIB retrouve son niveau d'avant l'épidémie. Il faudrait attendre la mi-2022 pour que l'activité revienne à celle de fin 2019. Plus de deux années seront donc nécessaires pour effacer les effets de la crise.

Pire, selon les économistes, « la perte d'activité resterait substantielle fin 2022, de l'ordre de 3 points » par rapport à ce qui se serait passé sans la pandémie, c'est-à-dire si le PIB avait crû à un rythme normal. « Cette perte traduirait en partie un déficit de demande mais aussi une réduction du potentiel d'activité sous l'effet de la crise », expliquent-ils. Le chômage devrait en effet grimper très vite. A la mi-2021, le pays compterait 1,15 million de personnes sans-emploi en plus par rapport à la fin 2019. Et le taux de chômage atteindrait son pic dans la première moitié de l'année prochaine.

Reprise très progressive

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Au deuxième trimestre de cette année, le confinement devrait plomber les comptes nationaux et entraîner un recul de l'activité d'environ 15 %. Mais la reprise sera lente… Pour les trimestres suivants, l'activité serait inférieure de 10 % au troisième trimestre et de 7 % au quatrième trimestre 2020 par rapport à un scénario sans crise. 

Pour éviter une cascade de faillites d'entreprises dans les prochains mois, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, a insisté ce mardi sur France Info sur la nécessité pour l'Etat d'apporter des fonds propres aux entreprises en difficulté. Il évalue entre 10 à 30 milliards d'euros la somme que la puissance publique va devoir mobiliser, avec le secteur privé, pour éviter un effondrement du système productif qui mettrait en péril la croissance pour les années futures. Il s'est aussi montré opposé aux hausses d'impôts. « Globalement il ne faut pas refaire l'erreur qui avait été faite par un certain nombre de pays européens après la précédente crise, c'est de remonter vite les impôts après la crise ; parce que là on risque d'étouffer la reprise », a-t-il indiqué. 

Pour l'instant, c'est l'Etat qui absorbe le choc et non pas les ménages et les entreprises, avec le dispositif de chômage partiel, les différentes aides et les garanties publiques de prêts aux entreprises. Ainsi, les administrations publiques assument plus de 60 % de la perte de revenu de la nation, contre seulement 15 % pour les ménages et 24 % pour les entreprises. Le prix de cet « amortisseur » de la crise, c'est la hausse de la dette publique qui atteindra environ 120 points de PIB à la fin 2020. « La sagesse collective demande vraiment que nous restions là » et ne dépassions pas 120 %, a tenu à souligner François Villeroy de Galhau, pour qui cela « est très important pour la confiance de ceux qui nous prêtent ».

100 milliards d'euros épargnés en plus cette année

L'un des points essentiels de la reprise sera la consommation. En effet, empêchés de consommer pendant le confinement, les ménages français ont épargné . Et cela va continuer. « L'utilisation de l'épargne forcée de 2020 resterait très limitée, en raison des comportements d'épargne de précaution que l'on peut attendre d'un environnement économique dégradé et incertain, des revenus plus faibles qu'avant-crise et de la montée du chômage », selon la Banque de France.

Les économistes estiment ainsi que « l'épargne des ménages sur l'ensemble de l'année 2020 serait supérieure de 100 milliards d'euros à nos projections d'avant-crise ». Une somme astronomique qui attire les regards. Le but est que ce montant soit majoritairement dépensé en biens et services français, sans quoi ces dépenses viendront gonfler les importations et creuser le déficit commercial hexagonal. Et là, ce seraient les emplois de nos partenaires commerciaux qui en profiteraient. Pas ceux en France.

VIDEO. Faillites, licenciements : pourquoi le pire de la crise est devant nous

Guillaume de Calignon

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