Pénurie de médicament : une aggravation inquiétante, selon l'UFC-Que Choisir
En 2020, 2.400 ruptures de stocks de médicaments devraient être constatées, soit six fois plus qu'il y a quatre ans. Face à cette situation inquiétante l'association de consommateur exige la création de réserves de médicaments par les laboratoires.
Par Les Echos
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, pénuries et tensions dans l'approvisionnement de médicaments se multiplient. En 2016, 405 pénuries avaient été recensées, contre trois fois plus en 2019, alerte dans une étude l'association UFC-Que Choisir.
En 2020, près de 2.400 ruptures devraient être constatées. C'est « six fois plus qu'il y a quatre ans », note l'étude, citant l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Face aux réponses jugées déficientes des laboratoires, l'UFC-Que Choisir réclame des mesures de l'Etat.
Des substituts non adaptés
Cette situation est d'autant plus alarmante que les pénuries concernent des médicaments dits d'intérêt thérapeutique majeur (MITM). C'est-à-dire, « pour lesquels une interruption de traitement peut être susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients ».
Lire aussi :
L'UFC-Que Choisir déplore par ailleurs que les laboratoires pharmaceutiques apportent des solutions « rarement à la hauteur des enjeux sanitaires ». Ainsi, dans 30 % des situations, les industriels renvoient vers un autre médicament, alors que « les substitutions peuvent entraîner des effets secondaires plus importants, ou nécessiter un temps d'adaptation à la nouvelle posologie, particulièrement pour les patients âgés », selon l'UFC.
Dans 12 % des cas, les producteurs orientent « vers des solutions de derniers recours », comme la diminution de la posologie. Enfin, dans près d'un cas sur cinq (18 %), les laboratoires « ne proposent tout simplement aucune solution de substitution ».
Constituer des stocks
L'association souligne par ailleurs que ces pénuries ne touchent que rarement les molécules récentes les plus onéreuses. Sur la liste des 140 médicaments signalés en rupture de stock et en tension d'approvisionnement par l'ANSM au 15 juillet 2020, les médicaments indisponibles sont prioritairement des produits anciens (75 % sont commercialisés depuis plus de 20 ans) et peu coûteux (les trois quarts coûtant moins de 25 euros).
L'UFC-Que Choisir déplore également la réponse des pouvoirs publics. Seules deux sanctions ont été prononcées par l'ANSM pour rupture de stock contre des laboratoires en 2019. En réaction, l'association plaide pour l'obligation pour les laboratoires de constituer « des stocks suffisants pour répondre aux besoins des usagers du système de santé pour l'ensemble des médicaments d'intérêt thérapeutique majeur ». Elle réclame également le développement d'une production publique de médicaments, « à même d'assurer la fabrication continue de ceux délaissés par les laboratoires ».
Les Echos