Covid : les internes délaissent de plus en plus la réanimation

Publicité

Covid : les internes délaissent de plus en plus la réanimation

Par
Les spécialistes de la réanimation espèrent que les internes qui se détournent aujourd'hui de ce service après un an de pandémie, reviendront
Les spécialistes de la réanimation espèrent que les internes qui se détournent aujourd'hui de ce service après un an de pandémie, reviendront
© AFP - Hans Lucas / Frédéric Scheiber

On sait que beaucoup d'internes sont à bout de forces après un an de pandémie. On sait moins que beaucoup de ceux qui se destinaient à travailler en réanimation se détournent de cette spécialité, qui les a contraints à trop côtoyer la mort.

Des services de réanimation en manque d'internes, c'est ce qui se profile dans les hôpitaux pour les mois à venir. Les internes doivent en effet renouveler, ou changer de stage, dans quelques jours, début mai. Mais l'épidémie de Covid les a exténués et beaucoup se détournent de cette discipline, auparavant très prisée.

C'est le cas d'Émilie. Elle vient de passer six mois épuisants, elle sort de son stage en réanimation différente - une vie en permanence au milieu du Covid. Elle va délaisser ce secteur pour son prochain stage. Elle aurait dû poursuivre en réanimation, mais ce sera sans elle. "En réanimation on travaille 80 heures par semaine, on a deux gardes de 24 heures par semaine. Un flux continu de patients, des décès assez régulièrement, des patients qui sont plus jeunes qu'avant, qui sont franchement graves. C'est difficile à supporter psychologiquement. Ça donne quand même moins envie d'aller en réanimation", confie-t-elle. "Je vais privilégier la formation d'anesthésie pour l'instant."

Publicité

Plus de la moitié des internes absents dans ce service

Dans son service de réanimation à la Pitié Salpêtrière, c'est la première fois que le professeur Jean Michel Constantin est confronté à une telle situation : "On va manquer d'internes comme certains services cet été. Sur mon service, c'est quatre places de vides sur sept, c'est tout à fait conséquent" explique-t-il. 

Impossible pourtant de se passer d'une partie du personnel. "Pour passer le cap, on a embauché des équivalents internes hors Union Européenne. On en a toujours, mais là on en a pris un petit peu plus" décrit le professeur Constantin_. "Et puis, on va essayer de demander aux médecins séniors d'avoir une activité clinique encore un peu plus importante, ce qui est difficile parce que eux aussi sont sous pression, mais eux sont titulaires et n'ont pas le choix d'aller travailler ailleurs."_

Les spécialistes de la réanimation espèrent que les internes, qui s'en détournent aujourd'hui, reviendront. "C'est conjoncturel" disent-ils, sans se risquer à prédire la durée de cet épisode.

pixel