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Coronavirus : annulations et baisse des consultations, des médecins craignent les "dommages collatéraux"

Par
  • France Bleu

Des syndicats de médecins généralistes constatent que de plus en plus de malades parmi leur patientèle renoncent à des soins courants ou réguliers, des soins qui ne sont pas liés au coronavirus, ce qui fait craindre aux praticiens une "bombe à retardement" d’ici deux à trois mois.

Une consultation chez un médecin généraliste qui applique des mesures de sécurité afin de ne pas être contaminé ni de contaminer ses patients (illustration) Une consultation chez un médecin généraliste qui applique des mesures de sécurité afin de ne pas être contaminé ni de contaminer ses patients (illustration)
Une consultation chez un médecin généraliste qui applique des mesures de sécurité afin de ne pas être contaminé ni de contaminer ses patients (illustration) © Maxppp - Gilles Bader

Des malades chroniques annulant leurs rendez-vous par peur du coronavirus, d'autres n'osant pas "déranger" leur généraliste. La baisse des consultations hors Covid-19 se confirme et les professionnels de santé redoutent "une bombe à retardement" dans quelques mois. "Je vois tous les jours des patients qui me disent : 'On fera ça après'. Je leur dis : 'Non, faites-le maintenant, occupez-vous de vous, ne laissez pas les choses dégénérer'", plaide Jean-Baptiste Blanc, médecin généraliste à Paris, qui a lancé dimanche un appel signé par 350 professionnels de santé.

"Nous sommes toutes et tous effrayés à l'idée de l'état dans lequel nous allons retrouver nos patients dans deux, trois mois ou plus", s'inquiète cette "Alerte aux dommages collatéraux du Covid". "Nous nous sommes organisés pour faire face. Nous sommes très nombreux à pratiquer la téléconsultation qui évite les déplacements, à consulter par téléphone si besoin, nous avons réorganisé nos plannings pour que nos patients n'attendent pas en salle d'attente, nous avons mis en place les mesures d'hygiène nécessaires", expliquent les signataires, pour rassurer les patients. 

Plusieurs antennes régionales de l'association URPS Médecins Libéraux ainsi que le syndicat de jeunes médecins généralistes ReAGJIR ont également lancé cette semaine des appels pour éviter le "renoncement aux soins".  Le Dr Blanc a vu ses consultations chuter de 30% ces derniers jours, certains de ses confrères, de 50%. Le syndicat de médecins spécialistes Avenir Spé évoque même une "baisse d'activité moyenne de 80%" chez ses adhérents, dont 70% en pédiatrie.

"Nous craignons des pertes de chance pour les malades chroniques" - Danièle Desclerc Dulac, présidente de France Assos Santé en Centre Val de Loire

"Ce que nous craignons, c'est qu'il y ait des pertes de chances pour les malades qui n'osent pas appeler leur médecin, des dommages collatéraux de cette épidémie. Il y a même des gens qui n'osent pas appeler le 15, le numéro du Samu, parce qu'ils le savent débordé" regrette Danièle Desclerc Dulac, présidente de France Assos Santé en Centre Val de Loire.

Des visites de dépistage "zappées"

Les "effets collatéraux" de ces consultations manquées ou trop tardives sont déjà constatées. "Deux confrères ont perdu des patients qui faisaient un infarctus et qui se sont dit : 'J'ai mal dans la poitrine, on va pas déranger le médecin pour ça'. Il y a également des patients hémiplégiques après un accident vasculaire cérébral pris beaucoup trop tard, qui n'auraient peut-être pas été hémiplégiques ou auraient eu beaucoup moins de séquelles s'ils avaient été pris à temps".  Il évoque aussi les visites de surveillance des nourrissons "zappées", qui sont "autant de risques de rater la découverte d'une amblyopie" (défaut de vision difficile à corriger s'il n'est pas dépisté très tôt) ou de détecter un problème de croissance.  

"Téléconsultation : sur vingt patients avec une maladie chronique tous me disaient aller bien. Cela n'arrive jamais", s'est étonné mercredi sur Twitter Francis Berenbaum, rhumatologue à l'Hôpital Saint-Antoine (AP-HP).  Selon lui, "les patients n'osent plus dire qu'ils vont mal relativisant probablement leur problème face à une épidémie mortelle. Ce sera une bombe à retardement...".  

Illustration dans le Tarn

Cette illustration dans le Tarn a de quoi faire froid dans le dos. Le docteur Étienne Moulin, président de l’Ordre des médecins dans le Tarn évoque les des retours de ses confrères à Mazamet, au Séquestre, à Gaillac ou Albi. Un médecin albigeois raconte. "Je suis à douze patients par jour, quinze parfois. Alors que normalement c’est trente. On a dit au gens de ne pas sortir. Ils ne sortent que s’ils ont 40°c de fièvre et qu’ils suffoquent." 

"Il y a des pathologies qui nécessitent un suivi régulier avec suivi des analyses" explique le médecin tarnais qui cite le diabète, les traitements anticoagulants, ceux pour la tension pour le cœur. "Il y a des maladies de peau ou des gens ont décommandé des gestes chirurgicaux alors que ce sont des maladies potentiellement gravissimes comme des mélanomes. Les gens ont décommandé les rendez-vous parce qu’ils ne voulaient surtout pas aller à l’hôpital. Les gens ont des symptômes et mais les gens retardent la consultation et quand ils arrivent, il est bien tard. Et les complications sont déjà là."  

Le communiqué des 350 médecins généralistes

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- - Communiqué de presse Alerte aux dommages collatéraux du Covid-19

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