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Retraites : l'âge de départ toujours au centre de la conférence de financement

Réunis mardi pour discuter des voies d'un retour à l'équilibre du système de retraite en 2027, le patronat et les syndicats ont examiné les chiffrages de différentes mesures retardant l'âge de départ. L'âge pivot générerait plus d'économies que la hausse de la durée de cotisation.

La Conférence de financement a été installée par le Premier ministre, Edouard Philippe, le 30 janvier.
La Conférence de financement a été installée par le Premier ministre, Edouard Philippe, le 30 janvier. (Charles Platieu/Pool/AFP)

Par Leïla de Comarmond

Publié le 11 mars 2020 à 07:15Mis à jour le 11 mars 2020 à 09:13

« Une matinée studieuse, sans invectives », dixit un participant. La rencontre entre les organisations patronales et syndicales sur le sujet sensible de la résorption du déficit du système de retraite à l'horizon 2027, mardi, n'a pas produit d'étincelles. L'absence de la CGT et de Force ouvrière, qui ont claqué la porte de la conférence de financement la semaine dernière, n'explique pas tout. L'heure n'était pas à la polémique car le « money time » n'est pas encore arrivé, résume un syndicaliste.

Introduisant les discussions, l'animateur de la conférence, l'ancien directeur de l'Arrco-Agirc, Jean-Jacques Marette, s'est attaché en introduction à tirer le bilan des rencontres bilatérales qu'il a eues avec chacun. Il a noté cinq « points de convergence » : le montant à trouver, soit 12 milliards d'euros ; le fait de « privilégier un cocktail équilibré de mesures », la participation du Fonds de réserve des retraites, a minima sur ses produits financiers ; la contribution de l'Etat au titre des compensations des exonérations de charges mais aussi une piste de travail sur une éventuelle mesure d'âge, pourtant un des sujets les plus polémiques. « Quatre organisations d'employeurs [sont] favorables à une mesure d'âge et quatre organisations syndicales [sont] prêtes à la prendre en considération si elle est accompagnée par d'autres mesures », précise le document présenté aux partenaires sociaux.

L'âge d'équilibre refait surface

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Alors que la volonté du gouvernement d'imposer un âge d'équilibre de 64 ans - en deçà duquel en cas de départ en retraite un malus serait appliqué (et un bonus au-delà) - a provoqué un clash avec la CFDT, l'idée refait son entrée via des chiffrages détaillés. « La logique retenue de la conférence est de partir des demandes des organisations syndicales et d'employeurs à partir d'hypothèses réalistes de montée en charge pour atteindre un équilibre en 2027 », précise la note remise sur table.

Les mesures d'âge figurent d'ailleurs en tête de la liste des dispositifs chiffrés. Et sont celles qui rapportent le plus parmi les hypothèses chiffrées. L'âge d'équilibre de 64 ans produirait une économie de 10 milliards d'euros à horizon 2027, contre 3,9 milliards pour une accélération de l'allongement de la durée de cotisation prévue par la loi Touraine.

Sans que les gagnants de cet âge d'équilibre ne se concentrent sur les seuls cadres ayant commencé à travailler tard. C'est en effet un autre point notable des évaluations présentées mardi : l'âge pivot n'avantage pas forcément les plus hauts salaires, au contraire. Selon l'évaluation présentée, il est plus favorable aux plus bas déciles de pension, qui il est vrai sont pour beaucoup des personnes ayant une carrière incomplète et donc touchées de plein fouet par la borne actuelle des 67 ans pour éviter la décote.

Mesures en attente de chiffrage

Mais la messe n'est pas pour autant dite. Non seulement certaines mesures sont encore en attente de chiffrages, mais la liste n'est pas définitivement arrêtée. D'aucuns chez les syndicalistes s'interrogent sur les choix de chiffrage faits.

« Pourquoi avoir testé l'affectation de seulement 0,1 point de CSG ? », se demande par exemple un syndicaliste. La CFTC, qui n'a pas l'habitude de hausser le ton, a fait part mardi après-midi de son mécontentement. Dans un communiqué, la centrale chrétienne « constate que l'ensemble des mesures chiffrées fait porter l'essentiel de l'effort sur les salariés. Aucune des mesures ne revient en effet à solliciter les entreprises. » Elle demandait, « par exemple, le chiffrage d'une suppression des exonérations de cotisations entre 1,7 et 3,5 SMIC [mais] celui-ci n'a pas été communiqué, au motif présumé d'une hausse du coût du travail ». Hausse du coût du travail écartée de fait par Matignon quand le principe de la conférence avait été arrêté.

Prochaine réunion, le 24 mars. D'ici là, les partenaires sociaux doivent transmettre leurs propositions de scénarios d'« éventail de mesures » à Jean-Jacques Marette.

Leïla de Comarmond 

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