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Coronavirus : le Royaume-Uni instaure à son tour un confinement de sa population

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a déclaré lundi soir que les rassemblements de plus de deux personnes étaient désormais interdits.

Par  (Londres, correspondante)

Publié le 23 mars 2020 à 22h16, modifié le 24 mars 2020 à 08h02

Temps de Lecture 3 min.

Deux enfants regardent à la télévision la conférence de presse de Boris Johnson alors que la propagation du Covid-19 se poursuit à Hertford, en Grande-Bretagne, le 23 mars 2020.

« Aucun premier ministre n’a envie de prendre de telles mesures » : lors d’une courte déclaration préenregistrée depuis le 10 Downing Street lundi 23 mars au soir, Boris Johnson a enfin annoncé un confinement de la population britannique, pour éviter d’en arriver à la situation italienne, « sauver des vies et protéger notre NHS [service de santé national] », a insisté le premier ministre.

Jusqu’à présent, le gouvernement s’était contenté de consignes non obligatoires : il conseillait depuis une semaine aux Britanniques de limiter au maximum leurs déplacements et de respecter une distanciation sociale dont pas beaucoup n’ont tenu compte le week-end dernier, préférant profiter d’un beau soleil de printemps dans les parcs londoniens ou sur les plages du Devon. L’épidémie progressant de manière désormais exponentielle (335 morts recensés lundi, 46 de plus que la veille), M. Johnson n’avait plus vraiment le choix.

Magasins non essentiels fermés

Pour les trois prochaines semaines, les rassemblements de plus de deux personnes sont désormais interdits. Les pubs, restaurants, théâtres et écoles ont fermé ces deux derniers jours mais à partir de mardi 24 mars, c’est au tour de tous les magasins non essentiels hors alimentation et pharmacies de fermer le rideau. « Vous ne devez sortir que pour aller au travail, aller acheter à manger ou des médicaments. Vous pouvez encore faire de l’exercice mais une fois par jour, pour un tour en vélo ou du jogging par exemple. Plus de visite aux familles et aux amis », a insisté Boris Johnson.

Les bibliothèques et les aires de jeux seront fermées, les mariages suspendus, mais pas les enterrements. Si ces consignes ne sont pas respectées, « la police a les pouvoirs d’imposer des amendes et de disperser les rassemblements », a ajouté M. Johnson. Ces pouvoirs extraordinaires sont en partie rendus possibles par l’adoption en cours lundi soir à Westminster, de la loi d’exception « Coronavirus », permettant d’aller jusqu’au confinement obligatoire des citoyens.

Il y a dix jours, Boris Johnson, et ses conseillers scientifiques, pariaient encore sur l’immunité collective (à partir d’un certain pourcentage de la population infectée, l’épidémie ralentit). Ils ont fini, lundi dernier, par abandonner cette stratégie audacieuse mais potentiellement très meurtrière – elle entraînerait au bas mot la mort de 250 000 personnes, selon les modélisations de l’Imperial College London. Pour autant, depuis, Downing Street a hésité, multiplié les communications brouillonnes, parfois contradictoires, insistant d’abord sur le peu d’intérêt à fermer les écoles et les pubs, revenant sur sa décision quelques jours plus tard par exemple.

En cause, selon les médias britanniques, les dissensions entre les scientifiques conseillant le gouvernement, les tensions au sein même du cabinet, et les réticences du premier ministre à prendre des mesures privatives de liberté dans un pays si attaché aux checks and balances (« contre-pouvoirs »), à l’Etat de droit et à son Parlement. « Le premier ministre est extrêmement réticent à transformer le pays en un Etat policier, comme l’ont fait d’autres pays », estime une source proche de Downing Street citée par le site en ligne Buzzfeed dans un article publié le week-end dernier.

Le Royaume-Uni est « une terre de libertés » avait ainsi déclaré M. Johnson mercredi dernier. « Je ne veux pas en arriver aux mesures qu’on a vues dans d’autres pays, Il est important que les Britanniques puissent continuer à faire sortir et à faire de l’exercice, il est important de maintenir cette liberté », insistait-il encore dimanche 22 mars.

Lundi soir, l’heure n’était plus aux critiques sur son manque de réactivité, sur cette grosse semaine de perdue dans la lutte contre la pandémie, mais à l’union sacrée. « Le premier ministre a raison de demander aux gens de rester chez eux, pour protéger le NHS [National Health Service – Service de santé national] et sauver des vies. C’est la bonne réponse à la pandémie de coronavirus, celle que nous réclamions », a estimé Jeremie Corbyn, leader des travaillistes, principal parti d’opposition au gouvernement Johnson.

Interrogé sur Sky News lundi soir, Ken Marsh, le président de la Fédération de la police métropolitaine, un syndicat policier, s’est quand même inquiété de ne pouvoir relever le défi que représentent les nouvelles mesures britanniques. « Nous n’avons toujours pas récupéré les 24 000 postes de policiers que nous avons perdu dans le pays [du fait des coupes budgétaires]. Ce qui nous attend va être très dur. »

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