Publicité

Métiers pénibles : le Medef fait monter la pression avant le rendez-vous de Matignon

Avant le rendez-vous jeudi entre les partenaires sociaux et le Premier ministre qui portera notamment sur la pénibilité, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a affirmé ne « pas [être] favorable à recréer des régimes spéciaux dans le privé ». La CPME et l'U2P sont plus ouverts, mais veulent un financement «solidaire».

« La CFDT [que dirige Laurent Berger] veut ce régime universel à points que nous on ne demandait pas, elle veut améliorer [la prise en compte de] la pénibilité, mais […] il n'y a pas de contreparties », critique Geoffroy Roux de Bézieux.
« La CFDT [que dirige Laurent Berger] veut ce régime universel à points que nous on ne demandait pas, elle veut améliorer [la prise en compte de] la pénibilité, mais […] il n'y a pas de contreparties », critique Geoffroy Roux de Bézieux. (Jacques Witt/SIPA)

Par Leïla de Comarmond

Publié le 10 févr. 2020 à 19:27Mis à jour le 10 févr. 2020 à 19:31

La pénibilité ne sera pas le seul sujet évoqué jeudi matin, lors du rendez-vous des partenaires sociaux à Matignon avec le Premier ministre sur la réforme des retraites . Mais c'est sur cette question que va se concentrer l'attention. C'est en effet l'une des revendications majeures de la CFDT. Et donc pour l'exécutif une monnaie d'échange dans le bras de fer engagé avec le syndicat de Laurent Berger.

Pas intérêt à abattre ses cartes

Il n'est cependant pas question que Matignon dévoile dès à présent toutes ses intentions en la matière. Le congé de reconversion que le gouvernement veut créer pourrait être précisé, mais pas l'éventuel volet réparation via des départs anticipés en retraite en cas de pénibilité. Tactiquement, le gouvernement n'a pas intérêt à abattre ses cartes indépendamment de la discussion ouverte dans le cadre de la conférence de financement (et des mesures d'âge qui seront nécessaires).

On sait déjà que le syndicat de Laurent Berger n'obtiendra pas la réintégration dans le compte pénibilité des quatre critères (dont le port de charges lourdes, les postures pénibles, etc.) qu'Emmanuel Macron avait retirés l'année de son élection. La CFDT en a fait son deuil et a accepté la mise en place d'un dispositif collectif. Le gouvernement s'oriente vers la définition au niveau des branches de métiers reconnus comme pénibles qui donneront droit, à partir d'un certain nombre d'années d'exercice, à des dispositifs de reconversion ou d'aménagement de carrière, et sans doute à un départ anticipé à la retraite (ou à une annulation de la décote liée à l'âge pivot).

Publicité

« Il n'y a pas de contreparties »

Mais ce n'est pas vraiment du goût du Medef dont on constate du côté de l'exécutif qu'il se raidit. « C'est très simple, on recrée les régimes spéciaux [de retraite] dans le privé », « je [n'y] suis pas favorable », a affirmé lundi son président, Geoffroy Roux de Bézieux, sur France info, jugeant qu'il « n'y aurait (dès lors) aucune incitation à améliorer la prévention ». Il a taclé au passage la centrale de Laurent Berger : « La CFDT veut ce régime universel à points que nous on ne demandait pas, elle veut améliorer [la prise en compte de] la pénibilité, mais […] il n'y a pas de contreparties ».

Sur le dossier, le patronat ne parle cependant pas d'une seule voix car la CPME et l'U2P portent, eux, un regard plus bienveillant sur la perspective d'une pénibilité de métier définie par les branches. « On peut reconnaître qu'il y a un certain nombre de métiers qui peuvent avoir physiquement une incidence sur la santé des hommes et des femmes qui l'exercent, y compris pour les travailleurs indépendants », estime Alain Griset, le président de l'U2P (artisans et professions libérales).

« Certains métiers sont plus exposés que d'autres, si on ne le prend pas en compte, on risque de créer de fait un nouveau régime de retraite qui s'appellera l'inaptitude », souligne le président de la CPME, François Asselin.

Contribution spécifique

Mais pas question que les entreprises concernées paient, et c'est là que le bât blesse. Tous deux réclament un financement « solidaire ». Ce qu'apprécient moyennement les branches qui ont fait des efforts de prévention et celles qui ne sont pas concernées par les quatre critères supplémentaires.

Le gouvernement pourrait prévoir une contribution spécifique des branches concernées (afin aussi d'éviter des dispositifs trop larges), éventuellement complétée par un financement pris sur la solidarité, selon une source patronale. Tandis que du côté de la CFDT, on plaide pour l'instauration d'un régime supplétif à défaut d'accord de branche définissant une liste de métiers concernés, pour les contraindre à négocier.

Leïla de Comarmond

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité