PME : les rémunérations des patrons ne progressent plus
•La rémunération des dirigeants des plus grandes PME a chuté en six ans.•Les femmes rattrapent leur retard par rapport aux rémunérations des hommes.
Des rémunérations en baisse. En 2014, les patrons des PME cotées ont gagné moins qu'en 2013. La baisse n'est que de 1 à 2 %, mais elle se cumule avec les baisses des années 2012 et 2013, de même ampleur. C'est ce que montre une étude publiée jeudi par ATH, association technique de cabinets d'audit et d'expertise comptable, dont le panel repose sur 154 sociétés cotées et 401 dirigeants.
Comme les années précédentes, le rapport montre la très grande différenciation entre les trois familles de sociétés cotées. Pour les patrons des PME cotées sur le compartiment A (sociétés dont la capitalisation boursière dépasse 1 milliard d'euros), la rémunération médiane s'élève à 562.000 euros, contre 566.000 en 2013, et 722.000 en 2008. Une chute de 22,16 % en six ans !
Pour le compartiment B (capitalisation comprise entre 150.000 et 1 milliard d'euros), le salaire médian a baissé en un an de 1,16 %, à 339.000 euros, mais il a augmenté de 16 % en six ans (292.000 euros en 2008). Quant aux patrons des entreprises du compartiment C (capitalisation inférieure à 150.000 euros), ils gagnent 223.000 euros, contre 228 000 euros en 2013 (-2,2 %).
A titre de comparaison, la moyenne des salaires des patrons du CAC 40 en 2014 (fixe et variable), s'est élevée à 2,267 millions d'euros. L'écart se creuse d'autant plus avec eux que ces derniers ont gagné plus en 2014 qu'en 2013 (+ 4,5 %). « La forte médiatisation des rémunérations des dirigeants des très grandes entreprises masque la réalité économique des rémunérations des dirigeants des sociétés du "Middle Market". Force est de constater un réel décrochage entre le CAC 40 et le reste de la cote dont les rémunérations sont plus de quatre fois inférieures », remarque Laure Saludes, associée du cabinet RSM Paris.
Par ailleurs, si 61 % des patrons de l'échantillon ont perçu en 2014 une rémunération variable, seulement 25 % ont bénéficié d'options de souscription ou d'achat d'actions, contre 30 % en 2008. 27 % ont une indemnité de départ liée la plupart du temps à des conditions de performance. Les bénéficiaires sont surtout dans les PME de plus de 1 milliard de capitalisation. Idem pour ceux qui ont une retraite chapeau. Enfin, seulement 17 % disposent d'une indemnité de non-concurrence.
92 % des rémunérations masculines
Dans cette radiographie, qu'en est-il des femmes ? Sur le panel étudié, seulement 25 dirigeants sont du sexe féminin, soit à peine plus de 6 %. Petit à petit, l'écart observé avec les rémunérations des hommes se réduit. En 2014, les femmes ont gagné (valeur moyenne) 506.000 euros contre 549.000 euros pour les hommes, soit 92 % des rémunérations des hommes. En 2013, elles n'en touchaient que 69 % (372.000 euros contre 537.000 euros).
Cette situation atypique s'explique par une seule évolution : la rémunération exceptionnelle d'une dirigeante qui s'est vu verser une prime exceptionnelle de 2,2 millions d'euros... Conséquence, pour la première fois l'an dernier, dans le compartiment A, la rémunération totale des femmes a dépassé celle des hommes avec une moyenne de 1,268 million d'euros contre 839.000 pour leurs homologues. Un événement qui a peu de chance de se reproduire.
Laurence Boisseau