La poétesse Sarah Kirsch s’est éteinte à l’âge de 78 ans des suites d’une brève maladie, a-t-on appris mercredi. Elle était l’auteur de poèmes sur la nature déjà considérés comme des classiques des lettres allemandes.
Ceux-ci lui avaient valu de recevoir de nombreux prix littéraires, parmi lesquels, en 1996, le prestigieux Prix Georg Büchner.
Les poèmes de Sarah Kirsch n’avaient rien d’un lyrisme bucolique naïf. La simplicité énigmatique de ses vers, son style dépouillé sans grammaire ni ponctuation lui servaient, à travers les paysages, à peindre des états d’âme. L’amour, la séparation, la solitude… Le célèbre critique littéraire allemand Marcel Reich-Ranicki écrira à leur sujet qu’ils portaient un « lyrisme des grands sentiments et des puissantes passions ». Sarah Kirsch elle-même confessa un jour, dans l’une des rares interviews, son « fond mélancolique ».
Empreinte d’une finesse profonde, la poésie de Sarah Kirsch est aussi parsemée d’allusions politiques. De cette femme discrète, qui vivait retirée dans le Schleswig-Holstein, au nord de l’Allemagne, on se souviendra, en effet, aussi de l’engagement pour la démocratie et les droits de l’Homme. En 1976, elle protesta avec courage lorsque l’écrivain et chanteur Wolf Biermann se vit expulser et retirer sa nationalité par le régime de la RDA. Les pressions étatiques dont elle fit alors l’objet la poussèrent, l’année suivante, à s’installer à l’Ouest.
Le ministre allemand délégué à la Culture et aux Médias, Bernd Neumann, a salué mercredi la mémoire de Sarah Kirsch.
Parmi les principales œuvres de la poétesse, qui était également peintre, on retiendra le recueil Katzenleben (1984), le texte en prose Allerlei-Rauh (1988) et le recueil Spreu (1991), illustré par ses soins. Deux de ses recueils ont été traduits en français, Erdreich (éd. le Dé bleu, 1988) et Schneewärme (éd. le Dé bleu, 1993). Sa dernière œuvre, intitulée Märzveilchen, était parue l’année dernière.
A.L.
Via weizen