Comme toutes les crises, celle que nous traversons présente la particularité de mettre sous les projecteurs des tendances de fond.
La première est la délicate mise en œuvre dans les grandes villes de la distanciation physique. Le confinement à la campagne est plus efficace et certainement beaucoup moins traumatisant ! On a d’ailleurs constaté un exode brutal et massif de citadins qui ont véritablement fui. Les raisons avancées sont simples : « on ne veut pas être pris au piège chez nous dans des appartements trop petits, et dans les concentrations urbaines où la maladie se propage plus facilement ! ». Difficile en entendant cela de penser que vivre dans les métropoles est un réel choix personnel et familial ! Au contraire, tout indique par exemple qu’il nous faut renforcer encore nos circuits courts agricoles pour réduire notre dépendance et renforcer notre sécurité alimentaire. De même, cette crise a souligné l’absolue nécessité de rendre plus juste et plus efficace notre organisation de santé de proximité.
La vitesse à laquelle notre société a vu évoluer sous la contrainte, ses modes de travail, de consommation et de vie sociale, en quelques jours, est absolument sidérante. Prenons l’exemple du télétravail. Son explosion soudaine met le rural dans la course. Cela va accélérer la desserte en fibre optique engagée dans les zones rurales grâce aux efforts importants des collectivités palliant le manque d’initiative privée. Cela ouvre de nouvelles perspectives de carrières ambitieuses pour les jeunes ruraux mais aussi pour les urbains qui veulent « vivre autrement ». La ruralité pourra aussi accueillir, dans des conditions optimales, les relocalisations d’entreprises résilientes qui y trouveront un équilibre entre profit financier, condition de vie des salariés et gestion des risques y compris géostratégiques.
Des injonctions inadaptées
Par ailleurs, dans cette crise, l’application des injonctions parisiennes souvent en décalage temporel avec le vécu de terrain, s’avère encore plus délicate qu’à l’habitude. Une nouvelle fois, l’Etat ne fait pas confiance aux collectivités. Les stratégies de santé publique doivent venir de Paris, c’est indispensable. Mais, la mise en œuvre doit être confiée aux acteurs publics de terrain. A défaut, notre pays ne saurait être efficace notamment dans les départements ruraux, qui sont de grands villages, où de nombreuses initiatives viennent compléter les dispositifs sanitaires nationaux et ainsi participer à la cohésion collective. L’Etat central doit enfin le comprendre.
Comment ne pas voir dans les conséquences de cette crise, une magnifique opportunité de refonder un modèle de société plus en phase avec l’environnement. De nombreuses maladies infectieuses y sont étroitement liées, si bien que lutter contre le réchauffement climatique s’avère être un des leviers efficaces pour limiter l’émergence de ces épidémies. La ruralité porte en elle les prérequis essentiels à ce mouvement : nombreuses aménités à valoriser, contact avec la nature, faible densité, agilité et facilité à agir …
Cette crise montre que notre pays est capable de changer très vite quand il y est contraint. Quand la vie des français au sens premier du terme, est en jeu. Qui aurait pu imaginer cela il y a deux mois ? Ce qui est rendu possible aujourd’hui devra absolument être mobilisé lorsque nous sortirons de cette crise sanitaire car la ruralité et les ruraux sont à bien des égards porteurs de solutions pragmatiques, susceptibles d’être mises en œuvre rapidement, pour relever les défis de notre pays.
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