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Coronavirus et confinement : "j'ai 102 euros pour vivre", les étudiants précaires en galère

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Avec le confinement, les difficultés des étudiants précaires explosent. Beaucoup ont perdu leur job, les restaurants universitaires sont fermés et l'activité des associations d'aide alimentaire est restreinte. À l'université Grenoble Alpes, le recours aux assistants sociaux a augmenté de 48%.

Image d'illustration. Une jeune femme dans les rues de Valence pendant le confinement. Image d'illustration. Une jeune femme dans les rues de Valence pendant le confinement.
Image d'illustration. Une jeune femme dans les rues de Valence pendant le confinement. © Radio France - Claire Leys

"J'ai 102 euros par mois pour vivre", confie David, étudiant en cinquième année d'art et design à Valence. Cette somme lui est versée par le Crous, mais elle ne suffit pas pour payer son loyer et ses courses. "Avant le confinement, je travaillais dans une structure culturelle. J'enchaînais les heures pour boucler les fins de mois", précise-t-il. À cause du confinement, il a perdu son emploi. "Mon employeur n'a pas renouvelé mon CDD et je me retrouve sans rien", ajoute-t-il, dépité. 

Le recours aux assistants sociaux en forte hausse

David ne peut pas compter sur le soutien financier de ses parents, il vit sur ses économies, qui s'amenuisent dangereusement. L'académie de Grenoble (qui regroupe la Drôme, l"Ardèche, l'Isère, la Savoie et la Haute-Savoie) compte 95.000 étudiants, parmi lesquels 26.900 sont boursiers.

La détresse de ces jeunes précaires est invisible, tapie dans l'ombre des chambres exiguës de leurs résidences étudiantes. Les assistants sociaux du Crous Grenoble Alpes eux la constatent tous les jours, par téléphone. "Depuis le début du confinement, les assistantes sociales observent une augmentation de leur activité, alors même qu'il y a beaucoup moins d'étudiants sur site", explique Françoise Chavant, responsable du service social au Crous Grenoble Alpes. 

En mars, le nombre d'entretiens téléphoniques, qui permettent notamment d'obtenir une aide financière d'urgence, a augmenté de 48% par rapport à mars 2019, passant de 818 à 1209 entretiens. 953 aides ponctuelles ont été accordées par le Crous en mars 2020, notamment des bons alimentaires sous forme de e-cartes. 

Précarité alimentaire

En plus de la perte d'un emploi ou d'un stage rémunéré, les étudiants doivent se passer des restaurants universitaires et autres banques alimentaires. À Valence, le Panier étudiant, une épicerie solidaire gérée par la Croix-Rouge, a dû fermer pendant deux semaines à cause du confinement. "Avec le Panier étudiant, pour cinq euros, j'avais de quoi tenir une semaine, explique Manon, étudiante à Valence. Après la fermeture, j'ai dû me rendre en grande surface et financièrement, c'est extrêmement compliqué"

La priorité de Manon cette année, c'était son mémoire de fin d'études pour devenir éducatrice spécialisée. Aujourd'hui, elle se préoccupe surtout de son frigo. Heureusement, fin mars, la Croix-Rouge a pu rouvrir son épicerie. "Nous constatons une recrudescente des étudiants en difficulté, informe Dolorès Rios, bénévole à Croix-Rouge. Non seulement ils ont perdu leurs revenus, mais en plus ces jeunes sont isolés, loin de leur famille... La détresse est immense." Sur l'ensemble des campus de l'université Grenoble Alpes (UGA), un tiers des étudiants sont confinés en résidence universitaire.

Un site pour épauler les étudiants  

L'UGA a envoyé un questionnaire à tous ses étudiants pour recenser leurs difficultés et tenter de trouver des solutions au cas par cas. D'après les premiers résultats de cette enquête, 21% des répondants déclarent rencontrer des difficultés liées à la solitude et l'isolement. 78% se disent en difficulté pédagogique. Selon Philippe Sarrazin, vice-président de l'université, l'impasse financière pourrait engendrer une impasse éducative. "Nous avons peur que le confinement accélère le décrochage des étudiants les plus précaires. Ceux qui n'ont pas de matériel informatique, une mauvaise connexion internet ou un contexte familial difficile sont les plus susceptibles de ne pas terminer l'année", explique-t-il. Pour que ces jeunes ne sortent pas des radars, et pour tous les autres, un site dédié a été créé.

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