Prévention du coronavirus : la piste du BCG

INTERVIEW. Mis au point il y a un siècle, le vaccin contre la tuberculose, efficace pour traiter le cancer de la vessie, est étudié contre le nouveau coronavirus.

Propos recueillis par

Temps de lecture : 3 min

Il s'agit d'une piste de recherche, parmi les nombreuses actuellement suivies pour tenter de mettre des bâtons dans les roues ou même pour faire tomber la couronne du Sars-CoV-2, dont la progression ne cesse d'inquiéter, partout dans le monde.

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Celle-ci porte sur l'action possible du BCG. Oui, le fameux vaccin contre la tuberculose, le bacille de Calmette et Guérin, mis au point il y a près de 100 ans. Les dernières décennies ont permis de lui découvrir des effets autres que la prévention de la tuberculose. Le professeur Camille Locht, directeur de recherche Inserm à l'Institut Pasteur de Lille, tente de mettre en place en France un essai avec ce vaccin particulier.

Le Point : Pourquoi remettre ce « vieux » vaccin au goût du jour ? Pensez-vous vraiment qu'il puisse être utile dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus ?

Camille Locht : Je l'espère, mais je tiens d'emblée à préciser qu'il est indispensable de mener des études cliniques pour évaluer scientifiquement les effets du BCG sur le coronavirus. En France, ce vaccin n'est plus obligatoire depuis 2007. Auparavant, beaucoup de gens l'ont reçu dans leur prime enfance. L'immunité induite par le BCG étant est d'environ 5 à 7 ans, leur protection - si elle existe encore - doit être très faible. Mais une nouvelle injection peut « réveiller » l'immunité en quelques heures ou quelques jours. Et pourquoi pas aider ainsi l'organisme à se battre contre ce nouveau virus. Ce ne serait pas la première fois que le BCG aurait des effets autres que ceux sur la tuberculose.

Des essais cliniques contre placebo sont déjà en préparation aux Pays-Bas, essentiellement auprès du personnel soignant, pour voir si cela permettait de prévenir l'infection. En France, on tente de lancer une étude un peu semblable en concertation avec d'autres pays, dont l'Espagne. Résultats dans quelques mois. En attendant, rien ne justifie le fait de se faire vacciner dans le contexte du Covid-19.

Vous parlez d'effets « autres » du BCG. Quels sont-ils et comment ont-ils été découverts ?

Dès le début du XXe siècle, des scientifiques ont remarqué qu'il existait une sorte de relation inverse entre cancer et tuberculose. Comme si cette infection protégeait les individus contre le cancer. Des études ont donc été initiées pour valider cette observation. Elles n'ont pas permis de confirmer les bienfaits, sauf pour le cancer de la vessie, surtout au stade précoce, peu invasif. Dans ce cas, le BCG est aujourd'hui le meilleur traitement.

Cela montre que ce vaccin a des propriétés immunologiques qui dépassent de loin la protection contre la tuberculose. Ce qui a été également démontré par des études épidémiologiques, réalisées il y a plusieurs dizaines d'années, notamment par des groupes en Guinée Bissau (Afrique), pays où la couverture vaccinale des enfants n'excédait alors pas les 30 %. Les chercheurs ont voulu vérifier, sur le terrain, l'efficacité du BCG. Et ils ont remarqué que les jeunes qui avaient reçu cette protection mouraient moins que les autres de la tuberculose, mais aussi d'autres pathologies respiratoires. C'était tellement étonnant que l'OMS regardait cela de loin.

Les choses ont-elles changé depuis ?

Oui, car la communauté scientifique internationale a fini par prendre conscience du fait que le BCG pouvait effectivement avoir un effet protecteur au-delà de la tuberculose. D'ailleurs il semble que ce soit également le cas pour d'autres vaccins vivants, comme celui contre la rougeole ou le vaccin buvable contre la polio.

On n'explique pas encore totalement ce phénomène, mais il est bien réel. Dans mon laboratoire, on travaille sur un nouveau vaccin vivant contre la coqueluche. On s'est rendu compte, dans des modèles animaux comme la souris, qu'il protégeait également contre la grippe et l'asthme … On peut donc espérer trouver, avec les vaccins vivants atténués, de nouveaux moyens de se protéger contre le Covid-19.

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Commentaires (7)

  • margottons

    J’ai un cancer de la vessie traité par instillation « bcg » il y a 16 mois et j. Ai remarqué un renforcement de mes défenses immunitaires passant cet hiver et le précédent sans bronchite et sans rhume ou autres soucis se santé et j’ai 80 ans largement dépassé.

  • alain.way

    Enseignant auprès d'enfants migrants depuis 12 ans mon généraliste inquiet de savoir que certains de mes élèves n'étaient pas vaccinés BCG (l'école DOIT les scolariser en attendant qu'ils soient vaccinés en PMI sous 3 mois mais ils ne se rendent pas aux rendez-vous) m'a soumis au tubertest.
    N'étant absolument plus immunisé il m'a prescrit un BCG. Introuvable désormais, ni en pharmacie de ville ni en pharmacie d'hôpital. J'ai donc été dirigé vers un médecin spécialiste qui m'a exclu de la vaccination sous prétexte que je pouvais très bien enseigner à 1 m50 de distance des enfants. Il a précisé que lui s'était vacciné parce qu'il était VRAIMENT au contact des migrants (le temps de les vacciner, donc)
    Mon généraliste outré m'a demandé de rester vigilant quant aux enfants présentant des toux persistantes, et que le problème était surtout la pénurie de vaccins...

  • el sasr

    Même contre la tuberculose, l'efficacité du BCG est très controversée, d'ailleurs de nombreux pays ne l'ont jamais utilisé. Alors, contre le coronavirus...