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Décryptage

Dangerosité, sécurité sanitaire… 5 questions sur le coronavirus

Le nouveau virus Covid-19 apparu en Chine touche désormais 80 pays. Cette irruption est en train de donner un sérieux coup de frein à l'économie. A-t-on raison de s'inquiéter à ce point ? Peut-on d'ores et déjà parler d'un échec de la stratégie de sécurité sanitaire ? Quelques réponses aux questions que tout le monde se pose.

Les gouvernements ne m�énagent pas leurs efforts contre le coronavirus, car il est méconnu, il n'y a pas de vaccin et son taux de mortalité n'est pas négligeable.
Les gouvernements ne ménagent pas leurs efforts contre le coronavirus, car il est méconnu, il n'y a pas de vaccin et son taux de mortalité n'est pas négligeable. (/AP/SIPA)

Par Solveig Godeluck

Publié le 6 mars 2020 à 07:03Mis à jour le 6 mars 2020 à 07:16

 1. J'ai attrapé le coronavirus : est-ce grave, docteur ?

En France, huit cas sur dix sont des formes bénignes. Dans 15 % des cas, une hospitalisation est nécessaire, et 5 % des patients sont admis en réanimation. En fin de compte, 1,5 % à 2 % des malades décèdent. Les personnes infectées ne présentent pas toujours des symptômes, mais dans ce cas elles sont peu contagieuses, puisqu'elles ne toussent pas et n'éternuent pas. Souvent, l'état du malade empire la deuxième semaine du fait de l'apparition d'une pneumonie.

Pourquoi y a-t-il si peu de guérisons déclarées ? Les hôpitaux de référence pour l'accueil des malades sont tellement débordés, qu'ils n'ont pas le temps de les signaler, souligne-t-on au ministère de la Santé. On dit souvent qu'un rhume dure six jours ; il semble à ce stade qu'un coronavirus dure deux semaines.

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 2. Les pouvoirs publics ont-ils surréagi face au coronavirus ?

Les Français font le parallèle avec la grippe, qui tue 8.000 à 10.000 personnes par an, presque dans l'indifférence générale. En comparaison, selon le bilan officiel de mercredi, le coronavirus a provoqué 3.200 décès dans le monde entier depuis janvier ( et 6 en France, selon le décompte de jeudi ). Mais les épidémiologistes sont formels : c'est un nouveau virus qui émerge, il faut donc se méfier.

Il n'existe pas de vaccin contre le Covid-19 . Le vaccin antigrippal n'est certes pas une barrière parfaite, mais il peut aider, pourvu qu'on accepte de se faire vacciner. Par ailleurs, « les taux de mortalité du Covid-19 ne sont pas négligeables, et ils sont largement supérieurs à la grippe », explique-t-on au ministère. Dans les pays aux systèmes de soins les moins performants, ils peuvent grimper à 5 %.

3. Y a-t-il des pays mieux organisés que les autres face au coronavirus ?

Berceau du virus, avec 80.000 cas sur 94.200 mercredi dans le monde, la Chine a pris des mesures drastiques et inédites de restriction des libertés publiques , qu'il serait malaisé de mettre en oeuvre dans une démocratie libérale. Grâce à ces contraintes, l'épidémie est en train de refluer. Mais alors qu'elle se développe dans le reste du monde, il est probable que « l'incendie éteint revienne par la fenêtre », souligne-t-on au ministère de la Santé.

La situation de la Corée du Sud, avec 5.600 cas, est préoccupante, s'agissant d'un pays moderne avec des hôpitaux haut de gamme. La contagion a été forte. Mais la mortalité rapportée au nombre de cas n'est que de 0,5 % : ces statistiques reflètent l'effort de dépistage de rue des Coréens.

En Europe, l'Italie se démarque , avec déjà 3.800 cas et, sur cet effectif, 2,6 % de décès. Les autorités italiennes ont tardé à remonter la première chaîne de transmission, peut-être du fait d'une organisation décentralisée du système de santé . France, Allemagne et Espagne en sont à peu près au même stade, celui de l'endiguement (stade 2), avec quelques centaines de cas.

4. Le passage imminent au stade 3 de l'épidémie en France signe-t-il l'échec de la stratégie de sécurité sanitaire ?

C'est une digue qui va sauter, mais ce n'est ni une surprise ni une catastrophe . Au stade 1, le virus est à nos portes et il faut empêcher son arrivée. Au stade 2, il circule sur le territoire. Au stade 3, il circule « activement » : pour la grippe, c'est le moment où l'on atteint le seuil de 10 cas pour 100.000 personnes. Pour le coronavirus, ce sont les épidémiologistes qui donneront le signal.

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En tout cas, à la direction générale de la Santé (DGS), on se félicite d'avoir réussi à retarder l'explosion du nombre de cas, car cela a permis de passer le pic de la saison grippale, de se rapprocher des beaux jours - le virus est moins dangereux en plein air -, et de s'organiser. Les Français ont été nombreux à adopter les « gestes barrières » : tousser dans le pli du coude, se moucher, se laver les mains, cesser de s'embrasser ou de se serrer les mains. « Au lieu d'avoir un malade qui contamine trois personnes, il n'y a plus que 2, voire 1,5 personne contaminée », souligne-t-on à la DGS.

Le passage au stade 3 est en revanche jugé inévitable, d'autant plus que « le virus va continuer à circuler tant que la population mondiale ne sera pas immunisée ». Les autorités disent ne pas pouvoir estimer à quel moment le pic épidémique sera atteint.

5. Quelles seront les nouvelles « mesures-barrières » au stade 3 ?

Au plus fort de la grippe espagnole, en 1919, on a fermé le port de Marseille avec une chaîne. Mais arrêter les transports n'est plus envisageable dans notre monde interdépendant, considère-t-on au gouvernement. Les pouvoirs publics vont plutôt demander aux Français de faire des efforts de solidarité pour protéger les personnes vulnérables : éviter de se rendre dans un Ehpad en visite ou d'emmener sa progéniture chez un malade chronique - les enfants brassent beaucoup de virus sans le savoir… Alors qu'aujourd'hui quasiment tous les malades sont hospitalisés, on va renvoyer chez eux les cas légers, et faire de la place pour les plus fragiles.

Les gens vont pouvoir circuler, mais on conservera des quarantaines, toujours pour ménager les plus faibles. Les parents d'enfants déscolarisés du fait de la fermeture de leur établissement peuvent déjà obtenir un arrêt de travail indemnisé, sans jour de carence, en passant par un site dédié de l'Assurance-Maladie. Les règles de la télé-consultation pourraient encore être assouplies si nécessaire, et les médecins libéraux appelés en renfort, explique-t-on au ministère.

Solveig Godeluck

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