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Coronavirus : l'Europe tente de maîtriser l'épidémie sans rétablir de contrôles aux frontières

Sonnés par la soudaine propagation du coronavirus en Italie, les Européens tentent de s'organiser sans céder à la panique. Les réunions vont se multiplier à Bruxelles. Aucun pays n'a pour l'instant notifié à la Commission son intention de rétablir provisoirement des contrôles à ses frontières.

Des Italiens faisaient la queue dimanche devant l'un des rares supermarchés ouverts à Casalpusterlengo, dans le nord de l'Italie. Une douzaine de villes italiennes ont été « fermées » à la suite du décès de plusieurs personnes touchées par un coronavirus venu de Chine.
Des Italiens faisaient la queue dimanche devant l'un des rares supermarchés ouverts à Casalpusterlengo, dans le nord de l'Italie. Une douzaine de villes italiennes ont été « fermées » à la suite du décès de plusieurs personnes touchées par un coronavirus venu de Chine. (Claudio Furlan/AP/SIPA)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 24 févr. 2020 à 18:10Mis à jour le 25 févr. 2020 à 16:56

Trouver le bon curseur entre une position d'attentisme, qui pourrait se révéler rapidement criminelle et un excès d'interventionnisme susceptible de semer une panique inutile. C'est toute la difficulté pour les autorités nationales et européennes alors que le nouveau coronavirus s'est propagé ces derniers jours de façon aussi soudaine qu'inquiétante en Italie.

A Bruxelles, au siège de la Commission européenne, on tentait lundi de s'en tenir aux faits et de se préparer le mieux possible à une intensification de l'épidémie . Celle-ci concerne aujourd'hui un nombre infime de cas à l'échelle de la population européenne et les systèmes de santé nationaux sont compétents et censés être préparés pour gérer cette crise. 

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La manière dont l'Italie s'est mobilisée pour réagir aux premiers cas mortels du Covid-19 a en tout cas été saluée à Bruxelles. Dans ces conditions, le rôle de la superstructure européenne consiste plus à favoriser la coopération qu'à multiplier des directives superflues.

Nouvelle enveloppe financière

Lundi matin, le commissaire en charge de la Gestion des crises, Janez Lenarcic a annoncé une nouvelle enveloppe d'aide de 232 millions d'euros. Objectif : renforcer les efforts internationaux pour ralentir la propagation du coranovirus et soutenir les Etats membres. Une moitié de cette somme (114 millions) est destinée à l'OMS et à travers elle « aux pays où les systèmes de santé sont plus faibles » pour renforcer la préparation et la réaction aux situations d'urgence. Cent millions iront au financement de la recherche d'un vaccin, 15 millions seront alloués en Afrique, notamment à l'Institut Pasteur de Dakar. Enfin, 3 millions iront subventionner les vols de rapatriement des citoyens européens résidant à Wuhan. Précédemment, Bruxelles avait convoyé en Chine plus de 30 tonnes de matériels de protection.

Les administrations de santé sont invitées à partager leurs informations, évaluer les besoins et assurer une réponse cohérente à l'échelle de l'UE. Les experts des Vingt-sept se sont réunis lundi dans le cadre du « comité de sécurité sanitaire » pour débattre sur les risques de diffusion du virus et les scénarios possibles capables de les limiter.

Contrôles aux frontières

Le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l'Union européenne n'est pas à l'ordre du jour. « A l'heure actuelle, notre recommandation aux Etats membres n'inclut pas la réintroduction de contrôles aux frontières internes », a fait savoir lundi matin à Bruxelles un porte-parole de la Commission européenne. Le code Schengen autorise bien la mise en place provisoire de contrôles « mais toute décision devrait être prise à certaines conditions », a insisté Janez Lenarcic. Elle doit être « proportionnée », prise en coordination avec les autres Etats et « basée sur des preuves scientifiques ».

La Commission se fie aux recommandations de l'OMS : « Pour le moment, l'Organisation mondiale de la santé n'a pas demandé de limiter les voyages ni le commerce » en Europe a déclaré la Commissaire à la Santé, Stella Kyriakides. Aucun pays n'a pour l'instant notifié à la Commission son intention de prendre une telle décision pour des raisons de santé publique. Ce serait la première fois dans l'histoire de l'Union européenne.

Une mission conjointe de l'OMS et de l'agence européenne pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) doit se rendre mardi en Italie. Rome a proposé de son côté une réunion des ministres de la Santé des pays frontaliers de la péninsule pour déterminer « des lignes d'action communes » face à l'épidémie .

Pour l'heure, les grandes réunions internationales sont maintenues, comme le rendez-vous jeudi à Addis Abbeba, Ethiopie, entre les commissaires européens et le collège de l'Union africaine , programmé par la présidente Ursula von der Leyen. Le sommet UE-Chine, prévu pour plus tard dans l'année, est lui aussi toujours programmé.

Climat de panique

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Autant que sa brusque inflammation, c'est l'absence de clarté sur l'origine de l'épidémie en Italie qui a de quoi inquiéter. Cette incertitude contribue à alimenter un climat de panique qui provoqué quelques scènes inhabituelles en Europe. La liaison ferroviaire par le col du Brenner, point de transit entre Autriche et Italie, a été interrompue quelques heures lundi soir en raison de doutes sur l'état de santé de deux passagères allemandes qui avaient embarqué à Venise dans un train à destination de Munich, en Allemagne. En France, un car exploité par Flixbus en provenance de Milan a été isolé à Lyon, le chauffeur et un passager ont été hospitalisés.

Le gouvernement de Giuseppe Conte n'a pas exclu vendredi en marge du sommet de Bruxelles, de suspendre les accords de Schengen pour garantir « le maximum de protection ». Il est sous la pression de son adversaire Matteo Salvini qui plaide - comme face aux migrants- pour un « blindage » des frontières et a appelé Conte à la démission « s'il n'est pas capable de défendre l'Italie et les Italiens ».

En France, le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran a indiqué ce week-end « se préparer à une épidémie » avant d'ajouter qu'une fermeture de la frontière avec l'Italie « n'aurait pas de sens ». Le gouvernement a émis lundi une série de recommandations pour les personnes revenant des deux régions italiennes touchées, la Lombardie et la Vénétie, en leur demandant notamment d'éviter « toute sortie non indispensable ».

VIDEO. Coronavirus en Italie : 11 villes mises en quarantaine

Catherine Chatignoux 

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