Climat : les émissions de la France ont reculé de 1 % l'an dernier
Le Citepa, l'organisme officiel chargé de calculer les émissions de gaz à effet de serre de la France, estime que leur baisse l'an passé, nettement moins forte qu'en 2018, devrait se poursuivre cette année, crise du coronavirus oblige.
Par Joël Cossardeaux
Pour la deuxième année consécutive, la France enregistre une baisse de ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Le Centre interprofessionnel technique d'études de la pollution atmosphérique (Citepa) , l'organisme officiellement chargé d'en faire l'inventaire, a annoncé ce mardi un recul de 1 % en 2019. Ce résultat est nettement moins bon que celui observé l'année précédente (-4 %). Il s'inscrit cependant dans une tendance baissière « qui devrait se poursuivre en 2020 compte tenu de la crise du Covid-19 », indique le Citepa dans un communiqué.
Le montant de ces émissions, exprimé en équivalent CO2, la principale composante des gaz à effet de serre, est passé de 445 millions de tonnes en 2018 à 441 millions l'an dernier. Dans les deux cas, « il s'agit des niveaux les plus bas enregistrés depuis 1990 », note le Citepa. Ces chiffres rompent avec la période 2014-2017 au cours de laquelle les émissions avaient augmenté de 0,7 % par an en moyenne. après dix ans de forte baisse (-2,2 % par an en moyenne) entre 2005 et 2014.
Le point noir des transports
L'embellie observée entre 2017 et 2019 tient au recul des émissions observées dans les secteurs de l'énergie (-29 % pour la production d'électricité), du résidentiel-tertiaire (-9 %), des déchets (-5 %) et de l'agriculture (-2 %). Ce dernier secteur continue cependant de peser dans les émissions avec une part de 19 %, soit autant que le résidentiel-tertiaire et légèrement plus que l'industrie manufacturière et la construction réunies (18 %).
Avec 31 % des rejets de gaz à effet de serre, les transports demeurent le gros point noir. Les voitures diesel des particuliers comptent pour 11 % du total, les poids lourds diesel pour 6,4 % et les véhicules utilitaires légers pour 5,4 %. Ces trois sous-secteurs, ajoutés au résidentiel (chauffage, 10,9 %), au tertiaire (chauffage, réfrigération, 7,8 %) et à l'élevage bovin (7,7 %), « sont responsables de la moitié des émissions de GES », indique le Citepa.
Des émissions « hors budget »
En tout état de cause, la baisse de 1 % observée en 2019 n'est pas suffisante pour respecter l'enveloppe des budgets carbone que la France s'est fixée pour les prochaines années. Au terme de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) qui vient d'être révisée , la barre à ne pas dépasser s'établit à 442 millions de tonnes équivalent CO2 par an. C'est raté pour 2019 avec un bilan d'émissions supérieur de 4,5 % à l'objectif fixé. Les prochaines années s'annoncent déterminantes. Il faudra que les émissions baissent chaque année de 10 millions de tonnes par an, soit une diminution moyenne de 2,3 % par an, pour que la France soit à la hauteur de ses ambitions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Joël Cossardeaux