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Coronavirus : moratoire sur la dette des pays pauvres

Les pays pauvres vont bénéficier d'une suspension, au titre de l'année 2020, du paiement des intérêts sur leurs dettes externes. Une annulation de dette n'est pas envisagée dans l'immédiat. Elle sera étudiée vers la fin de l'année au cas par cas.

Les pays pauvres d'Afrique, comme ici la Guinée Conakry, vont pouvoir suspendre temporairement le paiement des intérêts de leur dette externe.
Les pays pauvres d'Afrique, comme ici la Guinée Conakry, vont pouvoir suspendre temporairement le paiement des intérêts de leur dette externe. (Cellou Binani/AFP)

Par Richard Hiault

Publié le 15 avr. 2020 à 07:30

Pas de précipitation. Dans son discours de lundi soir , le chef de l'Etat français, Emmanuel Macron, avait souligné qu'il fallait aider les pays voisins d'Afrique sur le plan économique « en annulant massivement leur dette ».

Mais cette perspective attendra. Les pays africains les plus pauvres devront se contenter d'un moratoire sur le service de leur dette cette année. C'est ce que devraient annoncer les ministres des Finances du G20, ce mercredi, après que leurs homologues du G7 se sont, mardi, déclarés favorables à une suspension provisoire des paiements des intérêts de la dette des pays pauvres.

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Suspension des intérêts

Sauf surprise de dernière minute, c'est bien un moratoire d'un an qui sera accordé par les créanciers privés et bilatéraux de 76 pays les plus pauvres dont 40 d'Afrique subsaharienne, ce qui représente 20 milliards de dollars de remboursements. Les pays du G20, y compris la Chine et l'Inde, ainsi que les pays membres du Club de Paris se sont déclarés en ce sens. Ne manquent à l'appel que les créanciers multilatéraux, lesquels reçoivent 12 milliards de dollars de paiements d'intérêts.

Le ministre des Finances français, Bruno Le Maire, lors d'un point presse, a indiqué son espoir de voir ces créanciers rejoindre le mouvement. « Il reste 12 milliards de créances multilatérales dont une grande part de la Banque mondiale. Nous souhaitons qu'elle se joigne aussi à ce moratoire », a-t-il commenté, ajoutant que, « pour des raisons techniques, il y avait aujourd'hui encore un débat » au sein de l'institution multilatérale. « C'est un succès majeur », s'est-il félicité.

D'ici à la fin de l'année, ce geste sera peut-être suivi d'une annulation pure et simple de la dette. « Ce sera au cas par cas et dans un cadre multilatéral », a indiqué le ministre. Probablement lors des réunions d'automne du FMI et de la Banque mondiale, l'endettement des pays pauvres sera analysé pour savoir s'il est soutenable ou non. Tout dépendra de la reprise économique mondiale, d'un regain du commerce international et d'une remontée des cours des matières premières. S'il s'avère qu'un ou plusieurs pays ne peuvent assurer leurs paiements - principal et intérêt - une annulation de dette sera envisagée.

Nouveau geste du FMI

Pour l'heure, il s'agit d'octroyer du temps à ces Etats. Dans la nuit de lundi à mardi, le FMI a ainsi annoncé le versement d'une aide d'urgence à 25 pays parmi les plus pauvres du monde pour leur permettre d'alléger leur dette.

Cette aide pour une durée de six mois passe par l'intermédiaire du Fonds fiduciaire d'assistance et de riposte aux catastrophes (ARC). Ce fonds alimenté par certains pays dispose d'environ 500 millions de dollars de ressources dont 185 millions venant de la Grande-Bretagne et 100 millions du Japon. Le FMI souhaite d'ailleurs porter son montant à 1,4 milliard de dollars, a indiqué la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva. Cette dernière a appelé les pays donateurs à renflouer le fonds ARC pour lui permettre de prolonger ses aides pendant une période de deux ans.

En revanche, l'idée, soutenue ardemment par la France, de porter à 500 milliards de dollars les ressources du Fonds en Droits de Tirages Spéciaux (DTS) se heurte à l'opposition américaine. A la différence de la crise financière de 2008 où Washington avait accepté un accroissement de 250 milliards de dollars de DTS du FMI. Paris pourra se consoler avec l'aval des pays du G7 pour la création, proposée par le FMI, d'une nouvelle ligne de liquidité à court terme - son montant reste à définir - pour aider ses pays membres à lutter contre les effets du Covid-19.

Richard Hiault

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