POLITIQUE - “Détournement de fonds!” Rien que ça. Ce mercredi 29 avril, la gauche française est sortie de la critique du plan de déconfinement du gouvernement pour fustiger le groupe Korian, géant des Ehpad qui n’avait pas exclu officiellement de verser des dividendes.
“L’idée avait été émise mais nous attendions le Conseil administratif”, a souhaité préciser au HuffPost, le responsable de la communication du groupe privé. C’est désormais acté, mais non sans avoir subi de pression politique.
En attendant la décision du CA tombée en fin d’après-midi, le groupe avait en effet fait l’objet d’une cabale sur les réseaux sociaux de la part de plusieurs élus. “Pendant l’hécatombe c’est business as usual”, pouvait-on lire par exemple sur le compte Twitter d’Olivier Faure.
Comme le rappelait une enquête du journal L’Obs, jusqu’à ce CA, aucune mention ou prise de position officielle ne laissait penser que le groupe se dirigeait vers une suppression de ce type de versement, pour le temps de la crise.
En février 2020, avant que le pays bascule dans la crise sanitaire, le journaliste Clément Lacombe rappelle en effet que le grand groupe privé avait prévu de distribuer près de 54 millions d’euros à ses actionnaires. Entre temps, la pandémie de covid-19 a fait 23.660 victimes en France, dont 606 dans les maisons de retraite Korian, a-t-on appris de la directrice générale du groupe, Sophie Boissard, dans un entretien au Parisien. Le pays est en confinement depuis deux mois et un grand nombre d’entreprises ont fait le choix de diminuer leurs dividendes, quand elles n’ont pas décidé tout simplement de les supprimer pendant la durée de la crise.
Korian déjà dans la tourmente
Motus et bouche cousue du côté de chez Korian jusque là, quand son concurrent Orpéa, lui, a déjà annoncé avoir annulé tout versement. Alors que le géant des Ehpad était déjà dans la tourmente et devait justifier le nombre élevé de ses décès liés au coronavirus dans les rangs de ses résidents (2,6% de morts sur un total de 23.000 patients chez Korian contre 1,7% sur 27.000 patients pour Orpéa), le groupe a ensuite été vivement prié par la gauche de s’expliquer sur le maintien ou non de ses dividendes.
Que ce soit l’élue au Parlement européen de Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, Aurore Lalucq, l’eurodéputé insoumis Manuel Bompard ou encore la députée de Meurthe-Et-Moselle LFI Caroline Fiat, tous à l’image du Premier secrétaire du PS, s’étaient scandalisés des chiffres.
Après avoir enfin annoncé la suppression des dividendes pour cette période, le groupe a également communiqué sur la baisse de 25% du salaire de sa dirigeante, de celui de son président du Conseil d’administration et de celui de ses administrateurs, comme vous pouvez le lire dans le communiqué du Conseil d’administration, publié ici.
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