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Covid : les médecins attendent la liste de leurs patients non-vaccinés

Le gouvernement attend le feu vert de la CNIL pour autoriser la communication des listes de patients non-vaccinés à leur médecin traitant cette semaine. Les professionnels de santé les réclament. L'Assurance-maladie veut gagner la course contre le variant Delta.

Les médecins ont besoin de la liste de leurs patients non-vaccinés pour vacciner de façon plus efficace.
Les médecins ont besoin de la liste de leurs patients non-vaccinés pour vacciner de façon plus efficace. (BaLL LunLa/Shutterstock)

Par Solveig Godeluck

Publié le 29 juin 2021 à 06:00Mis à jour le 29 juin 2021 à 09:33

C'est promis, les médecins traitants vont obtenir la liste de leurs patients non-vaccinés . Voilà une dizaine de jours que les professionnels de santé libéraux ont appris la bonne nouvelle par le ministère de la Santé. Il leur a été annoncé que ce serait pour la fin juin. Ainsi, ils pourront les contacter pour les inciter à se faire piquer.

« On demande des listes de patients depuis longtemps : pour vacciner contre la grippe, pour dépister le cancer du sein ou du colon… A chaque fois, on nous a objecté que la Commission nationale informatique et libertés ne l'autoriserait pas. Maintenant, on va enfin obtenir gain de cause », se réjouit le président de la section généralistes du syndicat CSMF, Luc Duquesnel.

Des données sensibles

Comme si l'affaire était jouée. Pourtant, la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) n'a pas encore donné son feu vert. La matière est sensible : il s'agit de fichiers nominatifs, établis par l'Assurance-maladie en croisant la patientèle des médecins et la base des vaccinations. Même si les médecins connaissent par définition l'état de santé de leurs propres patients, ces données sont particulièrement protégées.

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Ensuite, le projet de décret devra passer en Conseil d'Etat. « On se prépare à mettre en oeuvre dès que le décret sera publié », explique-t-on au ministère de la Santé. Les listes pourraient dans un premier temps être communiquées sur demande seulement.

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Vaincre le plafond de verre

A l'Assurance-maladie, on se veut optimiste sur l'issue des discussions avec la CNIL. Donner des outils aux médecins est une nécessité pour développer la politique sanitaire de l'« aller vers », qui consiste à aller chercher les populations les plus éloignées du soin, ou les plus fragiles, afin de lutter contre les inégalités de santé. L'Assurance-maladie a notamment mis en évidence la « sous-vaccination » relative des plus de 80 ans, des obèses et autres malades chroniques, et des publics défavorisés.

Quand la moitié de la population est vaccinée, on ne peut plus se contenter d'exhorter les gens à prendre rendez-vous via Internet. « On est en train d'atteindre le plafond de verre de la vaccination , et les généralistes sont les professionnels de santé en qui les Français ont le plus confiance », plaide Luc Duquesnel. Lui-même prend des rendez-vous en ligne en centre de vaccination pour ses patients, lorsqu'ils viennent en consultation - « Comme ça, je limite le risque qu'ils n'y aillent pas », lâche-t-il.

L'urgence du variant Delta

Le gouvernement a incité les médecins à appeler leurs patients en fonction de leur âge ou de leurs comorbidités. Et ils ont bien été obligés de faire leurs propres listes pour regrouper les injections - cinq à dix par flacon, à pratiquer sans délai une fois la bouteille ouverte. Reste qu'un Français sur dix n'a pas de médecin traitant.

Emmanuel Macron a annoncé qu'avant la fin de l'été, tous les volontaires auront eu accès à la vaccination - l'objectif est de parvenir à 85 % des plus de 50 ans, et 40 millions de primo-vaccinés. L'urgence est plus grande que jamais, car le variant Delta , plus contagieux et plus agressif, sera devenu majoritaire en France d'ici là.

Que se passera-t-il si les adultes contactés par leur médecin traitant continuent à refuser l'injection ? Après la phase des incitations, des pénalités pourraient survenir - ou des obligations vaccinales, comme l'a laissé entendre le ministre de la Santé, Olivier Véran, au sujet des soignants en Ehpad .

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Rendre payant le dépistage

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a reconnu lundi sur franceinfo que la question du remboursement des tests de dépistage du Covid « se posera autour de la rentrée ». Pour l'instant, il est trop tôt, a-t-il ajouté, car certaines personnes attendent encore leur deuxième rendez-vous.

L'Académie de médecine a recommandé il y a quelques jours de « suspendre le remboursement des tests » « pratiqués pour convenances personnelles », « afin d'élever rapidement le niveau national de couverture vaccinale au cours de l'été ». La gratuité totale des tests est très rare en Europe : elle a cours en France, au Danemark, en Norvège, en Bavière et au Monténégro.

Solveig Godeluck

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