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Covid : les médecins, pharmaciens et infirmiers incités à tester les patients

L'Assurance-maladie et les syndicats professionnels négocient une rémunération spécifique pour que les libéraux puissent effectuer des tests antigéniques en ville, et nourrir la base de données nationale. De quoi amplifier très fortement les capacités.

Les tests antigéniques peuvent être lus sans un équipement de laboratoire d'analyses biologiques.
Les tests antigéniques peuvent être lus sans un équipement de laboratoire d'analyses biologiques. (Eric Gaillard/REUTERS)

Par Solveig Godeluck

Publié le 19 oct. 2020 à 18:20

Vite, des renforts ! Les médecins, infirmiers, pharmaciens libéraux sont sollicités par l'Assurance-maladie et le gouvernement afin de participer à l'effort national de dépistage du coronavirus. Ils négocient depuis une dizaine de jours sur les modalités de mise en oeuvre de ce nouveau circuit.

Et sur les incitations financières. « Nous avons une réunion prévue la semaine prochaine au sujet de l'alimentation du système d'information du dépistage Sidep par les officines. Je pense que le démarrage aura lieu à la mi-novembre », estime Philippe Besset, le président du syndicat de pharmaciens FSPF.

L'Assurance-maladie est contrainte d'ouvrir son chéquier, car avec environ 30.000 contaminations par jour, il devient extrêmement difficile de remonter les chaînes de transmission du virus. Après avoir battu le rappel des laboratoires d'analyses biologiques, l'exécutif veut donc lancer en ville une deuxième filière . Il s'agira uniquement de « dépistage », et non d'un diagnostic en règle que seuls peuvent assurer les tests RT-PCR. Cela passe par des tests antigéniques, moins fiables, mais qui peuvent être analysés sans passer dans une machine, en 15 à 30 minutes.

Des tests même sans symptômes

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Deux arrêtés publiés samedi autorisent les médecins, pharmaciens et infirmiers à effectuer ce dépistage, avec un remboursement de la Sécurité sociale. Alors que la Haute Autorité de Santé préconisait de réserver les tests antigéniques aux patients avec des symptômes, tout le monde y aura droit.

Se projetant dans une épidémie qui va durer « au moins jusqu'à l'été 2021 », Emmanuel Macron a promis mercredi dernier, à la télévision, que les Français pourraient se faire tester « dès qu'il y a un doute », grâce aux tests antigéniques et, par la suite, aux autotests.

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EDITORIAL

Libérez les tests !

Le recours est toutefois encadré. Les asymptomatiques qui sont « cas contact » de l'Assurance-maladie ou inclus dans les investigations pour « cluster » d'une Agence régionale de santé seront testés par RT-PCR uniquement. Quant aux personnes avec des symptômes, elles n'accéderont au test antigénique qu'à trois conditions : impossibilité d'obtenir un RT-PCR sous 48 heures ; ne pas dépasser quatre jours après les premiers symptômes ; ne pas être un public à risques (plus de 65 ans, malade chronique).

33 euros bruts pour un test à domicile

Pour inciter les libéraux à dépister, selon nos informations, l'Assurance-maladie a proposé 30 euros par test aux pharmaciens et aux infirmiers, et 42 euros aux médecins, montants incluant l'achat du kit de test à 8 euros. Des sommes inférieures à leurs attentes, puisqu'ils réclamaient à l'origine 50 euros (40 euros pour les infirmiers), plus la fourniture du test, de masques, de blouses et de charlottes.

« La proposition tarifaire est insuffisante, car avec ça, il faut qu'on achète le test, les protections, qu'on remplisse la fiche de renseignement du patient et qu'on renseigne le fichier Sidep », critique Catherine Kirnidis, présidente du syndicat d'infirmiers SNIIL - une profession qui compte 120.000 libéraux. Pour les visites à domicile, les professionnels toucheraient 3,15 euros supplémentaires. « 33 euros bruts pour attendre 20 minutes chez le patient le résultat du test ? Ce n'est pas rentable si je ne peux faire que deux rendez-vous par heure », ajoute-t-elle.

Délaisser la seringue pour l'écouvillon

Les médecins, eux, toucheraient une majoration de 17 euros sur le tarif de base de la consultation à 25 euros. Mais ils comptent y ajouter une deuxième consultation, ordinaire, pour communiquer les résultats au patient. « Nous avons interrogé les généralistes. La moitié nous répondent qu'ils sont prêts à se lancer », explique Jacques Battistoni, du syndicat MG France. Il y a 50.000 généralistes en France.

Philippe Besset fait le parallèle entre cette nouvelle mission et l'élan qui a poussé 17.000 officines sur 22.000 à se lancer dans la vaccination contre la grippe cette année - une mission récente. « Le prélèvement nasopharyngé est un geste difficile, mais si nous avons 10.000 pharmaciens volontaires, on pourrait monter à 1 million de tests supplémentaires par semaine », souligne-t-il.

De plus, la ruée sur les vaccins contre la grippe, avec 1,6 à 1,8 million de doses vendues le jour de l'ouverture de la campagne vaccinale, va selon lui libérer du temps de soin. Dans quelques jours, prévoit-il, le stock aura été écoulé et les pharmaciens pourront délaisser la seringue pour l'écouvillon.

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Solveig Godeluck

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