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Jeunes diplomés : 7 raisons de débuter sa carrière en PME

Dans les locaux de la start-up Noosfeer.
Débuter dans une PME peut avoir beaucoup d'avantages. Ici, dans les locaux de la start-up Noosfeer. © Startup Begins
Par Étienne Gless, publié le 29 août 2015
1 min

Travailler dans une structure à taille humaine, profiter d’une ambiance familiale, jouer rapidement un rôle important… Méconnues, les PME (petites et moyennes entreprises) offrent bien des atouts aux jeunes diplômés. Voici sept raisons de les mettre en tête de liste de votre recherche d’emploi.

"Je voulais faire du conseil mais sans aller dans l'un des grands cabinets traditionnels", explique Noélie, 25 ans. En 2014, cette diplômée de l’École centrale de Nantes a délaissé les poids lourds EY, PwC ou Cap Gemini pour débuter sa carrière de consultante chez Vinci Consulting, un cabinet indépendant qui emploie 70 personnes. "Durant mon année de césure, j’avais effectué des stages dans de grandes entreprises. J’avais très peu de responsabilités et de visibilité sur leur stratégie, avoue Noélie. Ce que j’apprécie dans une PME, c’est l’aspect familial des relations et les responsabilités importantes que l’on m’a confiées assez tôt".

Le choix de Noélie est encore assez atypique. "La majorité des étudiants en recherche de stage ou des diplômés en quête d’un premier emploi s’orientent plutôt vers les grands groupes. Les petites entreprises, inconnues ou mal connues, ont du mal à recruter. Pourtant, elles proposent des missions souvent plus intéressantes", observe Adrien Ducluzeau, fondateur de La Relève. Après son master 2 en entrepreneuriat obtenu à l’EDHEC, le jeune chasseur de têtes a créé ce cabinet de recrutement et un site d’annonces spécialisé sur les jeunes et les PME. 

Pour vous convaincre de programmer votre "GPS emploi" sur les PME, voici sept bonnes raisons que nous avons identifiées.

#1. Pour profiter du deuxième gisement d’emplois en France

"Nous avons encore du mal à convaincre les jeunes diplômés de venir bosser dans une PME en croissance comme la nôtre", déplore Arnaud Marcilly, directeur associé de Thinkmarket, un cabinet de conseil de 30 personnes. Pourtant, les PME constituent un grand gisement d’emplois en France. Certes, les 243 très grandes entreprises (5.000 salariés et plus) emploient 30 % des salariés (soit 4,5 millions de personnes). Mais les candidats à un premier job ne doivent pas négliger les 138.000 PME (de 10 à 249 salariés) qui emploient 28 % des salariés, ni les 5.000 entreprises de taille intermédiaire (entre 250 et 4.999 salariés) qui en emploient 22 %. Ou même ces 3 millions de très petites (moins de 10 salariés) qui donnent du travail à 3 millions de personnes (20 % des salariés).

#2. Pour bénéficier de l’effet "accélérateur de carrière" des start-up de la French Tech

Les PME sont très diverses, depuis l’affaire familiale bicentenaire jusqu’à la start-up technologique à forte croissance créée il y a moins de 5 ans. Les jeunes entreprises innovantes sont petites mais dynamiques. Et le gouvernement entend les aider à grandir... Au ministère de l’Économie, la mission French Tech coordonne les initiatives en faveur de la croissance des start-up. Début 2015, l’État a mis en place une enveloppe de 200 millions d’euros à cet effet.

En rejoignant ce type de structure, vous grandirez avec elle. Mieux vous vous enrichirez peut-être, pour peu que la start-up compense votre salaire moins élevé qu'en grande entreprise par une part de son capital. "L’avantage d’aller bosser en start-up ? Si l’affaire décolle, vous pouvez toucher le pactole !", résume Philippe Deljurie, le président fondateur du site Meteojob. Et si elle ne prend pas son envol ? "Il faudra aller se vendre ailleurs !".

#3. Pour jouer un premier rôle dès le début de votre carrière

Les PME traditionnelles ont, elles aussi, de beaux atouts à faire valoir : chaîne de commandement raccourcie, procédures moins formalisées, hiérarchie moins pesante… Parfois, vous traiterez même directement avec le patron. "Le gros avantage d’intégrer une PME en début de carrière est de pouvoir y jouer un rôle important. Vous pouvez faire bouger les choses et observer directement l’impact de votre travail", assure Quentin Ballu, du cabinet Gallileo Business Consulting qui réalise une enquête sur les souhaits de carrière des futurs diplômés de 13 grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. Dans le top 100 de leurs entreprises préférées, on constate que les grands groupes ont (un peu) moins la cote aux yeux de la "crème de la crème". Thalès, Engie (ex GDF-Suez) ou Areva chutent chez les ingénieurs au profit d’entreprises de taille plus modeste. De même, Nestlé Unilever et L’Oréal plaisent moins aux futurs diplômés de HEC, l’ESSEC, l’ESCP Europe ou l’EM Lyon. "Quand vous intégrez la fonction marketing de L’Oréal, vous vous retrouvez dans une équipe de 15 personnes travaillant sur un seul produit, analyse ainsi Quentin Ballu. Si vous allez travailler chez Labeyrie fine food, une PME spécialisée dans le foie gras et le saumon commercialisés en grandes surfaces, vous pouvez très vite devenir responsable de l’ensemble du marketing, depuis la définition de la stratégie jusqu’au placement des produits en magasin".

#4. Pour satisfaire une soif de concret et d'autonomie

Les PME sont perçues comme offrant des postes à responsabilités plus rapidement et la possibilité de toucher tout de suite à plusieurs métiers. Si vous aspirez à être au cœur du business, la PME est faite pour vous. "J’ai effectué des stages en grande entreprise où je n’ai pas vu le résultat de mon travail même au bout d’un an ! Frustrant", se souvient Noélie.  

"Une grande entreprise reste assez proche de l’école avec son parcours d’intégration, ses formations internes, ses échelons hiérarchiques...", compare Quentin Ballu. "Un jeune diplômé chez nous peut participer à la définition du périmètre de son poste", observe Arnaud Marcilly, le directeur de la PME de croissance Thinkmarket. La preuve ? "Récemment, nous avons embauché un consultant junior. Il nous a fait remarquer que l’organisation de notre système d’information n’était pas optimale. Il est revenu 15 jours plus tard avec un plan d’action. Nous l’avons examiné. Nous en avons fait une priorité, nous l’avons budgété et nous avons laissé le consultant libre de déployer son plan". La jeune recrue s’est même vue accorder une équipe, ce qui l’a placé de facto en position de manager.

Un bémol toutefois : "Tout le monde n’a pas le profil pour travailler en PME, avertit Quentin Ballu. Si vous êtes plutôt discipliné et scolaire, si la vertu des procédures a du sens pour vous, travailler en PME peut ne pas vous satisfaire. Cela requiert beaucoup d’autonomie, d’organisation et de rigueur. Le cadre de travail est souvent très léger, voire n’existe pas ! Ce sera à vous de le créer". 

#5. Pour travailler dans une ambiance familiale

"La génération de jeunes diplômés aspire à un équilibre vie professionnelle-vie personnelle. Ils ne vivent plus uniquement pour leur carrière, constate Arnaud Marcilly. En PME, où les relations sont moins formelles, ils peuvent retrouver un esprit de famille dans le travail. La frontière vie perso-vie pro s’estompe".

Revers de la médaille : le risque que le courant ne passe pas existe. L’affectif peut très vite déborder dans une petite structure, et les relations se dégrader. Attention donc au profil des personnes avec lesquelles vous allez travailler. Qui dit PME dit petite équipe.

#6. Pour évoluer rapidement

En PME, les rémunérations sont rarement à la hauteur de ce que peuvent proposer les grands groupes. Une réalité à nuancer. Primo : en grande entreprise, la progression de salaire est très encadrée, au rythme de 1 à 3 % par an. En PME, les hausses de salaire peuvent être beaucoup plus rapides si vous donnez satisfaction. Deuxio, travailler dans une structure à taille humaine n’est pas synonyme de sacrifice financier systématique. "Je me situe dans la moyenne haute des rémunérations des cabinets de conseil en début de carrière, remarque Noélie. Je touche entre 40.000 et 43.000 € bruts annuels, quand la moyenne des jeunes diplômés à la sortie de mon école est de 38.500 €".  

Les PME offrent également des perspectives de carrière. Quand l’entreprise grandit, un cadre en poste peut vite monter en compétences et en responsabilités. "Il n’y a pas 36 échelons à gravir dans la PME, rappelle Quentin Ballu chez Gallileo Business Consulting. "Souvent, vous n’avez qu’une ou deux personnes au-dessus de vous. Vous pouvez devenir rapidement le bras droit du chef d’entreprise". À condition de vouloir faire sa carrière en PME.

#7. Pour bénéficier d'un tremplin et évoluer ailleurs ensuite

"Après une première expérience professionnelle dans une PME, il sera plus difficile de ‘vendre’ cette PME sur un CV", prévient Philippe Deljurie, du site Meteojob. En effet, vous n’aurez pas une référence prestigieuse, une "marque employeur" de renom, connue de tous, à afficher. Pour valoriser cette première expérience, il faudra davantage mettre en avant les compétences acquises, notamment la polyvalence à travers les projets menés à bien. Un bon tremplin...

Entrer dans une PME pour une première expérience professionnelle impose de bien vous interroger sur la carrière que vous voulez mener. Par exemple, si vous souhaitez assez vite obtenir un poste à l’étranger, peut-être vaut-il mieux commencer sa carrière dans un grand groupe. Le conformisme a encore parfois la dent dure.

Arnaud Marcilly, directeur associé du cabinet de conseil ThinkmarketTrois questions à un recruteur de PME
En 2010, Arnaud Marcilly a créé Thinkmarket, un cabinet de conseil en management spécialisé dans l'innovation, les technologies et le digital, qu'il dirige avec un associé. Il recrute une bonne part de ses effectifs parmi des jeunes diplômés de grandes écoles d'ingénieurs et de management.

En tant que PME, comment parvenez-vous à séduire les jeunes diplômés de grandes écoles ?

"Nous privilégions la cooptation comme canal de recrutement. Nous faisons de nos consultants des ambassadeurs de notre marque employeur pour nous présenter aux candidats. Lors de notre processus de recrutement, nous donnons le sentiment qu'ils vont participer à la construction de l'entreprise. Nous mettons en avant que nous leur confierons des responsabilités et de l'autonomie. Ce sont des arguments hyperclassiques utilisés par les PME, mais ils sont néanmoins une réalité."

Comment levez-vous l'obstacle du salaire à l'embauche ?

"Impossible de s'aligner sur les rémunérations proposées en début de carrière par nos gros concurrents plus installés. Beaucoup de candidats nous échappent quand ils constatent le différentiel de salaires, de 10 à 15 % inférieurs. En revanche, nous offrons des "incentives" (primes de stimulation) et des progressions plus rapides. Chez nous, un consultant junior connaît 10 à 12 % de hausse de salaire en moyenne tous les ans sur les trois premières années : 7-8 % pour les moins performants, 15 % pour les plus performants. Chacun a une part variable sur objectif qualitatif avec plusieurs évaluations par an."

Comment fidélisez-vous ces jeunes diplômés qui cultivent souvent l'immédiateté ?

"Aujourd'hui, un jeune diplômé change d'entreprise tous les deux ou trois ans. Quand on a eu du mal à les convaincre de venir bosser en PME, il faut absolument les fidéliser ! Pour limiter le turnover, nous soignons les conditions de travail : locaux agréables, prise en charge d'une partie des frais de crèche de nos collaborateurs, mise en place d'un plan santé pour arrêter de fumer, primes de cooptation..."

© Photo fournie par le témoin

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