L’Unédic prévoit 900000 suppressions d’emplois d’ici à la fin 2020

Les prévisions de l’Unédic sont catastrophiques. L’organisme d’assurance chômage prévoit d’indemniser 630000 chômeurs de plus, alors que ses caisses connaissent un déficit abyssal lié à la crise du Covid-19.

 Selon la CGT, la France comptera jusqu’à 1 million de chômeurs de plus qu’il y a un an, et ils ne seront pas tous indemnisés.
Selon la CGT, la France comptera jusqu’à 1 million de chômeurs de plus qu’il y a un an, et ils ne seront pas tous indemnisés. LP/Julien Barbare

    Les chiffres sont affolants. Dans ses nouvelles prévisions financières rendues le 18 juin, l'Unédic, la caisse qui gère l'argent des chômeurs prévoit que la France va détruire 900 000 emplois (équivalents temps plein) fin 2020 et comptera 630 000 chômeurs indemnisés de plus qu'un an auparavant. Mais, selon la CGT, dans les faits cela représentera au total « un million de chômeurs » supplémentaires, qui ne seront pas tous indemnisés. De quoi « nous mobiliser pour l'emploi », juge le syndicat de Philippe Martinez.

    Ces prévisions records illustrent l'impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur l'économie. Malgré les aides versées « quoi qu'il en coûte », selon le mantra du gouvernement pour soutenir les entreprises et éviter les licenciements, un certain nombre d'entre elles envisagent de tailler drastiquement dans l'emploi. Sur un an, le taux de chômage passerait de 8,1 % (fin 2019) à 11 %, selon la caisse d'assurance chômage. Une estimation a minima, indique-t-elle, qui ne tient pas compte des non-salariés. Ni des centaines de milliers de jeunes, attendus à la rentrée sur le marché du travail.

    L'Unédic enregistrera une dette cumulée de plus de 63 milliards d'euros fin 2020. La facture du Covid-19 sera de 25,7 milliards d'euros, due pour près de la moitié au financement du chômage partiel, pour un tiers à l'indemnisation des nouveaux chômeurs, et pour près de 20 % (5 milliards d'euros) au manque à gagner du report de cotisations chômage accordé aux entreprises.

    Syndicats et patronat veulent l'ouverture de nouvelles négociations

    « Il y a urgence à interpeller le gouvernement sur le financement de l'Unédic, notamment sur la partie activité partielle décidée par l'exécutif, et qui plombe les comptes », martèle Michel Beaugas de FO. « Pour savoir comment on finance, et pas seulement par des emprunts », insiste Denis Gravouil (CGT). « Aujourd'hui, l'Unédic est devenu le banquier de l'Etat », résume Jean-François Foucard, de la CFE-CGC. Syndicats et patronat espèrent obtenir du gouvernement l'ouverture d'une nouvelle négociation tenant compte des conséquences de la crise.

    Quelles sont les priorités du régime ? Qui doit payer le chômage partiel qui n'est pas financé par des cotisations ? L'Unédic doit-elle continuer d'être ponctionnée par l'Etat pour financer Pôle emploi ? Les règles entrées en vigueur en novembre 2019 sont-elles adaptées, sachant qu'elles pénalisent particulièrement les précaires ? « Le gouvernement a pensé et décidé sa réforme 2019 en tablant sur le beau temps de l'emploi ! Aujourd'hui, on est par gros temps ! » rappelle Jean-François Foucard, secrétaire national de la CFE-CGC.

    La réforme de l'assurance chômage en question

    Depuis plusieurs semaines, l'exécutif souffle le chaud et le froid sur un possible abandon d'une partie de sa réforme. Le 15 juin, Yves Veyrier, dirigeant de FO, et Cyril Chabanier, de la CFTC, ont vendu la mèche indiquant que le gouvernement avait laissé entendre être prêt à revenir sur les conditions d'indemnisation. Cette mesure, appliquée depuis le 1er novembre, a durci les conditions d'accès au chômage. Il faut désormais avoir travaillé pendant six mois sur une période de 24 mois (et non plus quatre mois sur 28 mois) pour y avoir droit. 710 000 personnes en feront les frais la première année de son application, selon une étude de l'Unédic, notamment les plus jeunes.

    Insuffisant pour la plupart des syndicats qui réclament l'abandon du second étage de la réforme censée s'appliquer le 1er avril et reportée au 1er septembre. Il s'agit de la nouvelle formule de calcul du salaire journalier de référence (SJR). Les conséquences de ce changement seront particulièrement pénalisantes pour les précaires : selon l'Unédic, cela fera chuter le montant de l'indemnisation de 22 % pour 850 000 nouveaux chômeurs, et de 50 % pour les 350 000 permittents qui alternent périodes chômées et périodes travaillées.

    Les appels à abandonner les deux volets de la réforme débordent les rangs syndicaux. La gauche, le RN, mais aussi le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, estime qu'« il ne faut pas l'appliquer ».