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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Quel impact la crise sanitaire du Covid-19 a-t-elle eu sur les revenus des médecins français? Comment ont évolué leurs horaires de travail, le volume de leur patientèle et leur pouvoir d’achat en 2020? Près de 1000 praticiens membres de Medscape et Univadis ont répondu à notre sondage durant l’hiver 2020-2021. Voir les résultats de l’enquête, en images.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Plus d’un tiers (35%) des médecins interrogés ont rapporté une diminution de leur rémunération en 2020 comparativement à l’année précédente. Pour 7% des répondants, il s’agit d’une perte dépassant le quart de leurs revenus.

Les médecins libéraux étaient plus nombreux que les hospitaliers à déclarer avoir perçu moins d’honoraires (61% vs 18% respectivement). L’impact était également plus marqué chez les médecins âgés de 45 ans et plus : 39% d’entre eux ont subi une perte de rémunération, contre 18% des plus jeunes.

Ce sont en moyenne 2,3 mois sans aucune rémunération qui sont rapportés par 19% des médecins ayant subi une baisse de revenus.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

La très grande majorité des médecins (87%) attribue la diminution de ses revenus à la pandémie de Covid-19. Perte d’emploi, réductions des horaires de travail, diminution du volume de patients… La crise sanitaire a eu un impact financier majeur pour les praticiens.

Une généraliste explique le contexte particulier de l’année 2020 : « Les patients se sont moins rendus au cabinet médical pendant le premier confinement ; il n’y avait quasiment pas de pathologies infantiles ; les consultations étaient beaucoup plus longues, et pour tenter de garder le même revenu, il fallait passer beaucoup plus de temps au cabinet… » Le temps consacré à la désinfection des locaux et du matériel a également contribué à réduire le nombre de consultations. « Beaucoup de conseils, non facturables, donnés par téléphone », ont aussi impacté les revenus. Plusieurs médecins indiquent également avoir été en arrêt maladie et n’avoir pu exercer.

Concernant les facteurs non liés au Covid, sont mentionnés l’augmentation des charges professionnelles, le déremboursement de certains actes techniques et médicaments : « moins de passage des patients par la case médecin, ils vont directement en pharmacie ! »

Quant aux médecins qui ont vu leurs revenus augmenter en 2020, la raison la plus fréquemment invoquée était l’augmentation du nombre de gardes et d’astreintes.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

En 2020, le revenu* annuel moyen des médecins français interrogés dans ce sondage était de 80 000€. Lorsque nous avions mené notre enquête sur la rémunération des médecins en 2018, ce montant s’élevait alors à 97 000€. Cependant, il est difficile de comparer ces données compte tenu des variations démographiques des échantillons et de la pandémie du Covid-19. Ainsi, la mise en arrêt de certaines spécialités durant la crise sanitaire pourrait-elle expliquer la différence des revenus observée en 2020 entre médecins spécialistes et généralistes? Ces derniers ont en effet rapporté ici des revenus 26% supérieurs à ceux de leurs confrères.

Les 3 quarts des médecins interrogés estiment être insuffisamment rémunérés. Un ressenti qui persiste depuis plusieurs années. Ni les primes allouées durant la crise sanitaire, ni les 6 milliards d’euros promis par le Ségur de la santé, n’ont permis de tempérer le sentiment de frustration des praticiens : en plus du « peu de reconnaissance professionnelle, les salaires sont nettement insuffisants par rapport aux responsabilités. La permanence des soins est sous-payée », confirme un urgentiste.

*Revenu pour une pratique à temps plein (n’inclut pas les activités médicales non associées aux soins délivrés aux patients comme les allocutions ou des activités de consultant pour l’industrie). Pour les médecins salariés, il inclut le salaire net, les primes et les cotisations à un régime de participation aux bénéfices. Pour les médecins libéraux/associés, il inclut les revenus après impôts et les dépenses professionnelles déductibles, mais avant impôt.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

La baisse du pouvoir d’achat rapportée en 2020 a particulièrement affecté les médecins libéraux (60%, vs 41% des hospitaliers), les hommes (51%, vs 40% des femmes) et les généralistes (57%, vs 45% autres spécialistes). Les médecins appartenant à la génération des baby-boomers* ont également été beaucoup plus impactés (57%) que les milléniaux (27%).

**Milléniaux ou génération Y : 25-39 ans ; Génération X : 40-54 ans ; Baby-boomers : 55-73 ans

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Près d’1 médecin sur 5 a réduit ses horaires de travail en 2020. Cela concernait principalement les généralistes (26%, vs 17% des autres spécialistes) et les baby-boomers (23%, vs 10% des milléniaux).

Dans leurs équipes, 13% des libéraux (contre 0% des hospitaliers) ont dû s’adapter en instaurant un temps partiel pour les membres du personnel travaillant habituellement à plein temps.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Près de 2 médecins sur 5 estiment que dans 1 an leur rémunération sera de nouveau équivalente à celle de 2019. La même proportion de répondants envisage plutôt un délai de 2 à 3 ans. Mais pour 1 médecin sur 6, la pandémie aura un impact définitif sur le pouvoir d’achat des soignants : ils prédisent ne jamais pouvoir retourner financièrement au niveau de 2019.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

En 2020, les médecins ont exercé en moyenne plus de 52 heures par semaine avant la pandémie de Covid-19, et 53 heures durant. L’écart est plus marqué pour les hospitaliers : ils rapportent plus de 55 heures hebdomadaires de consultations durant la crise sanitaire, contre 49 heures chez les libéraux. Les hommes ont travaillé environ 5 heures de plus que les femmes. Bien avant le Covid, ce dépassement des horaires de travail était déjà reconnu comme un facteur contribuant à la survenue d'un burnout chez les soignants.

Additionnellement, ce sont en moyenne plus de 12 heures de travail hebdomadaires non liées à la visite des patients ― tâches administratives ou de gestion, participation à des organisations professionnelles, revue de la littérature, recherche, enseignement, etc. ―  que les médecins ont dû effectuer en 2020.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

En 2020, plus de 3 médecins sur 5 ont constaté une réduction persistante du volume des patients. Durant la pandémie, ils ont vu en moyenne 5 patients de moins qu’à l’habitude, par semaine. Cette diminution de la patientèle était particulièrement marquée chez les médecins libéraux, qui ont reçu 10 patients en moins chaque semaine.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

47% des médecins ont déclaré avoir pratiqué la téléconsultation en 2020. Ils étaient ainsi 3 fois plus nombreux qu’en 2018. En raison des restrictions sanitaires, un « boom » de la téléconsultation a été observé dès le mois de mars 2020.

Depuis le début de la pandémie, les activités de téléconsultation ont augmenté de plus de 75% chez plus d’un quart des médecins interrogés, et notamment un tiers des médecins libéraux.

La majorité des praticiens (61%) ayant eu recours à ces visites virtuelles se sont dits satisfaits de leur expérience.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Un tiers des médecins ont utilisé des plateformes de rendez-vous en 2020. C’est 8% de plus qu’il y a 3 ans. Sans surprise, les plus enclins à faire appel à ce type de services sont les médecins libéraux (48%, vs 22% hospitaliers) et les généralistes (42%, vs 31% des spécialistes).

Dans la grande majorité des cas, l’utilisation de ces plateformes n’a pas permis d’augmenter les revenus comparativement à un secrétariat « classique », même si un quart des médecins libéraux déclare avoir pu en tirer un bénéfice financier.

Il reste que près de la moitié (47%) des médecins qui ne pratiquent pas la téléconsultation, n’envisagent pas de le faire dans le futur : les principales limites évoquées étant les particularités liées à leur spécialité (pédiatrie, réanimation, chirurgie, obstétrique etc.) qui requiert un contact direct avec le patient, mais aussi, pour certains, la moindre rémunération liée à l’acte télémédical.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Cette année encore, les médecins témoignent du poids que représentent les réglementations et les tâches administratives dans leur pratique quotidienne. C’est ce qui rend leur métier le plus difficile. C’est particulièrement vrai pour les hommes (45%, vs 33% des femmes), les généralistes (49%, vs 38% des spécialistes) et les médecins plus âgés (44%, vs 27% des moins de 45 ans).

La relation avec certains patients est également une des composantes les plus complexes de la profession.

Parmi les autres aspects rendant leur métier difficile, les médecins citent « une dévalorisation sociale de longue date », le manque de collaboration inter-hospitalière, le harcèlement par la hiérarchie, la pénurie de lits et de paramédicaux, la marchandisation du métier, et surtout la dégradation des conditions de travail, en particulier à l’hôpital.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

La gratitude des patients et les relations positives qu’ils entretiennent avec eux constituent l’aspect le plus gratifiant de la profession de médecin.

Se sentir compétent et établir les bons diagnostics sont également des éléments très valorisants.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Si c’était à refaire? Près de 3 répondants sur 10 déclarent qu’ils ne choisiraient pas le métier de médecin. Mais la grande majorité se dirigerait à nouveau vers la même carrière, et parmi eux, plus de 70% choisiraient la même spécialité. C’est sur le lieu de pratique que les regrets semblent les plus marqués : seulement un quart des médecins déclarent qu’ils exerceraient au même endroit.

30% les médecins pourraient considérer, un jour peut-être, quitter la France pour exercer dans un autre pays. Un projet qui est sérieusement envisagé par plus d’1 médecin sur 7.   

Chez les hospitaliers, ce sont près de 18% d’entre eux qui envisagent clairement de quitter l’hôpital pour travailler en cabinet ou dans un autre secteur privé.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Dégradation des conditions de travail, burnout, revenus insuffisants, crise sanitaire sans précédent : malgré tout, 71% des répondants choisiraient de nouveau d’exercer la médecine. Ils expliquent pourquoi :  

Une pédiatre : « J'ai encore la passion de mon métier malgré les aléas, l'épuisement physique, les difficultés liées à une administration peu compréhensive et la peur du judiciaire. Le dynamisme, le contact avec les patients, l'intérêt de travailler avec d'autres professions, le renouvellement permanent des connaissances, la diversité des tâches me tiennent debout, tous les jours. »

« C’est un métier qui reste noble, malgré les contraintes », selon un néphrologue. Idem pour ce généraliste pour qui, en dépit « de la crise, des heures passées et de la mauvaise rémunération voulue par les autorités, cela reste une belle aventure humaine. »

« C’est un métier qu’il faut choisir par passion, conseille une hospitalière, car cela demande beaucoup de sacrifices personnels ». « C'est le plus beau métier du monde, mais qui doit être fait par vocation, » confirme un généraliste. C’est aussi le cas de ce psychiatre : « J'ai fait ce métier par vocation et je suis satisfait de mon travail […] C’est un sacerdoce : je m'y tiens, mais je comprends les déviations dont je suis témoin. À 69 ans, comme avant, le coût de mon travail représente 55 h/sem. Il y a urgence, pour la qualité du soin, à revoir le système. »  

Optimiste, ce chirurgien estime que « c'est un travail passionnant ; le Covid n'est qu'un accident de parcours qui à moyen terme devrait renforcer la confiance des patients en leur médecine. »

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

979 médecins exerçant à temps plein en France et membres des sites Medscape et Univadis ont participé à ce sondage* en ligne, entre le 11 novembre 2020 et le 15 mars 2021. La majorité étaient des hommes (68%, vs 32% de femmes). La moitié exerçait en hôpital et 57% étaient salariés. Ils étaient âgés en moyenne de 53 ans.

22% des praticiens interrogés exerçaient en Ile-de- France. 4% des répondants ont effectué leurs études de médecine dans un autre pays européen, 8% hors de l’UE.

*Marge d'erreur à +/- 3,13%, IC de 95%. Données non pondérées, recueillies à partir d'un échantillon aléatoire de membres de Medscape et d’Univadis, qui ne sont pas nécessairement projetables sur une population plus large.

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Enquête sur la rémunération des médecins : l’impact COVID

Véronique Duquéroy | 4 mai 2021 | Auteurs

Dans notre échantillon, 23% des répondants étaient médecins généralistes*. Les autres spécialités les plus représentées étaient la médecine d'urgence (9%), la psychiatrie (8%) et l'anesthésiologie (8%).

*Dans ce diaporama, « spécialistes » renvoie à « médecins de toute spécialité sauf médecine générale », pour comparer spécifiquement ce groupe aux médecins généralistes.

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