La course à l'exportation des vins du Nouveau Monde
¤ La production mondiale a crû de 2,2 % en 2015, malgré une demande stable. ¤ Les pays de l'hémisphère Sud et les Etats-Unis augmentent leurs expéditions.
Le commerce mondial du vin prospère, même si la consommation ne progresse plus depuis la crise de 2008. Les échanges ont ainsi fait un bond de 10,6 %, à 28,3 milliards d'euros en 2015, grâce à l'envolée des prix et au succès grandissant des effervescents (champagne, Cava, Prosecco...), selon l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV). Partout dans le monde, on boit des vins de meilleure qualité.
Globalement, la planète a produit plus de vin en 2015 (+2,2 %), à 275 millions d'hectolitres, pour une consommation mondiale stable, à environ 240 millions d'hectolitres. En dehors de l'Italie et de la France les hausses de production proviennent surtout du Nouveau Monde : Etats-Unis et Chili. Ce dernier est un cas d'école. Il fait du vin une priorité économique, selon Jean-Marie Aurand. « Le pays a énormément investi depuis cinq ans. Il a beaucoup planté, produit et exporte de plus en plus. » Spécialiste des accords bilatéraux, le Chili a obtenu l'effacement des taxes à l'entrée de marchés comme Hong Kong. Il s'avère un redoutable concurrent sur le milieu de gamme, y compris sur le marché américain.
La Chine, deuxième plus grand vignoble
Les Etats-Unis ont aussi beaucoup augmenté leurs exportations, (+25,6 %) en valeur, mais sans devenir un exportateur majeur. « Les Etats-Unis consomment l'essentiel de ce qu'ils produisent et sont le premier importateur mondial en valeur », souligne Jean-Marie Aurand. Même tendance en matière d'exportations pour la Nouvelle-Zélande (+14 % en valeur) et l'Australie (+15,6 %)
En comparaison, la France et l'Italie ont vu leurs exportations augmenter en valeur, mais reculer en volume, même si l'Hexagone est toujours le premier exportateur de vin en valeur avec des expéditions de 8,2 milliards d'euros et une part de marché de 29 %. En termes de production, l'Italie a plus que largement conforté sa position de leader mondial en 2015. Sa dernière récolte a fait un bond de 12 %, à 49,5 millions d'hectolitres, ce qui la maintient devant la France, leader historique en valeur.
La Chine, elle, revendique déjà depuis un an le deuxième plus grand vignoble, derrière l'Espagne, mais devant la France et l'Italie. L'empire du Milieu a été « la locomotive du développement du vignoble mondial » l'an passé, selon Jean-Marie Aurand, directeur général de l'OIV. Mais le chiffre est à prendre avec précaution. Si les hectares de vigne sont un indicateur du potentiel de production, ils ne permettent pas de distinguer raisin de table et raisin destinés au vin.
Après un brusque arrêt des commandes en 2013 et 2014, les achats de vins ont repris en Chine. La consommation croît, mais moins vite que sur la période 2010-2012. Premier marché mondial, les Etats-Unis conservent un potentiel de développement important avec une consommation par tête 5 fois inférieure à celle des Français (9 litres par an, contre 45 litres en France).
Le bio a du succès
Dernier fait notable, le succès du vin bio. Il représente désormais entre 8 et 10 % de la production mondiale, selon l'OIV. « De plus en plus de consommateurs se préoccupent de l'environnement. La consommation de bio augmente régulièrement », a commenté le directeur général de l'OIV. L'élaboration d'une norme bio mondiale n'est pas pour autant d'actualité à l'OIV. « On voit de plus en plus en plus de mentions vins naturels, sans que l'on sache ce que cela recouvre », souligne Jean-Marie Aurand. « Mais la tendance est au développement d'une production durable. »
Marie-Josée Cougard